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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Gage Averill, un ethnomusicologue, nous fait découvrir la musique populaire d'Haïti et sa relation avec la politique.

Publié par siel sur 23 Août 2010, 09:31am

Catégories : #CULTURE

J'ai récemment noté la présence d'Haïti et de moments de son histoire, là où l'on ne l'attendait

pas, dans des livres dont les titres ne laissaient pas supposer cette présence.

VOIR Littérature : Duvalier et L'histoire sombre de la coupe du monde de foot

 

Ici c'est un ethnomusicologue, Gage Averill, que je vous invite à découvrir

Gage Averill est Professeur de Musique, Responsable du département de Musique et coordinateur du programme

d'ethnomusicologie à l'Université de New York.

J'avais lu le travail de Gage Averill, au nom et prénom assez inhabituels d'ailleurs, sur le Rara, les musiques vodou.

Puisque deux musiciens de 2 genres différents

see présentaient aux élections présidentielles,

ce rappel du rôle de la musique et des chansons

dans la vie politique haïtienne m'a paru d'actualité.

 

Un titre :" Rara!: Vodou, Power, and Performance in Haiti and Its Diaspora "

dont vous pouvez ici voir la présentation

 VOIRlink

C'est totalement passionnant, mais malheureusement il n'existe pas de traduction française.

 

Un autre titre : "A Day for the Hunter, a Day for the Prey"

 En français : Un jour pour le chasseur, un jour pour le gibier

Voici un extrait de la présentation :

 
 -The history of Haiti throughout the twentieth century has been marked by oppression at the hands of colonial and dictatorial overlords. But set against this "day for the hunter" has been a "day for the prey," a history of resistance, and sometimes of triumph. With keen cultural and historical awareness, Gage Averill shows that Haiti's vibrant and expressive music has been one of the most highly charged instruments in this struggle—one in which power, politics, and resistance are inextricably fused.

 

En français : L'histoire d'Haïti au cours du 20ème siècle a été marquée par l'oppression exercée par un pouvoir colonial et dictatorial. Cependant, contre ce "jour pour le chasseur" s'est opposé le "jour pour le gibier", une histoire de résistance et parfois de succès. Grâce à une connaissance pointue de la culture et de l'histoire, Gage Averill, montre que la musique haïtienne, vibrante et expressive, a été l'un parmi les plus importants instruments de cette lutte- un instrument dans lequel le pouvoir, la politique et la résistance sont inextricablement liés.

 

VOIR http://www.press.uchicago.edu/presssite/metadata.epl?mode=synopsis&bookkey=3613723

 

Par ailleurs, j'ai vaguement suivie une discussion sur le net, où comme d'hab,

la "madonne des zen", -je vous expliquerai ultérieurement

pourquoi je lui donne ce charmant petit nom-

opinait à tort et à travers sur qui était ou pas "intellectuel";

Ce que la madonne des zen ne sait pas.

Et elle ne peut pas le savoir puisqu'il s'agit de productions populaires,

c'est qu'on trouve parfois dans les textes des chansons des réflexions philosophiques

d'une portée et d'une richesse très grandes.

Ces chansons là ont été écrites par des intellectuels, c'est-à-dire

des personnes capables d'analyser la société dans laquelle ils vivent
de conceptualiser

(Un concept est une représentation générale et abstraite d'une réalité.-sources Wikipédia-)

leur pensée et de plus de la tansformer en chanson

de manière à la rendre accessible au plus grand nombre.

Ce travail est celui d'un intellectuel et d'un artiste.

On peut être les 2 à la fois.

Voici une définition du mot intellectuel piquée  encore dans Wikipédia :

"Un intellectuel est une personne dont l'activité repose sur l'exercice de l'intelligence, qui s'engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses, de ses points de vue sur les sujets les plus variés ou pour défendre des valeurs,..."

 

Pour terminer, un extrait  d'une conférence donnée  par Averill en 2003.

Passage assez long . Mais par ces temps de "barbarie intellectuelle"

institutionalisée,

cela fait un bien immense de lire un discours articulé, maîtrisé

s'appuyant sur des recherches sur le terrain

 

Recherche sur le pouvoir dans la musique caribéenne :
le cas d'Haïti, 1985-1995


"La musique joue en Haïti un rôle singulier dans la répartition et la négociation du pouvoir. Du fait, notamment, de la pauvreté et de l’analphabétisme, mais aussi d’un héritage culturel africain, la musique populaire véhicule l’information, constitue, pour les pauvres et les sans-pouvoir, un moyen d’expression critique, et contribue à former l’opinion et le consensus populaires. Mais, de leur côté, l’état et l’élite, en usant tant du patronage que de la censure, ont joué un rôle notable dans le développement musical, et ont su utiliser à leurs propres fins la capacité de la musique à emporter l’adhésion des foules.

Le renversement de la dictature de Duvalier (qui porte le nom populaire de "dechoukaj") et les luttes de pouvoir qui s’ensuivirent dans l’élite, le peuple et l’armée (1987-1995), constituent un cas idéal pour étudier la manière dont la musique populaire joue en contrepoint du discours politique et commente les rapports de pouvoir.

Je vais commencer par examiner les moyens dans la musique populaire Haïtienne pour exprimer la puissance afin de construire une grammaire politico-musicale d’Haïti.

Grammaire politico-musicale d’Haïti.

Le mouvement dit "indigèniste", qui naquit durant l’occupation américaine des années 1915-1934, s’opposa à l’hégémonie des mulâtres clairs et inspira une redécouverte des racines africaines de la culture haïtienne. L’incorporation plus ou moins directe ou allusive de la musique traditionnelle paysanne en milieu populaire urbain a accompagné le mouvement "indigèniste" et s’est poursuivie dans l’œuvre, plus récemment, des artistes mizik rasin. De ce fait, elle est donc presque toujours un acte politique. Pour commenter le présent, ces artistes puisent dans les significations qui constituent les couches sédimentaires de la musique traditionnelle, se référant implicitement aux origines africaines, à l’esclavage, au colonialisme, à l’oppression de classe. Le résultat est un traditionalisme de résistance qui a introduit des manières de dire paysannes dans la musique commerciale urbaine.

On dit d’une personne qu’elle a un moun pa l (littéralement "quelqu’un pour elle") pour signifier qu’elle peut s’appuyer sur quelqu’un de plus haut placé. Beaucoup des Haïtiens pratiquent des stratégies d’alliance et de relations pour se lier à des personnages plus puissants. Il existe ainsi des éloges chantés appelés ochan, Ces chants rendent hommage aux patrons, aux chefs et même aux loa (esprits). Ils sont généralement beaucoup plus "européens" dans leur mélodie, leur rythme et leur texte que la plupart des répertoires haïtiens. Ils négocient un contrat, offrant aux puissants le soutien du groupe des faibles en échange de protection. Example, l’ochan traditionnel, Dessalines mouri kite peyi a pou nou, qui concerne le Général Dessalines, un général et héros de la révolution Haïtienne.

Ex : ochan : "Desalin mouri"

Desalin mouri kite peyi a se pou nou
W ap sonje byen depi lontan
Pou aprann de Desalin
Avèk zanm yo a lamen
Oriyo nanpwen lafwa (x2)
W ap mache ewa a libète o
Se pèp la ki resèvwa pou antre de Desalin
W ap salye a libetè

Bien sûr, il y a des chansons honorifiques ou tributaires qui ne sont pas des ochan. Haïti a une longue histoire de littérature et de chansons commandés, qui rendrent hommage aux personnages puissant. Par exemple, pendant les années trente, sous le Président Stenio Vincent, toutes les bann a pye (les groupes dan la rue) et les orchestres jouaient cette morceau, Merci Papa Vincent. Cet exemple vient de l’année trente-six.

Ex: Chant tributaire: "Merci Papa Vincent"

Se moun ki renmen pèp-la,
Response: Se Stenio Vincent
Ki moun ki bay komès an detay-la? …
Si genyen yon moun ki pi bon….
Nap jwi yon gwo monyouman….
Annou rele
Refrain:
Mèsi papa Vincent

Il est un homme qui aime le peuple
C’est Stenio Vincent
Qui a nous donné le petit commerce?
Si nous avons un homme qui est plus bon…
Il est un monument
Nous appellons
Refrain:
Merci Papa Vincent

Un chan pwen (chanson décapante) est une chanson qui censure, récrimine, critique et dénigre, en général indirectement. Son propos n’est pas d’informer le public d’un événement, mais de donner un sens à celui-ci, de produire des figures rhétoriques qui font apparaître l’humour ou la tragédie d’une situation. Les euphémismes, mots à double sens, métaphores, messages codés, et allusions de toute sorte en font un texte très dense. Par exemple, la chanson, "Anndjelik-o", composé durant la première occupation américaine, s’occupe d’un homme qui demande à sa femme de retourner dans la maison de sa mère. Mais les gens de la rue entendaient que Angélique pouvait substituer aux Américains, et donc le chanson est un grand "allez vous en" aux Américains.

Andjelik o Andjelik o, Ale kay manman ou [deux fois]
Ale kay manman ou, cheri, Pa vin ban m dezagreman

VOIR
:http://lameca.pagesperso-orange.fr/dossiers/ethnomusicologie/averill_fr.html

 

 


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