Depuis quelques temps j'avais abandonné mon blog pour participer aux débats sur FB.. Mon intention, en m'inscrivant à FB était d'avoir une appréhension des idées et préoccupations agitant la société haïtienne à travers la parole des uns et des autres : partisans de Tèt Kale, partisans de Lavalas, nostalgiques des Duvalier, ceux qui rejètent ces trois tendances.
Une autre raison ayant motivé cette inscription sur lFB, était de provoquer dans mes interventions, la compréhension du pillage des Fonds Petro-Caribe et de l'importance pour ceux qui en ont eu la gestion de rendre des comptes à la nation.
Sur le blog, nous avons constamment alerté le public, notamment à travers les publications de l'économiste Leslie Péan. Mais, l 'audience limitée du blog ne permettait pas de toucher grand monde. Comme ce combat me semblait primordial, j'ai donc, après beaucoup d'hésitations, pris la décision de m'inscrire sur FB et de me jeter dans la foire aux empoignes des réseaux sociaux.
Cette expérience arrive à sa fin : je m'étais donnée une année. Les deux objectifs ont été remplis
-ranimer la question des Fonds Petro Caribe en la remettant constamment sur le tapis.
- mieux comprendre les mentalités de ceux qui s'expriment sur les réseaux sociaux. Quand je dis mentalités c'est la façon d'aborder les faits politiques/socio et économiques.
Ce qui m'a le plus frappé c'est la tolérance - pour ne pas dire l'encouragement - d'une grande partie des intervenants aux dysfonctionnements. Les valeurs qui fondent et qui consolident une société : justice, empathie, respect sont dévaluées - comme la gourde face au dollar-. La loi du plus fort , - les chefs ont raison - ou son opposé complémentaire, l'acceptation de pratiques décadentes considérées comme propres à la culture haïtienne- qui à bon dos.
Je prends pour exemple :
- La gouyade présidentielle, où le président de la République et son épouse ont assisté avec complaisance aux mouvements de cul d'une petite fille six ans. Et ont récompensé son exploit par le cadeau d'une voiture. A ma stupéfaction, il s'est trouvé parmi les défenseurs de cet acte - pour moi ignoble et frôlant la pédo-pornographie - des personnes formées académiquement, médecin par exemple. Selon eux, ce "tournicotti" de derrière, façon ventilateur, d'une enfant de six ans relevait d'une expression artistique de la culture haïtienne. Un populisme à son comble où les défenseurs de la gouyade de l'enfant, prétendaient que les contre auraient voulu que l'enfant face une démonstration de danse classique.
- Un autre cas, celui d'un homme qui a assassiné sa compagne en la lacérant de coups de couteau a vu un soutien au meurtrier, au prétexte que la femme qui voulait le quitter, avait profité de son argent pour faire ses études. Le crime de l'homme était justifié et la femme mère d'un enfant de cet homme, considérée comme une putain.
- Un troisième cas, celui d'un homme qui se présente comme un prophète. Il filme une de ses guérisons. Un enfant qu'il utilise comme un ballon, qu'il envoie en l'air, le coince entre ses cuisses, le lance comme une balle à ses assistantes de grosses bonnes femmes qui ont l'air totalement sous l'emprise du prophète. Le tout d'une grande violence au son du tambour. Là encore, dans un cas d'abus évident - les réactions étaient mitigées. Alors que vu d'ici on aurait pu s'attendre à une réprobation généralisée.
- Un quatrième cas est celui d'un autre prophète qui propose une recette à base de 21 punaises, de patte dentifrice de la marque de Colgate, d'aloe vera, et autres substances devant être mixées dans un " blender" - comme si les Haïtiens avaient des robots ménagers et l'électricité pour mixer cette mixture. Dans ce cas là encore, on est surpris de voir des réactions de soutien à ce prophète guérisseur du VIH - parfois venant de gens se présentant comme progressistes-.
Ce qui dit quoi ? Que de haut en bas, la société haïtienne se trouve plongée dans une absence de repères - le fameux " shithole de Trump- . Le questionnement sur ce qui est juste, équitable, éthique... La droite, la gauche ? Les idéologies ? Faute de structures, d'Institutions fiables, chacun fonctionne selon ses propres idées , ses propres intérêts, ses propres fantasmes.
Fantasmes... Le mot est dit. Dans les périodes de ce que les Haïtiens dénomment le " faire noir", c.a.d où désordre et obscurantisme dominent, dans toutes les sociétés et cultures du monde, les fantasmes prédominent : chasse aux sorcières en Allemagne au 18ème siècle, assassinat de sourds-muets en Haïti au 21ème siècle.
Cependant, cette plongée dans FB m'a apportée une quantité de choses positives - entre autres, l'humour savoureux haïtien - et la rencontre avec des têtes bien faites, bien posées sur leurs épaules comme on dit en Haïti.
A ajouter en annexe que j'ai eu un énorme plaisir à lire le Haïtien - langue prédominante dans les échanges et à améliorer le mien.
Nous parlerons plus tard de ces aspects positifs.
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