À son Excellence Monsieur Jovenel Moïse
Président de la République d'Haïti
Monsieur le Président,
J’hésitais encore à vous écrire, vous parler de la position d’Haïti aux côtés de 18 autres pays, lors d'une réunion à l'extraordinaire au conseil permanent de l’OEA, remettant en question la légitimité du Président de la République Bolivarienne du Vénézuela. Le comportement ignominieux d’Haïti ne laisse pas, en aucune manière, la jeunesse du pays indifférent. En effet, il me paraît très indécent de vous nombrer, ou peut-être, de vous apprendre toutes les retombées que ce vote vomitif pourrait entraîner sur Haïti. Car vous êtes de ces Messieurs qui, habituellement, hèlent le Bon-Dieu avant même de prendre une décision pour le pays, disiez-vous !...
Mais il en est une (retombée) sur laquelle je ne me tais pas : la relation diplomatique entre les deux États qui se fêle. Je crains qu’elle soit dissoute durant votre mandat. Car je n'ose pas croire, comme plus d'un, assurément, que vous n’ayez pas parlé au Bon-Dieu, cette fois-ci, sur la décision naïve que votre ambassadeur a prise à l'Organisation des États Américains avant de remettre en question la légitimité de M. Nicolas Maduro. Contester la légitimité de celui-ci, c'est offusquer du même coup les pères fondateurs de notre nation : Haïti ; c’est bafouer aux pieds nos valeurs historiques.
En décembre 1815, lorsque le général Simon Bolivar, était arrivé au pays afin d’obtenir le soutien de la jeune République d’Haïti pour la libération du Vénézuela et d'autres pays de la région qui étaient sous les jougs de l’Espagne, sans aucune hésitation le Général Alexandre Pétion, un des héritiers politiques de l’Empereur Jean Jacques Dessalines, le Grand qui assurait la présidence d'Haïti d'alors, lui avait disposé des armes et des munitions, mais aussi des soldats et de l'argent. Ce qui avait permis à Simon Bolivar de libérer son pays et même cinq autres pays qui ont été sous la servitude du colon espagnol, dont la Bolivie, la Colombie, la Bolivie le Panama et l’Équateur,... D’où la naissance d'une belle amitié entre les deux jeunes Républiques : Haïti et Vénézuela… Haïti semait le goût de la liberté partout. Haïti voulait qu'aucun peuple ne soit sous la domination d'aucun autre peuple.
Monsieur le Président, l'histoire a prouvé que le vote d’Haïti est contraire à son passé historique. Alors qu'aujourd’hui, Monsieur le Président vous venez de cracher sur une vieille amitié datant plus de deux siècles, de voter pour que le République du Vénézuela soit sous la domination américaine. Monsieur le Président, il est surprenant et plaisant à la fois que l'on découvre soudain les raisons pour lesquelles l'administration dont vous êtes le chef ne soutient pas la réélection du 20 mai 2018 de votre homologue, Son Excellence Nicolas Maduro, Président de la République Bolivarienne du Vénézuela. Raisons : Plaire aux États-Unis qui veulent : Primo, contrôler les trois cent milliards de dollars américains que valent les réserves pétrolières et d'autres richesses du Vénézuela. Secundo : Chasser le régime Chaviste du pouvoir. Tercio : Isoler la République Bolivarienne du Vénézuela sur la scène internationale ; Trouver la protection américaine afin de sauvegarder votre pouvoir, car d'aucuns, ici, remettent en question votre légitimité.
Pour certains, vous n’êtes qu’un illégitime réclamant la tête d’un vrai élu, alors que pour d’autres vous n’êtes qu’une marionnette de l'impérialiste. Les deux hypothèses se valent !!! Monsieur le Président, Jovenel Moïse, je donnerais ma tête à couper que si c’était votre régime, Tèt Kale, qui était au pouvoir au Vénézuela toutes les richesses du Vénézuela auraient été déjà pillées, dilapidées par le régime et par l'Empire… Monsieur le Président, quel est l'intérêt d’Haïti à l'isolement du Vénézuela sur la scène internationale ? Il est aussi effarant, Monsieur le Président, d'apprendre que la République d'Haïti s’est rangée aux côtés des pays du groupe de Lima ayant voulu par leur « non » empêcher, ce jeudi 10 janvier 2018, l'investiture du Président Maduro, sous pression des États-Unis. C’est une honte pour le pays qui, dans un premier temps avait, bel et bien, salué la victoire du Président Nicolas Maduro qui avait obtenu plus de 67 % des voix, et qui refuse aujourd’hui de supporter celui-ci face à certains pays de la communauté internationale.
Haïti se montre peu courtois envers le Vénézuela qui finance beaucoup de projets en Haïti à travers le programme Pétro-Caribe dont l'argent a été, en partie, investi dans votre campagne électorale, ce qui vous a conduit au pouvoir ; dont l'argent a été, plus fortement, dilapidé par les anciens et nouveaux membres du régime politique dont vous êtes issu : Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Avez-vous encore le moindre souvenir de tout ça, Monsieur le Président? Vous et les vôtres, avez fait d’Haïti une grande République de bananière, où la corruption seule règne… Monsieur le Président, permettez que je vous appelle par le sobriquet que vous aviez adopté lors de votre campagne politique : « nèg bannann nan » ; nous autres de la jeunesse haïtienne, nous aimerions savoir si lumière ne sera pas faite sur la dilapidation des fonds de PétroCaribe qui est une atteinte grave aux droits humains. Monsieur le Président, où est passé l'argent du PétroCaribe ?
Monsieur le Président, Nèg Bannann nan, les Haïtiens se souviennent encore des élections qui vous ont mis au Palais national. Ils se souviennent que celles-ci n’étaient pas crédibles, non transparentes et contestées à la fois. Ils se souviennent que vos sympathisants, si minuscules qu'ils étaient, criaient victoire, en connivence avec certains journalistes médiocres, avant même que le conseil électoral provisoire se prononçait sur les résultats. On n’est pas réellement un peuple sans mémoire comme le croit plus d’un. La majorité des Haïtiens remet en question votre légitimité également ! En dépit de tout cela, les États -Unis et les 18 autres membres de l'OEA qui aujourd’hui contestent l’élection du Venezuela, feignaient de ne rien de comprendre. Car avec vous au pouvoir, la corruption et l’ingérence de n’importe quel pays dans les affaires internes d’Haïti sont assurées.
Dans tout cela, le Vénézuela s'y mêlait-il ? Non !!! Monsieur le Président, Nèg Bannann nan, vous avez dit que la position d’Haïti n'est pas contre le Vénézuela, mais contre la dictature s’y installant. Mais on se le rappelle encore que vous avez été au Vénézuela aux fins de serrer la main au dictateur, de confirmer si le dictateur continuerait à financer des projets au pays à travers PétroCaribe. La démocratie est un débat trop vaste. Elle ne consiste pas uniquement à faire des élections transparentes. Dans un État comme le nôtre, où les gabegies administratives sont choses courantes, où les inégalités sociales se rependent en tout lieu, où la santé et l’éducation sont difficiles d’accès et que le peuple sourit avec souffrance, appelez-vous ça une démocratie, Monsieur le Président, Nèg Bannann nan ?
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OEA-Haiti-Venezuela: Lettre d'un poète au Président de la République | Loop Haiti
Soumise à la rédaction le 17 janvier 2019. À son Excellence Monsieur Jovenel Moïse Président de la République d'Haïti Monsieur le Président, J'hésitais encore à vous écrire, vous parler ...
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