Sans doute, en toute occasion, ceux ui ordonnent sont moins nombreux que ceux qui obéissent. Mais précisément parce qu'ils sont peu nombreux, ils forment un ensemble.
...voient partout.
L'église catholique, les sectes protestantes -aussi nombreuses dans le pays que mouches sur étalage de viande,- le vaudou leur ont appris que le diable se trouve :
-dans l'environnement qu'ils dégradent;( le diable n'aimerait pas la saleté)
-dans leurs enfants qu'ils maltraitent; (le diable n'aimerait pas les enfants beaux, curieux, intelligents)
-chez leurs épouse, leurs voisins, voisines, leurs animaux domestiques ou de travail;
- dans leur mobilier: chaises, tables;
-dans leurs maisons : portes, murs, fenêtres plafond, plancher;
- dans leurs écoles, hôpitaux,bâtiments administratifs;
- dans la nature, arbres, plantes, ciel mer, rivières, fleuves;
- sur les routes, chemins;
- dans leurs propres corps et ceux de leurs amides ou ennemis mains, pieds, yeux, voix;
-ETC;
Pour échapper à cette omniprésence du diable qui sait tout et voit tour, il reste de faire appel à lui, de le prier -comme on les voit faire faire avec les criminels,- de lui offrir des sacrifices, de se rouler par terre, d'hurler de tous ses poumons jour et nuit pour exhorter sa miséricorde et enfin de fuir par tous les moyens le pays- il paraitrait que e diable ne franchit pas les eaux et que sa puissance est inopérante dans les pays de M. Leblan.
Celles et ceux qui ont cloué dans la tête des habitants de ce pays cette abominable croyance sont les seuls véritables diables- à savoir les seuls qui pour des raisons diaboliques les soumettent à vivre dans un enfer de peur et de misère.
Dans son livre intitulé Force et malheur, la philosophe Simone Weil dit ceci que j'ai noté pour vous et que je vous convie à méditer.
"Puisque le grand nombre obéit, et obéit jusqu'à se laisser imposer la souffrance et la mort, alors qe le petit nombre commande, c'est qu'il n'et pas vrai que le nombre soit une force. Le nombre quoique l'imagination nous force à croire, est une faiblesse. La faiblesse est du côté où on a faim, où on s'épuise, où on supplie, où on tremble, non du côté où on vit bien, où on accorde des grâces, où on menace.Le peuple n'est pas soumis bien qu'il soit le nombre, mais parce qu'il est le nombre. Si dans la rue un homme se bat contre vingt, il sera sans doute laissé pour mort sur le pavé. Mais sur un signed'n homme blanc, vingt coolies annamites peuvent être frappés à coups de chicotte, l'un après l'autre, par un ou deux chefs d'équipe. La contradiction n'est peut-être qu'apparente.Sans doute, en toute occasion, ceux ui ordonnent sont moins nombreux que ceux qui obéissent. Mais précisément parce qu'ils sont peu nombreux, ils forment un ensemble. Les autres, précisément parce qu'ils sont trop nombreux, sont un plus un, et ainsi de suite. Ainsi le puissance d'une infime minorité repose malgré tout sur la force du nombre. Cette minorité l'emporte de beaucoup en nombre sur chacun de ceux qui composent le troupeau de la majorité. Il ne faut pas en conclure que l'organisation des masses renverserait le rapport; car elle est impossible. On ne peut établir de cohésion qu'entre une petite quantité d'hommes. Au delà, il n'y a plus que juxtaposition d'individus c'est-à-dire de faiblesse."
Simone Weil Force et Malheur, Edts la Tempête, pages 93-94.
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