EXTRAITS
Discrédité, sans moyens pour satisfaire les revendications, combien de temps M. Moïse pourra-t-il encore tenir ? Nombreux sont ceux qui estiment sa chute certaine avant le terme de son mandat, à la fin de l’année 2021. Si elle advenait — mais quand et à quel prix ? —, sa démission ouvrirait la voie à un changement, cadenassé par sa présidence. Elle constituerait le signe que la corruption n’est pas une fatalité, que l’impunité a une fin. La deuxième étape serait le procès de Petrocaribe en Haïti et de toutes les affaires de corruption, accompagné d’un audit de la gestion publique. Il faudrait ensuite reconstruire les institutions, de sorte qu’elle retrouve leur fonction première de service aux citoyens…Utopique ? Pas plus finalement que ne l’était de tirer la Cour supérieure des comptes de sa léthargie, au point d’obtenir d’elle l’impossible : la publication de deux rapports d’audit démontrant et détaillant les détournements des fonds issus de Petrocaribe. Laissées à elles-mêmes, ni la classe politique, délégitimée, ni les institutions, affaiblies, ne sont en mesure d’opérer le changement requis. D’où l’appel, non à des élections, qui, dans les conditions actuelles, ne pourraient éviter de consacrer la reproduction du même, mais à une « transition de rupture » dont le mouvement social serait le moteur. Le singulier alliage que les mobilisations actuelles sont en train de forger sera-t-il à la hauteur d’une telle ambition ?
Les deux racines de la colère haïtienne
Depuis juillet 2018, Haïti connaît une situation insurrectionnelle. Rues barricadées, circulation bloquée, activités commerciales paralysées : le pays est régulièrement mis à l'arrêt, par...
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