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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


«Ne sous-estimez pas les politiciens évangéliques en Amérique latine». Le mariage entre néolibéralisme et évangélisme - Par Daniel Raventós et Julie Wark

Publié par siel sur 6 Janvier 2023, 19:06pm

Catégories : #REFLEXIONS perso, #AYITI ROSE RAKET, #AYITI EXTREME DROITE, #AYITI ECONOMIE, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

Photo: Agence Reuters Tomas Bravo Haïti constitue une terre hospitalière pour les «Églises nouvelles».

Photo: Agence Reuters Tomas Bravo Haïti constitue une terre hospitalière pour les «Églises nouvelles».

Comme vous avez pu le remarquer étant donné qu'une grande partie des youtubeurs soi-disant directeurs d'opinion, journalistes, juges, avocats sont des évangéliques, qu'ils appartiennent à ces églises venues des USA;  et qui ont envahi l'AM du SUD et la Caraïbe pour faire contre poids au mouvement de la théologie de la Libération chez les catholiques et les mouvements de gauche. Ils n'osent pas approuver ouvertement le comportement grotesque et obscène du Pasteur mais le minimise :  " une gaffe", "bouc émissaire", " décision trop rapide",  "mérite une petite sanction", "problème de communication" ETC  Ce qu'exprime bien ce commentaire sur le Live  complaisant d'un de ces youtubeurs, évangéliques, médecin de surcroit :Ou juste dit mouché allé pa fè sa pa tounen là encore ?

Ce pourquoi ces manières dégueulasses de traiter une femme, fut-ce sa propre fille, ne choquent pas c'est que dans cette religion les femmes sont considérées comme les "objets", les "biens meubles" (comme l'étaient les esclaves de leurs maîtres ) de de leurs époux, papa, frère. On n'est pas trop éloigné des Talibans. Elles sont dès le plus jeune âge prises en otage par le milieu et conditionnées ( dressées ? ) à la servitude volontaire. C'est ce que dit le plus que bizarre témoignage de la fille du pasteur avec son " Je suis habituée à papy, à jouer avec papy...Etc". Un truc totalement surréaliste...

On peut constater en Haïti l'emprise de l'idéologie véhiculée par ces courants évangéliques par la quasi absence des femmes dans la politique, dans les manifestations, dans les postes de décision.

Tiré d’un article de Taylor C. Boas sur les évangéliques et le pouvoir politique en Amérique latine [publié dans ReVisata, Harvard Review of Latin America, 9 février 2021], notre titre est une autre façon de dire que – bien que l’origine grecque du terme euangelion, suggère «l’arrivée d’une bonne nouvelle» – le nombre croissant d’évangéliques en Amérique latine est une très mauvaise nouvelle pour les droits de l’homme. Ces droits qui sont une abomination pour les obsessions fondamentalistes.

Avec son livre Plano de Poder: Dios, Os Cristãos e A Política (Plan de pouvoir: Dieu, les chrétiens et la politique, Ed. Tomas Nelson, 2008), l’«évêque» évangélique brésilien, le milliardaire Edir Macedo [1], annonce que le projet évangélique postmoderne consiste à «révéler, conscientiser et réveiller les chrétiens pour une cause bibliquement annoncée», à savoir le «grand projet de construction nationale» de Dieu concrétisé par un «projet de pouvoir politique». Cette fois, les «élus» ne sont pas les Israélites, mais les adhérents du Réveil chrétien.

Au cours des trois dernières décennies, les évangéliques d’Amérique latine sont passés du statut de missionnaires étrangers [pour l’essentiel venant des Etats-Unis], marginaux, à celui de puissants porte-parole politiques. Expliquer leur essor comme un phénomène religieux dans lequel les animées «églises de garage» des quartiers urbains pauvres ont remplacé l’église catholique, théologiquement figée, n’est pas très éclairant. En termes quantitatifs, cela semble assez simple: ils ont transformé leur poids numérique en capital politique. Mais le point important est que l’arène politique dans laquelle ils opèrent est le néolibéralisme dont ils sont devenus, en tant qu’une sorte de superstructure théologique ou du moins de justification, l’une des nombreuses têtes monstrueuses de cette Hydre.

Le Brésil compte entre 40 et 50% d’évangéliques, le Honduras 41%, la Colombie 40%, le Guatemala 40% et le Nicaragua 37%. Ces pourcentages se traduisent par des résultats concrets. Voici quelques exemples de personnalités politiques de premier plan qui étaient soit des évangéliques, soit soutenues par eux: le président guatémaltèque (2016-2020) Jimmy Morales (accusé de corruption et d’abus sexuels); le président conservateur religieux du Honduras, Juan Orlando Hernández (réélu en 2017 lors d’un vote jugé frauduleux par les observateurs internationaux et impliqué dans une importante enquête sur le trafic de drogue et le blanchiment d’argent); et le milliardaire Sebastián Piñera, président du Chili [«pris» dans les révélations en lien avec les Pandora Papers, début octobre 2021]. En Colombie, le référendum sur la paix (en octobre 2016) a été miné par l’opposition évangélique en raison de préoccupations relatives aux «valeurs familiales», d’autant plus qu’une des principales dirigeantes du «Oui» était lesbienne. Et dans la destitution («pour Dieu» et «pour les évangéliques») de la présidente Dilma Rousseff au Brésil [en 2016], l’intervention du puissant lobby dit de «la Bible» fut essentielle. Lors des élections, en 2018, de Jair Bolsonaro («Le Brésil au-dessus de tout et Dieu au-dessus de tous») a prouvé ce que l’évangélisme unifié pouvait réaliser; ce qu’ont démontré les églises rivales Assemblées de Dieu et Eglise universelle du Royaume de Dieu qui ont uni leurs forces pour soutenir Bolsonaro.

Il n’y a pas d’église évangélique unique en Amérique latine, ce qui signifie que le mouvement – qui englobe entre autres les presbytériens, les baptistes, les méthodistes et surtout les pentecôtistes et les néopentecôtistes (mais pas les témoins de Jéhovah, les adventistes du septième jour et les mormons) – ne peut être comparé à l’église catholique monolithique. En outre, les évangéliques politiques se sont détournés de leurs ancêtres européens du schisme protestant du XVIe siècle, après que le frère augustin Martin Luther a reçu le «témoignage de l’Ecriture». De nos jours, il n’y a pas un seul représentant de la Parole Véritable. Il s’agit d’alliances pragmatiques qui évitent toute doctrine claire.

***

L’évangélisme latino-américain, peut-être, ne constitue peut-être pas un tout unifié, mais il est cohérent dans ses diverses façons de se marier avec le néolibéralisme en tant que projet de fabrication d’un Etat où la gouvernance signifie façonner les populations avec un ensemble de mécanismes toujours adaptables qui confortent la notion de responsabilité individuelle créée par (et au service) de la marchandisation. Cette machinerie de contrôle fonctionne dans toute la société, dans ce que l’anthropologue Loïc Waquant appelle «les multiples sites d’autoproduction, y compris le corps, la famille, la sexualité, la consommation, l’éducation, les professions, l’espace urbain», etc. Ainsi, «il n’y a pas un grand-N, le Néolibéralisme, mais un nombre infini de petits-n, de néolibéralismes, nés de l’hybridation continue des pratiques et des idées néolibérales avec les conditions et les formes locales». L’évangélisme pragmatique combat tout ce qui pourrait bouleverser le château de cartes du contrôle social, y compris les droits LGBTQI+, le mariage homosexuel, l’avortement légalisé, «l’idéologie du genre» (comme ils le disent), la libéralisation des drogues et le contrôle des armes à feu.

Ces points de vue les rapprochent de la droite chrétienne, des néo-nationalistes, de l’alt-right [Steve Bannon], des enthousiastes de Trump et de QAnon, par exemple. Comme le montre José Luis Pérez Guadaloupe [dans Evangelicals and Political Power in Latin América, Konrad Adenauer Stiftung and Instituto de Estudios Social Cristianos, ia, 2019] la plupart des évangéliques qui épousent la théologie de la prospérité [2] viennent d’églises néopentecôtistes qui n’appartiennent à aucune dénomination évangélique établie ou tradition protestante.

Par conséquent, l’évangélisme en Amérique latine peut s’adapter et embrasser des aspects importants, mais souvent négligés, du néolibéralisme qui tendent à être éclipsés par toutes ses folies du type «trop gros pour faire faillite». En orientant les moyens et les fins du néolibéralisme, une certaine logique de l’amoralité se marie allègrement avec la vision néopentecôtiste selon laquelle les porteurs autoproclamés de la Bonne Nouvelle par Dieu décideront, dans un échange entre les pouvoirs surnaturels et l’économie humaine, qui prospérera et qui ne prospérera pas. Etant donné que ceux qui ne prospèrent pas sont la progéniture du diable, l’ennemi est également défini et ciblé. Il s’agit d’une version actualisée et très pervertie de l’idée de Weber selon laquelle les idées religieuses jouent un rôle important dans la création de l’«esprit» du capitalisme.

***

Le néolibéralisme a besoin de son «économie morale» religieuse. Comme l’affirme Roger Kurt Green (dans Neoliberalism and eurochristianity, 27 août 2021, Metropolitan State University of Denver), «dans le discours courant, le “néolibéralisme” a fonctionné comme l’expression tacite d’une société “laïque”, mais le récit du libéralisme comme résultant d’une “rupture” perçue avec le christianisme doit être repensé parce que la vision eurochrétienne du monde sous-tend le libéralisme dans ses formes classiques et “néo”». La nouvelle «théologie de la prospérité» décrète que les enfants de Dieu ont le droit de jouir des fruits de la création en tant qu’individus, ou tout au plus en tant que famille, mais pas en tant que collectivité parce que, dans la collectivité, certaines personnes ne se soumettent pas à Dieu et doivent donc accepter la pauvreté comme en étant le prix.

Les fondateurs de l’église dirigent la vie économique et politique d’une entreprise «familiale», formant une dynastie politico-religieuse avec leurs parents directs. Conduit plus depuis des estrades que depuis des autels, le drame moral proclame la bonne nouvelle que la vraie croyance peut être achetée sous la forme des biens salvateurs de l’église. Ainsi, le consumérisme et l’individualisme sont des vertus néo-pentecôtistes du capitalisme tardif. La foi est mise à l’épreuve par la dîme [à payer aux «pasteurs» officiant] lors offices. Et les résultats de cette dîme se présentent sous la forme d’immenses temples [les plus grands de l’Amérique latine à Rio de Janeiro et à São Paulo], de chaînes de radio et de télévision et d’une opulence générale. Mais, comme il s’agit d’une question de foi, seuls les dirigeants de l’église sont au courant des «finances religieuses» qui abondent leurs aventures politiques, car les biens «ecclésiastiques» sont cachés dans des sociétés fictives dont seuls les pasteurs et leurs familles sont actionnaires.

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https://alencontre.org/ameriques/amelat/ne-sous-estimez-pas-les-politiciens-evangeliques-en-amerique-latine-le-mariage-entre-neoliberalisme-et-evangelisme.html

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