Kadejak en créole haïtien signifie viol.
Il paraîtrait, d'après un ami, que le mot vient d’un violeur nommé Cadet Jacques
Comme on dit en France frigidaire pour réfrigérateur à partir
du nom de la marque.
Tout d''abord, voici le communiqué de la Banque centrale d'Haïtilink
qui impose une taxe sur les transferts à partir
du 1er juin.
Lisez-le attentivement.
A aucun moment, il n'est mentionné dans ce communiqué officiel
l'utilisation de ces taxes pour alimenter un quelconque fonds de l'Education.
Voici ce qui est écrit :
"Des frais de test, de certification, d'utilisation et d'inspection de 1.50 USD seront appliqués par transaction pour les services de paiement et d'accès en différents points à travers le pays."
Ce qui est écrit là,
c'est que cette taxe devrait servir
à financer les dépenses de la banque pour les"tests, certifications, d'utilisation et d'inspection"
Ce qui nous laisse dans le flou le plus total.
A quoi renvoient "utilisation et d'inspection "?
Le communiqué dit aussi "par ailleurs..."
J'aime bien le "Par ailleurs"
qui annonce,
comme dans les contrats d'assurance,
la petite clause discrète que vous ne lirez pas
et qui, en réalité, contient l'essentiel.
Voir la définition de "par ailleurs" :link
Donc "Par ailleurs", c'est à dire d'un autre point de vue.
Celui des banques.
"Par ailleurs, les dits frais ne seront pas applicables
sur les transferts effectués par les banques pour leur propre compte."
Je ne sais pas si vous avez conscience du montage.
La banque centrale taxe les transferts des particuliers et des entreprises
"Autrement dit, les transferts pour les entreprises
et les particuliers sont donc visés par ces frais."
Mais pas ceux des banques :
"les dits frais ne seront pas applicables sur les transferts effectués par les banques pour leur propre compte."
L'un des arguments avancés par ceux favorables
à cette taxe, c'est qu'elle opérerait une surveillance
pour freiner le blanchiment d'argent.
Or, si cette mesure ne s'applique pas
aux banques qui peuvent directement
recevoir de l'argent de x ou y de la diaspora
ou de l'intérieur,
on peut s'interroger sur son impact
en matière
de surveillance du blanchiment d'argent.
X peut ouvrir un compte en banque
en Haïti et y déposer une somme
d'argent liquide disons fruit
d'un trafic illégal
sans que la BRH (Banque de la République d'Haïti)
n'y mette son nez.
Quant aux transferts des entreprises qui seraient également visées
par cette mesure
Disons que c'est du bluff
Les grandes entreprises
n'opèrent pas par transferts.
Elles travaillent de banque à banque.
Elles ont toutes des comptes en banque
à l'étranger.
Vous croyez, par exemple que WIN, le nouveau groupe de Bigio
opère des transferts d'argent ?
Ridicule.
Cette mesure vise en réalité à ponctionner :
1-Les petites et moyennes entreprises.
Y de la diaspora qui a un petit commerce
d'import-export
géré par
sa famille sur place
et qui permet à cette famille
de survivre
et
pour les dépenses afférées au commerce : alimentation du stock, réparations,etc.
2- Les particuliers.
C'est-à-dire la masse des émigrés
pauvres et de la petite classe moyenne
qui envoient des petites sommes
régulièrement à leurs familles.
Or, vous n'êtes pas sans savoir
que crise économique aidant,
les gens de la diaspora
disposent de moins d'argent.
Enlever une taxe d'un montant de 1,50$ US
sur chaque transfert,
c'est carrément faire reposer sur le dos
des plus pauvres
-ceux qui envoient de l'argent
chez eux et ceux qui le reçoivent-
les frais de la BRH
et sans doute les salaires de ses employés.
Cette opération s'apparente à de la violence sur personne
non consentante
D'où mon utilisation du terme "kadejak", viol
pour la qualifier.
D'autant plus que, comme signalé,
aucune mention d'un pseudo fond pour l'éducation
n'apparaît dans le communiqué de la BRH.
Ce "kadejak" rappelle de mauvais souvenirs
tels que les pratiques
d'extorsion de fonds sous Duvalier JCl
comme les taxes consulaires.
VOIR Haïti Dix ans d'Histoire secrète, La tournée de Ti-Pouch
On ne sait pas où sont allées les taxes consulaires
récoltées par Ti-Pouch
Ce qu'on sait, c'est qu'elles n'ont pas été utilisées
au bénéfice de la population.
Les défenseurs de cette taxe
faisant circuler de la désinformation (article de la presse jamaïcaine)
et utilisant les attaques ad hominem
pour faire taire les critiques. (technique de salissement rodée du Baron de Bourdon de Grand Renard)
je reviendrai sur cette question
de transferts pour apporter d'autres éléments.
Il s'agit d'une "expérimentation"
où Haïti, encore une fois, semble
être utilisée comme le pire "laboratoire"
de la prédation et de la cupidité
à l'encontre des + pauvres.
Faute de syndicats, d'intellectuels engagés
et d'organisations/partis progressistes.
Car la manne des transferts
intéresse tout particulièrement
les entreprises privées
qui cherchent depuis quelques temps déjà - pas en Haïti seulement-
à en faire un butin de guerre.
C'est-à-dire imposer un contrôle à l'argent
de la diaspora
soumettre la diaspora
à leurs propres projets.
Empêcher les initiatives personnelles.
George Anglade avait bien analysé le problème.
Nous y reviendrons.
Peuple haïtien, tiens bon.
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