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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


De l’accaparement des terres à l’accaparement des sols : le nouveau business de l’agriculture carbone

Publié par siel sur 12 Mai 2022, 17:23pm

Catégories : #INTERNATIONAL

Face à la sécheresse, l’érosion des sols et l’accumulation de rapports scientifiques confirmant les risques sur l’environnement et la vie sur terre, les multinationales continuent à accaparer les terres. Le greenwashing n’a aucune limite pour elles. Cet article de GRAIN en donne  une illustration avec les programmes d’agriculture carbone (IGA).

  • Les plus grandes entreprises agrochimiques du monde veulent se servir des programmes de crédits carbone comme d’un écran de fumée pour dissimuler les émissions des grandes sociétés pétrolières, alimentaires et technologiques.
  • Des systèmes viciés de séquestration du carbone renforcent un modèle d’agriculture et d’alimentation industrielle qui entraîne l’érosion des sols et est responsable de plus d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
  • Des organisations d’agriculteurs et des groupes de la société civile de plusieurs pays luttent pour empêcher les gouvernements d’adopter des lois qui feraient de ces programmes d’agriculture du carbone destinés aux entreprises des éléments essentiels des plans nationaux de réduction des émissions.
  • Ce n’est qu’au moyen d’un vaste programme d’agroécologie, de redistribution des terres et de relocalisation des systèmes alimentaires que nous pourrons effectivement réinjecter du carbone dans les sols et réduire les émissions dans le système alimentaire.
L’agriculture industrielle ressemble beaucoup à une mine tentaculaire. Pour obtenir des rendements élevés, les terres sont vidées de leurs nutriments, puis des quantités croissantes d’engrais chimiques sont ajoutées pour compenser les pertes. Les engrais chimiques sont eux-mêmes produits en extrayant des minéraux et des combustibles fossiles ailleurs.
 
Il existe des moyens de cultiver sans épuiser les sols, mais au fil des ans, les entreprises agroalimentaires et les gouvernements ont relégué ces alternatives au second plan. Les petits agriculteurs possédant les connaissances, les pratiques et les semences nécessaires pour maintenir la santé des sols ont été chassés de leurs terres et criminalisés. Les chercheurs qui explorent les moyens de réduire les engrais en renforçant les systèmes racinaires des plantes ou la biodiversité des sols ont été marginalisés, sous-financés et empêchés d’agir. Pendant ce temps, des millions d’hectares de forêts, de savanes, de pâturages et de terres agricoles paysannes fertiles ont été défrichés pour faire place à des plantations stériles ne cultivant que quelques variétés de cultures commerciales dépendantes des produits chimiques.
 
Il en résulte une diminution catastrophique de la matière organique du sol – l’élément constitutif de la santé des sols. Plus de la moitié de la matière organique des sols agricoles dans le monde est déjà perdue, et plus de 2 milliards d’hectares de terres agricoles sont gravement touchés.[1] Cela se traduit par une baisse des rendements des cultures, une pollution croissante des systèmes aquatiques par le ruissellement des engrais et, comme la matière organique du sol est principalement composée de carbone, la libération d’énormes quantités de carbone dans l’atmosphère.
 
Pourtant, les principaux coupables de cette catastrophe pour les sols se présentent désormais en sauveurs des sols. La plus grande entreprise d’engrais au monde, Yara, a récemment créé une alliance pour rechercher « une nouvelle solution à notre défi carbone qui soit ancrée dans le sol ». Cargill, le négociant mondial en matières premières, déploie plusieurs nouvelles initiatives pour soutenir ce qu’il appelle « l’agriculture régénératrice ». « La santé des sols est une situation gagnant-gagnant », déclare Cargill. Au cours des deux dernières années, presque toutes les plus grandes entreprises du secteur agroalimentaire ont lancé ou rejoint des initiatives visant à restaurer le carbone dans les sols agricoles (voir le Tableau 1).
 
La raison est simple : il y a désormais de l’argent à gagner en stockant du carbone dans le sol. Les gouvernements et les entreprises cherchent désespérément les moyens d’éviter de réduire réellement leurs émissions de combustibles fossiles et sont prêts à payer d’autres gens pour séquestrer le carbone afin de pouvoir continuer à brûler des combustibles fossiles. La difficulté est de trouver des endroits pour séquestrer ce carbone – et quel meilleur endroit que les terres agricoles appauvries en carbone? Certains estiment que les terres agricoles pourraient séquestrer jusqu’à 3,4 Gt de carbone par an, soit environ un tiers des émissions annuelles des secteurs des combustibles fossiles et du ciment.[2] Avec un prix d’environ 20 dollars US par tonne de carbone séquestré sur les marchés actuels des crédits carbone, cela représente potentiellement beaucoup d’argent à gagner. De quoi attirer les extractivistes les plus tristement célèbres.
 
Suite dans le lien.
 

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