Une statue de Christophe Colomb a été décapitée mardi soir à Boston, une autre vandalisée à Miami et une troisième jetée dans un lac en Virginie, dans la foulée du mouvement antiraciste relancé aux États-Unis par la mort de George Floyd.
Les autorités mexicaines ont annoncé que la statue du navigateur et explorateur Christophe Colomb serait remplacée par celle d’une femme olmèque, réalisée par l’artiste Pedro Reyes. Cette décision hautement symbolique, qualifiée «d’acte de justice sociale» par la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, intervient quelques jours avant le bicentenaire de l’indépendance du Mexique.
Loin de la figure mythique de l’extraordinaire aventurier, Christophe Colomb est aujourd’hui synonyme d’oppression des peuples aztèques. Le choix de remplacer la statue de cet acteur majeur de la colonisation du continent américain est une façon de reconnaître les cinq cents ans de résistance indigène depuis la conquête des Espagnols en 1521. «Ce sont précisément les femmes indigènes qui ont peut-être eu le plus grand poids dans l’histoire du Mexique et qui ont été le moins reconnues», a déclaré Claudia Sheinbaum.
«Atrocités»
Le remplacement de la statue intervient peu après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un appel à rendre hommage «aux millions d’indigènes et de descendants d’Africains massacrés». Cette décision est également soutenue par le président Andrés Manuel López Obrador, qui a affirmé que son gouvernement défendait les causes indigènes. Il est allé plus loin encore en réitérant ses demandes aux dirigeants espagnols ainsi qu’au Vatican, sans réponse pour le moment, de présenter des excuses historiques pour toutes les «atrocités les plus honteuses» commises lors de la conquête espagnole et l’évangélisation du territoire mexicain.
Initialement installée en 1877 et située dans un quartier touristique, non loin du Templo Mayor, le cœur de la civilisation aztèque, la statue avait été retirée de son socle en octobre 2020. Officiellement, les autorités de la ville de Mexico invoquaient la nécessité de soumettre l’œuvre à un examen en vue d’une éventuelle restauration. Mais la décision coïncidait avec les menaces de plusieurs groupes militants qui promettaient «faire tomber» la statue le 12 octobre 2020. La date n’était pas choisie au hasard, puisqu’elle correspond au jour de la commémoration de l’arrivée de l’explorateur en Amérique, en 1492. Depuis, la statue n’avait jamais été replacée sur son socle. Elle sera installée dans «un lieu sûr, digne et adéquat», a indiqué l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (Inah) dans un communiqué. Une mesure de prudence destinée à éviter «les risques pour cette pièce d’une importante valeur artistique et historique».
«La patrie tue»
Pendant les marches féministes du 16 août 2019 de protestation contre les violences faites aux femmes, le sexisme structurel et de dénonciation de viols, notamment ceux commis par la police mexicaine sur de jeunes femmes, la statue de Christophe Colomb et le monument de l’ange de l’indépendance avaient été la cible de graffitis. On pouvait y lire des slogans, tels que «nous voulons rester vivantes» ou encore «la patrie tue».
Les débats autour du maintien ou non de statues de personnalités liées à l’esclavagismeou le colonialisme sont vifs depuis plusieurs années. Ils ont pris une nouvelle ampleuraprès la mort de George Floyd, Noir américain tué en mai 2020 lors de son arrestation par un policier blanc. De nombreuses statues ont été déboulonnées ou déplacées dans le monde depuis cette date.
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