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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Mondediplo.Crédibilité des perroquets. Par Serge Halimi.

Publié par siel sur 21 Octobre 2013, 14:53pm

Catégories : #INTERNATIONAL

Crédibilité des perroquets

par Serge Halimi, octobre 2013

N’importe qui peut dire et écrire n’importe quoi. En particulier sur les Etats-Unis. En moins de six mois, ce pays vient donc de passer du statut de Phénix remplumé (reprise économique, indépendance énergétique, domination des multinationales de l’informatique, résurrection de l’industrie automobile) à celui d’empire déclinant, amoindri par le comportement jugé velléitaire de son président (1).

Désormais, disserter sur l’« étrange faiblesse de l’Amérique (2) » est devenu une petite industrie. Dans le cas de la Syrie, le président Barack Obama aurait en effet nui au crédit de son pays en ne lançant pas, comme l’espéraient passionnément Paris et quelques stratèges de génie(lire « Cinglante débâcle de la diplomatie française »), une opération militaire supplémentaire contre un Etat arabe. Le terme choisi par tous les perroquets est celui de « crédibilité » (3).

Alors, voyons... La guerre du Vietnam fut décidée par John Kennedy et par Lyndon Johnson au prétexte d’empêcher la chute d’un « domino » de plus dans l’escarcelle communiste, soviétique ou chinoise. Pour les Etats-Unis, c’était alors une question de crédibilité. Trois millions d’Indochinois périrent. En 1979, quatre ans après la déroute de Washington, Pékin et Hanoï s’affrontaient militairement…

Manigancée par M. George W. Bush, la guerre d’Irak devait punir un régime accusé d’appartenir, comme l’Iran et la Corée du Nord, à l’« axe du Mal ». Pour les Etats-Unis, c’était alors une question de crédibilité. Aujourd’hui, l’Irak est détruit et le pouvoir installé à Bagdad par les soldats américains n’a jamais été aussi proche de Téhéran.

« Je ne suis pas contre toutes les guerres, mais je m’oppose à une guerre stupide », expliqua en octobre 2002 un jeune sénateur nommé Obama, hostile à l’équipée irakienne de son pays. Elu président, il intensifia cependant une « guerre stupide » en Afghanistan avant de devoir battre en retraite.

Dans le cas de la Syrie, les va-t-en-guerre lui ont demandé de se ressaisir. Il devait tout à la fois violer le droit international en recourant à la force sans autorisation du Conseil de sécurité ; se dispenser de consulter le Congrès ; puis, une fois que la Maison Blanche l’eut sollicité, passer outre au cas où son avis lui serait contraire ; enfin, lancer une opération militaire avec l’appui d’un nombre d’alliés infiniment plus restreint que la « coalition des volontaires » de M. Bush.

Mieux, le président des Etats-Unis était sommé d’engager cette aventure contre la volonté d’une majorité de ses concitoyens, dont certains redoutent que l’armée américaine devienne en Syrie l’« aviation d’Al-Qaida (4) ».

M. Obama a hésité. Puis il paraît avoir conclu que sa crédibilité survivrait pendant quelque temps au refus d’engager une nouvelle « guerre stupide » au Proche-Orient.

Serge Halimi

(1) Dans «  Les Etats-Unis saisis par le polycentrisme  » (L’Atlas du Monde diplomatique2013), Benoît Bréville analyse le caractère répétitif du thème du déclin américain.

(2) Dominique Moïsi, «  L’étrange faiblesse de l’Amérique face à Vladimir Poutine  », Les Echos, Paris, 16 septembre 2013. En 2003, Moïsi avait soutenu la guerre d’Irak.

(3Cf. Mathias Reymond, «  Conflit en Syrie : les éditocrates s’habillent en kaki  », Acrimed, 23 septembre 2013.

(4) Selon l’expression de l’ancien député de gauche de l’Ohio, M. Dennis Kucinich.

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Commenter cet article

S
<br /> Ce pauvre Obama n'est certainement pas méchant mais il n'a que certaines prérogatives en tant que président, en politique intérieure il a son parlement, et en politique extérieure ou en<br /> économie il doit composer avec les forces occultes, une sorte de Conseil des Mollahs mais en plus opaque. Ce sont ces conseillers économiques, financiers et militaires qui ne sont pas nommés<br /> par lui mais imposés par les lobbys militaro-industrialo-financiers. Ces messieurs sont inamovibles et d'ailleurs en place depuis l'époque de Bush. A propos de la Syrie, Obama a du remercié<br /> Poutine de l'avoir sorti de cette mauvaise passe ! La loi qui autorise les entreprises à financer les campagnes électorales sans controle et sans limite n'arrangera pas les choses de cette<br /> démocratie qui glisse doucement et sans se l'avouer dans la ploutocratie.<br />
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