Comme vous le savez, je diffuse des textes
qui me paraissent intéressants à divers niveaux
afin de faciliter la compréhension des mécanismes
qui ont installé Haïti, au cours des ans, dans son état actuel de délabrement.
Les opinions sont celles des auteurs que, parfois, je me permets de commenter
et d’autres fois pas.
Il m’arrive d’être en désaccord avec les analyses présentées- sans que j'en fasse état-
soit pour des problèmes de fonds et d'autres fois de style.
Certains auteurs haïtiens font, trop souvent,
une overdose de démonisation des acteurs politiques
qui aurait tendance à minorer leurs analyses et qui flirte
avec ce que eux-mêmes dénoncent à tout bout de champ : le populisme.
Disons que cette tendance est un travers haïtien
qui veut voir le diable partout, sauf chez lui.
Ces dernières années cette « diabolisation » a atteint son pic
et même les plus lettrés semblent y prendre une sorte de plaisir
que j’appelerais scatologique.
Scatologique, peut-être parce qu'enfantée
par le mouvement grenn-nanbounda (testicules au derrière)
une mouvance qui a décrété que les grenn (testicules) en Haïti désormais remplaceraient
les neurones.
Je le répète, c’est bien dommage, dans la mesure
où cette manière d’argumenter rabaisse le niveau du débat.
Pire, diaboliser l’adversaire ou l’opposant, se fait au dépens de l'argumentation
en mettant en avant des rumeurs
qui seront par la suite reprises dans un cercle -proprement infernal-
dont sinon l’objectif, mais en tous les cas le résultat
est de dissimuler la réalité objective des rapports de classe
derrière des fumées d’anecdotes, de suppositions
d’ailleurs diffcilement vérifiables.
D’autant plus que, la partie économique avec ces acteurs locaux et internationaux,
premiers responsables de la situation de déshumanisation systématique
des masses haïtiennes est totalement négligée dans ces analyses.
Un exemple, je n’ai pas lu un seul article ( à part un récent texte brillant sur le dernier Haïti en Marche)
sur les ressources minières d’Haïti,sur les contrats passés avec Eurasian Minerals,
sur le fait que d’après certains experts les ressources d’Haïti en or
seraient bien plus importantes que celles du Canada,
ou bien sur la fonction exacte du bureau des Mines,
sur le rôle de son directeur par rapport au séisme
et ces déclarations contradictoires par rapport aux ressources d’Haïti .
Ces questions n’ont été abordées par aucun des candidats,
ni par les journalistes au cours des débats,
ni par ceux qui tiennent des chroniques régulières dans les média haïtiens.
Je crois qu'il y a qu'en Haïti qu'on peut assister à un tel phénomène
d'autocensure.
Pourquoi cette ormeta sur un sujet au cœur du développement d’Haïti ?
Absence de journalistes d'investigation ?
Peur des représailles ?
Les intellectuels et artistes haïtiens progressistes devraient, à mon avis,
mettre fin radicalement à cette pratique de démonisation totalement puérile
qui les dessert, entâche leur crédibilité,
entretient la culture dite de la « basse inteligentsia »
telle que décrite par notre chère Hannah Arendt.
et donne une très mauvaise image de la gent intellectuelle haïtienne
(je veux dire celle qui prend la parole)
qui apparaît comme une bande d'hystériques
toujours plus ou moins au ras du caniveau.
Il faut laisser ces pratiques
à ceux qui n’ont rien d’autre à proposer comme arguments
que démonisation, manipulation, intimidation , mensonges, insultes et ragots.
C'est le monde du tea party à l'haïtienne,
le monde pauvre et mesquin de "la Madone des zen"
et de ses disciples.
Sinon, on risque vite d'être perçu soit-même
comme le reflet de ce qu’on dénonce.
C'est-à-dire à être assimilé à un simple prétendant opportuniste.
A un "pousse-toi que je m'y mette".
Parce que, comme disait le regretté Aimé Césaire :
« Il n'est pas toujours bon de barboter dans le premier marigot venu… »
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