Pour essayer de mieux saisir les dessous de ces élections "privertiennes", je suis allée à la recherche d'infos sur les acteurs et organisateurs.
Vous savez qu'en Haïti, vous ne lirez jamais dans aucun media, un portrait - en dehors des zen et anecdotes - des personnalités impliquées dans l'histoire politique du pays.
Vous constaterez que dans la presse étrangère, quelle que soit la tendance idéologique ou politique du media, les journalistes se font un devoir de donner des infos sur ceux qui sont aux commandes ou qui jouent des rôles prépondérants - dans l'économie, dans la politique , dans la culture. En fait dans tous les domaines.
Cela tient du respect envers une population.
En Haïti, il semblerait qu'elle ne mérite pas de savoir à qui elle a affaire.
Depuis que je tiens ce blog, je suis très étonnée de ce que l'on ne sache rien sur les itinéraires d'hommes et de femmes qui occupent des fonctions officielles ou qui aspirent à les tenir.
Cette espèce d'omerta permet à n'importe qui, à n'importe quel zozo de se "vendre" et de se retrouver à une place qu'il ne devrait pas occuper.
C'est ainsi qu'on a vu ce "chirurgien" qui professait à l'hôpital de Jacmel depuis des mois...sans diplômes, après qu'une de ses patientes soit décédée suite à une de ses interventions.
Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.
C'est en quelque sorte ce que nous rappelle cet article sur l'actuel président du CEP.
Pourquoi un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ?
Parce qu'il est amené par ignorance à emprunter les mêmes sentiers qui l'ont mené à l'échec.
Pourquoi croyez-vous que dans les pays dits "civilisés" les archives sont importantes ?
Parce qu'on ne construit pas sur RIEN.
Je n'habite pas très loin des "Archives" de Paris. Il faut voir la grandeur de l'édifice, la beauté des jardins pour comprendre l'importance que donne ces pays à sa mémoire.
Donc, nous voici en 2016, après une crise où les Haïtiens ont dénoncé une fraude électorale, à recommencer des élections, après un ouragan - avec un taux de 78% d'abstention; même schéma qu'après le tremblement de terre, avec la même absence de considération pour la population, le même manque de sérieux. Et... des acteurs Boulos, Apaid, Berlanger, entre autres qui ont déjà montré en maintes occasions auparavant, leur opposition à la démocratie, leurs liens avec l'administration US et leur volonté de maintenir le status quo de la zombification de la population.
Comment se fait-il que l'ensemble du personnel qui gère la vie politique, économique, médiatique et intellectuelle de ce pays puisse développer à un tel niveau cette tendance à l'auto-destruction ? Un truc génétique ? (pour plaisanter).
J'ai une proposition de réponse, c'est l'envahissement graduel dans la société de de la culture du "kaka/bounda", qui en est arrivée, avec les tèt kale, à devenir la culture dominante.
Foin de réflexions, foin de lectures... balayées par le vent rose de la pornographie, de la scatologie, des jouwe manman qui foisonnnent dans la presse, sur les réseaux sociaux et dans les radio.
Chacun y va de sa libre expression.. se prend pour une lumière... croit réinventer la roue, alors que des centaines de professionnels haïtiens de bonne foi ont accumulé durant ces 30 dernières années des analyses et propositions d'application.
Un peuple sans mémoire est un peuple sans âme.
Pourquoi ?
Parce qu'il est amené, à vivre au jour le jour, hier n'existe pas et on ne sait pas de quoi demain sera fait. A, dans l'instant, sans penser aux répercussions possibles de ses actes, se "debrouye pa peche", ce qui veut dire passer par dessus des valeurs les plus basiques : la solidarité, la justice, le respect. A à se prostituer pour assurer sa pitance quotidienne. Ou à verser dans le gangstérisme en vendant ses services.
Bonjour les dégâts !
Et bonne lecture.
Il est parvenu à l’attention de la Rédaction cet article publié, par le journal Haïti Progrès, dans sa section anglaise, au mois de Janvier 2000. Il concerne Léopold Berlanger, l’actuel président du CEP : ses tortueux rapports avec l’impérialisme américain et le rôle néfaste qu’il a voulu jouer lors des élections en l’an 2000. Un adage affirme : « qui a volé un œuf volera un bœuf ». En ce qui concerne Léopold Berlanger, le proverbe pourrait être extrapolé en ces termes : qui a essayé de truquer des élections une première fois en 2000, le fera une deuxième fois en 2016, d’autant qu’aujourd’hui le mec contrôle tout l’appareil électoral. La rédaction a cru utile de porter ce texte à la connaissance de son lectorat, elle s’inquiète à propos de cette présidence du CEP peut-être tombée du ciel de Washington par une sorte d’opération du Saint Esprit, et s’interroge: Berlanger est-il un cheval de Troie ? Aux lecteurs de se faire leur propre opinion. Grosse affaire…[F.L]
Un agent de Washington prend le contrôle des observateurs électoraux
Le nom de Léopold Berlanger est pratiquement synonyme de "plan américain" pour Haïti. Depuis la chute de la dictature de Duvalier en 1986, il a été l'un des principaux pions de Washington dans ses efforts pour contrôler l'orientation politique d'Haïti et manœuvrer de façon à mettre le pays sur la voie de la réforme néolibérale.
Ainsi, il est plus que déconcertant cette semaine de voir Berlanger devenir le "coordinateur général" du Conseil national d'observation électorale (CNOE), un amalgame de 43 groupes et comités ayant tous la mission auto-déclarée d'observer les prochaines élections.
Berlanger est le président de l'un de ces comités - le Réseau Civique National (RCN) - et a contribué à organiser au cours des derniers mois, un assemblage de tous ces groupes sous la tutelle de la CNOE. Essentiellement, il s'est placé dans la position enviable d'avoir le dernier mot sur la «validité» des prochaines élections avec l'avantage crucial d'être un «national» qui ne peut être accusé de s'ingérer dans une élection souveraine autant qu'un observateurs étranger peut le faire
Mais si jamais Haïti pouvait se targuer d’avoir un «agent d'un gouvernement étranger» (comme on les appelle à Washington), ce serait bien Berlanger. En 1986, il est apparu sur la scène politique en Haïti à la tête de l'Institut international de recherche et de développement (IHRED) d'Haïti. Cette organisation a été créée par le National Endowment for Democracy (NED), la fondation quasi officielle de Washington pour promouvoir l'agenda du gouvernement des États-Unis dans le tiers monde d'une manière plus «juridique» que son agence cousine, la CIA. Le lancement de l'IHRED a été «entériné avec enthousiasme par l'ambassade des États-Unis», selon un rapport de NED de cette époque, avec la mission «d'aider les institutions démocratiques indépendantes à prendre racine et à prospérer dans le pays». À cette fin, du 24 au 26 octobre 1986, l’IHRED a tenu une conférence relative au «processus électoral» qui a abouti à la création du «Conseil national indépendant pour l'organisation et la supervision des élections» [CNOE] (voir «Le projet démocratique pour Haïti: un scénario conçu, monté et réalisé par les Etats-Unis, "Haïti Progrès, vol. 4, n ° 49, mars 11-17,
1987).
En fait, il n'y avait rien de «national» à propos du conseil - puisqu'il était supervisé par une délégation de l'Institut national démocratique (NDI), la branche du Parti démocrate du NED - ni d’«indépendant», puisque ses membres avaient été nommés par le Conseil national de Gouvernement (CNG) néo-duvaliériste des généraux Henri Namphy et Williams Régala.
Aujourd'hui, 13 ans plus tard, nous voyons que Berlanger et le NED ont mis en place une nouvelle version 1986 de leur "Conseil" pour le contrôle des élections. Il comporte même plusieurs des mêmes visages. Par exemple, à côté de Berlanger, à la RCN et la CNOE on trouve l'un des acteurs du lancement de l’IHRED: Rosny Desroches, ministre de l'Education de Jean-Claude Duvalier et du CNG.
Berlanger est également le directeur de Radio Vision 2000, une station financée par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et fondée par des membres de la bourgeoisie putschiste lors du coup d'Etat 1991-1994. La polarisation anti-Aristide de la station n’est un secret pour personne, et c'est la seule radio en Haïti avec couverture nationale, grâce à sa diffusion via satellites.
Le Conseil électoral provisoire (CEP), qui compte neuf membres, a officiellement accueilli la formation du CNOE le 6 janvier, mais il y a manifestement des inquiétudes. Le porte-parole du CEP, Macajoux Médard a déclaré que le corps était "très satisfait" de l'émergence du CNOE, mais a laissé entendre après quelque querelle : "nous allons continuer à travailler d’un commun accord afin que nous puissions rendre possible l'observation des élections." Le 5 janvier, Radio Haïti a signalé que l'administrateur des opérations électorales du CPE, Carlo Dupiton, avait récemment noté avec une certaine réserve la prolifération soudaine d'organisations et de réseaux intéressés à l'observation des élections ; puis il a exprimé sa crainte que ces organisations puissent être utilisées par certains partis politiques pour contrôler l'appareil électoral ".
Entre-temps, Berlanger a déploré les mesures prises par le CEP pour diluer son pouvoir lorsque «le Conseil a adressé des lettres d'invitation à des personnes sur une base individuelle pour faire partie du Conseil national d'observation électorale ; alors que seules les personnes appartenant à des institutions sont qualifiées pour faire partie dudit Conseil. " Après son «élection» à la tête du CNOE par 26 des 43 groupes du Conseil, Berlanger a déclaré qu'il «doterait la question électorale d’un leadership, puisque nous avons accumulé dans le RCN ... une certaine expérience sur le terrain à ce sujet ", et a affirmé qu'il" travaillerait pour avoir des élections libres, honnêtes et démocratiques dans le pays sans pression, afin que nous puissions en finir avec ces élections ‘‘malatchong’’.
Mais une "eleksyon malatchong" c’est justement ce que certains semblent voir arriver, parmi eux, Jean Hancense, le directeur du groupe des droits humains, la Commission Justice et Paix. Il a exprimé son inquiétude à l'égard de l'agenda politique de certains observateurs électoraux, prévus pour rejoindre les rangs de son organisation. "Une chose qui nous effraie, c'est de voir toutes les manœuvres en cours dans le pays pour contrôler l'observation des élections ", a-t-il dit. «Nous ne comprenons pas quels intérêts ont certains groupes à travailler avec autant d’ardeur à contrôler le processus d'observation des élections».
Pendant ce temps, la route électorale continue de se développer de façon instable et difficile. Toutes les parties n'ont pas accepté de signer le 4 janvier un «Code de déontologie» en 20 points, une sorte d’accord de gentlemen pour une conduite politique cordiale. Parmi les quinze partis qui ont signé figurent Famille Lavalas (FL) de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, le RNDP de l'ancienne marionnette des militaires Leslie Manigat, l'URN, fondée par feu le chef Macoute Roger Lafontant, et la coalition néo-duvaliériste du MPSN. Parmi ceux qui ont refusé de signer figurent la coalition de centre-droit, l’ Espace de Concertation et l'ancien parti au pouvoir, l'Organisation des personnes en lutte (OPL). Les mon-signataires cherchent à mieux contrôler la nomination des surveillants électoraux, entre autres choses. En outre, la date de l'inscription des électeurs a été reportée de deux semaines, jusqu’au 24 janvier, un changement que certains partis ont attrapé au vol pour lancer à nouveau toutes sortes d'accusations contre une mauvaise volonté du CEP.
La violence électorale et les passions font encore rage dans le département de la Grand'Anse sur la disqualification d'un candidat du parti progressiste KOREGA par un Bureau Electoral local, composé exclusivement des membres de l'Espace de Concertation. Un dirigeant de KOREGA a déclaré que son parti pourrait se retirer des élections.
Parallèlement, le CEP a annoncé que plus de 7 000 candidats pour des postes allant des représentants locaux (ASEC) aux députés et sénateurs ont été inscrits aux élections, même si tous les noms n'ont pas été rendus publics. Le ministre des Finances Fred Joseph a également déclaré que le gouvernement a déjà décaissé 100 millions de gourdes (5,88 millions de dollars US) sur un total de 200 millions de gourdes réservées aux élections.
En plein dans cette tumultueuse atmosphère, le mouvement stratégique de Berlanger au nom de l'impérialisme américain et de la bourgeoisie haïtienne a été presque éclipsé. Mais c'est l'un des développements les plus significatifs de la semaine dernière, s'agissant d'un important mouvement dans ce jeu d'échecs dans une tentative de fomenter un «coup d'Etat électoral» le 19 mars et au-delà.
Haïti Progrès 12 au 18 Janvier 2000
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