Jean Métellus est né à Jacmel en 1937, il quitte Haïti pour la France en 1959 à l’aube de la dictature duvaliériste. Il y fera des études de médecine et deviendra neurologue. Sa première œuvre sort en 1978 : Au Pipirite chantant un recueil de poèmes. Suivront ensuite d’autres recueils, des romans, des essais et du théâtre.
« Les Cacos » est un livre publié en 1989 chez Gallimard, à la veille d’une nouvelle intervention américaine en Haïti :
Si je l’ai écrit, c’est pour servir la mémoire… parce que nous, les Haïtiens, nous ne connaissons pas suffisamment notre histoire ni l’histoire de nos relations avec notre grand voisin ; je pense que c’est une histoire qu’il fallait éclaircir… surtout à une période où le retour des Américains en Haïti semblait imminente. Et effectivement, les Américains sont revenus huit ans après pour remettre de l’ordre dans le pays, comme ils l’avaient déjà fait en 1915. J’ai voulu rappeler ce qui s’était passé jadis pour que l’on n’entre pas tête baissée dans une nouvelle occupation. Mais en 94, les Américains sont arrivés…2
« Les Cacos » est un passionnant roman historique, facile à lire qui nous éclaire sur cette longue et humiliante occupation. Pour l’écrire Metellus s’est abondamment documenté auprès de Roger Gaillard, auteur de « Les Blancs débarquent », de Jean Desquiron, Jean Fouchard, René Piquion.
Le héros principal des Cacos, Alexandre Basalte est largement et précisément inspiré du charismatique Charlemagne Peralte. Mais Métellus déploie toute une galerie de personnages féminins et masculins captant tour à tour l’œil du lecteur.
Métellus s’applique à faire vivre et ressentir la réalité de l’occupation américaine, la violence, le racisme, les enjeux politiques et les perceptions de la population. Avant de creuser l’histoire haïtienne pour présenter le roman je trouvais la narration de Métellus un peu embrouillée ; je dois reconnaître maintenant que c’est totalement dû à la complexité historique et à mon manque total de repères concernant cette période.
La langue et l’écriture sont un peu trop académiques, le créole est souvent absent et les dialogues font parfois complètement irréalistes. Métellus tend aussi à psychologiser exagérément et à se laisser dépasser par son activité de médecin-neurologue. Ça donne des considérations complètement déplacées sur la perception… Si on ajoute à ça qu’il occulte ponctuellement la question raciale, on a parfois l’impression de lire un roman très français, très classique et très savant ; ce que cherche sans doute un peu l’auteur.
Pourtant, à d’autres endroits il transcende largement cette sensation d’extériorité un peu hautaine et bavarde. Parce qu’au fond sa narration se noue par les tripes au souffle des cacos, aux désirs non négociables d’émancipation, au cœur du peuple, et souvent l’émotion guide ses descriptions de la vie haïtienne :
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