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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


LeMonde Diplo, Soif de Justice en Haïti,Par Gilles Danroc et Daniel Roussière

Publié par siel sur 8 Septembre 2010, 09:43am

Catégories : #AYITI EXTREME DROITE

L'article date de 1997. 

Il montre la force de l'extrême droite en Haïti.

Financiers et auteurs de coups d'Etat,

de massacres de civils et de meurtres ciblés.

restent impunis.

 

Ce sont ces mêmes gens là, ex Fraph, 

ex-militaires, mercenaires, attachés,

collaborateurs de la CIA, de l'IRI,

de la NED,de l'USAID

qui sont de tous les mauvais coups,

sous tous les gouvernements.

depuis que Duvalier Jean-Claude

a été accueilli  les bras ouverts par la France.

 

La mission  de ces mercenaires  est  de maintenir 

quel que soit le prix à payer  pour la population, le statu quo

pour  défendre les intérêts des commerçants de l'import,

ceux des patrons des sweatshops et ceux de l'international.

 

La plupart des Haïtiens, politisés ou pas

lettrés ou pas

ne comprennent pas l'étendue des réseaux de l'extrême droite

et l 'importance de son rôle

dans la déstabilisation d'Haïti.

 

Ils n'ont pas cette  maturité politique

qui leur permettrait d'analyser le rôle joué

par ces réseaux

comme dans les autres pays de l'Amérique latine

dont l'histoire a été marquée par la violence institutionalisée.

 

C'est pourquoi, ils sont les premiers à tomber dans le piège

du mot d'ordre d'amnistie et de réconciliation

dont l'objectif  est de permettre aux criminels de se perpétuer.

de se refaire une petite santé

et de recommencer, comme si de rien n'était, à tuer.

 

Ils ne sont pas capables de comprendre qu'Haïti

n'est pas un isolat,

mais qu'au contraire elle se trouve au sein même de la violence

de cette extrême droite

qui, de Katarina à la Nouvelle Orléans,

en passant par le coup d'Etat du Honduras

jusqu'à Haïti

est la même.

 

Encore une fois, il faut lire le livre d'Ellroy Underworld America

pour se rendre compte de la monstruosité de cette extrême droite

qui n'hésite devant aucun crime.

 

Par exemple, en 2004,

ces réseaux ont infiltré les mouvements étudiants

via les intellectuels et artistes (notamment les groupes Racine)

qui moyennant pécule, ont participé activement (et participent encore)

à la restauration macoute qui se manifeste, entre autres,

par la réapparition des Cinéas,

Estimé Jean Robert et autres parangons des valeurs macoutiques.

par la bilbiothèque Mme Max Adolphe,etc.

par la disparition de Lovinsky Pierre qui précisément

travaillait sur une exposition de ces crimes de l'extrême droite

devant un tribunal international.

 

Le boulot des nouvelles générations sera de mener une lutte

franche et active contre cette idéologie

 cancer qui depuis 1957 a provoqué moult métastases

dans  tous les coins, recoins, interstices, pores de la société haïtienne.

Les postsur les forums haïtiens.

 

 

 

L’impunité, mal endémique de l’Amérique latine
Soif de justice en Haïti

Raboteau, le bidonville tristement célèbre situé à proximité de la mer, aux confins de la ville des Gonaïves, fait une fois de plus parler de lui. Immédiatement après le coup d’Etat qui exila le président Jean-Bertrand Aristide, l’armée du général Raoul Cédras y avait semé la terreur par un premier massacre, le 2 octobre 1991. Le 22 avril 1994, l’armée et les bandes paramilitaires du Front révolutionnaire armé pour le progrès haïtien (FRAPH) prennent au piège, pendant la nuit, la population du bidonville. Milices armées et militaires en uniforme tirent dans les rues, défoncent avec rage les portes des maisons, torturent, tandis que des habitants fuient vers la mer. C’est là que d’autres militaires et membres du FRAPH, à l’affût dans des barques, tirent sur la foule.

La Commission justice et paix des Gonaïves estime à « plus d’une vingtaine les tués à terre et sur la mer, à plus de 200 les personnes torturées et battues dont des femmes et des enfants, à plus d’une centaine les maisons saccagées et pillées, à plus de 5 000 les personnes ayant dû fuir le quartier après le massacre  (1) ». La Commission nationale de vérité et justice (CNVJ) déclare, de son côté, qu’une estimation de « soixante à cent personnes tuées (...) est raisonnable » et conclut : « La Commission est d’avis que les militaires des Gonaïves assistés d’attachés  (2) et de membres du groupe paramilitaire du FRAPH, sous la direction du chef de l’unité tactique, sont responsables des violations [des droits humains] (...). Vu l’ampleur de l’opération, la responsabilité fonctionnelle du commandant du département de l’Artibonite peut aussi être retenue. Par son caractère massif et systématique, ce massacre (...) pourrait aussi être considéré comme un crime contre l’humanité, ce qu’une enquête judiciaire confirmerait.  (3) » Dès lors, les événements se précipitent : le 31 juillet 1994, le Conseil de sécurité des Nations unies prend la résolution 940 autorisant une Force multinationale, sous supervision de l’ONU et sous commandement américain, à rétablir la paix en Haïti. Le 18 septembre 1994, 20 000 « marines » débarquent et, le 15 octobre 1994, le président légitime, M. Jean-Bertrand Aristide, est réinstallé dans ses fonctions. Le 17 décembre 1995, son successeur, M. René Préval, sera élu démocratiquement.

L’étrange paradoxe s’énonce de façon limpide : les « marines » américains, en septembre 1994, sont venus démonter l’armée d’Haïti que les Etats-Unis avaient organisée lors de l’invasion de 1915-1934. Le coup d’Etat du général Cédras avait échoué dans la tentative de mise en place d’une démocratie de façade. Avec le retour du président Jean- Bertrand Aristide, les Etats-Unis abandonnent leur ancien allié, l’armée rapidement démantelée, et entament une nouvelle stratégie de contrôle : un savant cocktail d’économie libérale, de dépendance économico-culturelle et de discours de réconciliation nationale.

La Plate-forme des organisations de défense des droits de l’homme a publié le chiffre de près de 5 000 morts, durant le coup d’Etat, dans ce petit pays de 7 millions d’habitants. La CNVJ a recueilli près de 8 000 plaintes malgré un laps de temps limité à neuf mois. La Mission d’observation des droits de l’homme de l’ONU a également publié ses conclusions. Bien sûr, deux procès d’assassins présumés ont déjà eu lieu, mais sans aucune préparation sérieuse du ministère de la justice : procès bâclés, qui ont abouti à la condamnation de quelques comparses, voire à l’acquittement de M. Bob Lecorps dans le cadre du jugement sur l’assassinat du ministre de la justice Guy Malary. Ces parodies ont révolté la population mais ont surtout manifesté l’incapacité du gouvernement en matière de justice.

Aux alentours du 7 février 1998, douze ans après le départ du dictateur Duvalier, le commissaire de police de Mirebalais a été brûlé vif par la population en colère. La communauté internationale poursuit sa demande incantatoire d’ « avancées significatives dans le domaine de la justice » et son indignation à répétition devant « la justice populaire expéditive (4) ».

Le procès des assassins de Raboteau, prévu pour 1998, est annoncé par le président en exercice comme le grand procès du coup d’Etat. Le juge d’instruction des Gonaïves a lancé un mandat d’arrêt contre l’ex-lieutenant général Raoul Cédras ainsi que contre l’ex-lieutenant colonel Michel François, ancien chef de la police, en tant qu’auteurs intellectuels des crimes qui s’y sont déroulés. Conformément à la recommandation de la CNVJ (5), des mandats d’arrêt ont également été lancés contre huit membres du haut état-major de l’époque.

Entreprise de longue haleine, la préparation, quoique très lente, avait très bien commencé. La Commission justice et paix du diocèse des Gonaïves, non sans risque, avait opéré un long et minutieux travail de surveillance de la répression dans ce quartier, tout au long du coup d’Etat. Puis, sur ces bases crédibles et d’autres investigations, la CNVJ avait mené son enquête, et remis son rapport officiel au président Aristide, le 5 février 1996.

Ce rapport, à la grande déception de tous, est étrangement resté, durant de très longs mois, caché dans les tiroirs du ministre de la justice, M. Pierre-Max Antoine. Après de nombreuses protestations, celui-ci ne l’a publié qu’au compte-gouttes. La population et les nombreuses victimes attendent toujours sa diffusion en créole. La majorité des recommandations finales n’ont pas été mises en œuvre. D’anciens bourreaux ont occupé des fonctions dans la nouvelle police nationale ou encore comme gardiens de prison : l’un d’eux était même dans le corps de sécurité du palais national alors que, pourtant, son nom figurait dans l’annexe 4 du rapport final CNVJ (page 1-b code P 0402). Pourtant une Commission vérité, sans compétence pénale, ne peut être efficace qu’en informant largement la société civile et en transformant véritablement le système judiciaire ainsi que le fonctionnement des administrations. Rien n’y a fait, la paralysie, l’inertie et le laxisme demeurent.

Après la comédie des procédures bâclées - procès des assassins d’Antoine Izméry, de Claude Museau, de Guy Malary (6) -, les victimes de Raboteau exigent un procès sérieux. Pour commencer, elles ont eu le courage de porter plainte (plus de 50 procédures entamées) et ont trouvé un appui auprès de la Commission justice et paix de l’Eglise catholique des Gonaïves et de deux organisations populaires de ce bidonville. Les premières arrestations d’anciens militaires, jusque-là considérés comme intouchables, ont déclenché un véritable assentiment populaire. La peur changeait de camp.

A vrai dire, le président Aristide, sous la pression internationale, a dû concéder une amnistie aux putschistes, mais uniquement en matière politique (art. 147 de la Constitution). Cette amnistie ne couvre pas les délits, les crimes de droit commun, et ne protège pas les responsables des violations des droits humains contre d’éventuelles poursuites judiciaires civiles. De plus, l’obligation de poursuite existe en cas d’infractions graves au droit international humanitaire et, de toute manière, les victimes ayant décidé elles-mêmes de porter plainte, le juge d’instruction motive le mandat d’arrestation des anciens militaires par la « constitution d’association de malfaiteurs ».

Il a fallu la détermination personnelle du président René Préval, par-dessus la tête des instances concernées, pour aboutir à de premiers et trop timides résultats, à quelques timides arrestations (25 sur une cinquantaine qui devraient être effectuées). Les principaux auteurs intellectuels des massacres n’ont pas encore été arrêtés. Les plus hauts gradés se sont expatriés, leurs biens n’ont toujours pas été mis sous scellés en attendant le jugement. Le général Cédras coule un exil doré à Panama : ses anciennes maisons ont été louées pour des sommes coquettes par le gouvernement des Etats-Unis lui-même.

Quant à l’ancien chef de la police, M. Michel François, il se trouve à l’abri au Honduras. Arrêté le 6 mars 1997 à Tegulcigalpa, à la demande des Etats-Unis, pour implication dans un important trafic de drogue transitant par Haïti, devenue alors plaque tournante de la drogue, il a été libéré le 22 juillet par la Cour suprême du Honduras, qui refuse de l’extrader. Si le gouvernement haïtien se décide à demander les extraditions du haut état-major de l’ancienne armée, en exil, obtiendra-t-il gain de cause ? Le système politico-judiciaire du continent américain demande d’une main ce qu’il refuse ou protège de l’autre.

La corruption, l’incompétence règnent sur l’appareil judiciaire. Pourtant, à Raboteau, la société civile tient bon et les obstacles sont courageusement surmontés, malgré les pressions ou les menaces. Mais ces victoires ne risquent pas de faire tache d’huile (7). Ailleurs, les victimes ont toujours peur de porter plainte, le parquet a peur de mener les enquêtes, et les policiers peur d’arrêter les grands criminels...

Qui peut aider la société civile à mettre sur pied un Etat de droit (8) ? Sûrement pas Washington ! Car au moment même où le gouvernement des Etats-Unis demande au Honduras de lui livrer M. Michel François, il refuse d’extrader l’ancien dirigeant du FRAPH, M. Emmanuel Toto Constant, arrêté puis libéré à New York, au motif que la justice haïtienne n’est pas fiable... Ce même gouvernement refuse de restituer à Haïti les documents d’archives volés par ses troupes, sous la supervision de l’ONU, conformément à l’article 5 de la résolution 940 du Conseil de sécurité, en octobre 1994. En tout 160 000 pages et documents audiovisuels de première importance ont été saisis dans les locaux du FRAPH et au grand quartier général de l’armée puis transférés à Washington.

L’ONU, seule instance responsable de ces dossiers, n’a pas demandé à les conserver dans ses bureaux pour les remettre au gouvernement haïtien. Malgré des demandes réitérées de Port-au-Prince (et de la population), Washington, tout en reconnaissant que ces documents sont bien la propriété de l’Etat, n’accepte de les remettre qu’expurgés « de tous les noms de citoyens américains ou amis des Etats-Unis. »

L’affaire est d’importance, car il s’agit des seules traces écrites et visuelles démontant les mécanismes du terrorisme d’Etat et pouvant permettre de mener une véritable enquête, de faire un vrai procès du coup d’Etat et, donc, de lutter contre l’impunité.

Le dirigeant du FRAPH a reconnu, comme M. Raoul Cédras, émarger au budget de la CIA. La plupart des assassins de haut vol ont la double nationalité haïtiano-américaine. L’ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince, M. Leslie Swing, a admis, à propos des archives, qu’il s’agissait d’un vol pur et simple. Le secrétaire général de l’ONU se tait. Le puissant voisin impose une impunité générale pour ses anciens complices sur tout le continent. D’autant, en ce qui concerne Haïti, qu’il a lui-même remis en fonctions le président légitime...

La société civile, remise en alerte par la Commission justice et paix des Gonaïves, se tourne vers l’ONU et vient de lancer, avec la Fondation 30 septembre des victimes du coup d’Etat, un mot d’ordre de mobilisation internationale. N’est-ce pas sous le mandat de l’ONU que l’armée des Etats-Unis est entrée en Haïti ?

http://www.monde-diplomatique.fr/1998/05/ROUSSIERE/10473

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