Je vous ai présenté le portrait fait par diverses rédactions de 4 présidents de l'A. Latine appartenant à la gauche. Portraits réalisés au moment où ces hommes accèdent au pouvoir.
Qui sont ces hommes ?
Comment en sont-ils venus à la politique ? Quelles sont les idées qui structurent leurs programmes politiques ?
Portrait d'Evo Morales, Président de Bolivie. Par France Culture
Portrait de José Mujica, Président de l'Uruguay Par Piau/Carol Pires
Portrait du Président du Venezuela, Nicolas Maduro. Par Luis Hernández Navarro
CourrierInternational.Le président Mujica vu par Kusturica
Nous nous proposons de répéter l'exercice, cette fois avec des présidents issus de la droite
Portrait d'Horacio Cartes nouveau Président du Paraguay. Présenté par Lapresse.ca .
Portrait de Sebastian Piñera, président du Chili. Présenté par Reversus.
JUAN MANUEL SANTOSLa politique, le pouvoir et rien d’autre
Si la vie était une partie de poker, on pourrait dire que Santos joue les cartes qu’il se prépare depuis cinquante-huit ans. Juan Manuel est parti dans la vie avec un jeu exceptionnel. Il est le troisième de quatre frères, nés dans l’une des familles les plus puissantes et les plus influentes de Colombie. Son grand-oncle, Eduardo Santos, fut président de la République et fondateur du quotidien El Tiempo, journal dont son père, Enrique Santos, fut rédacteur en chef et auquel presque toute sa famille est liée.
A 24 ans, il fut nommé représentant de la Colombie à l’Organisation mondiale du café. Il y resta sept ans et profita de cette période pour passer une maîtrise à la London School of Economics. En rentrant dans son pays, en 1983, il fut nommé sous-directeur du journal de sa famille. Santos a quitté le journalisme quelques années plus tard, lorsque César Gaviria [libéral, président de 1990 à 1994] l’a nommé ministre du Commerce extérieur. En 1993, il réussit à se faire élire par le Sénat vice-président de Gaviria. “Ce fut l’instant le plus heureux de sa vie”, raconte l’un de ses amis.
Mais, sans doute porté par un excès d’ambition et par le vertige et l’instinct du gros parieur, Juan Manuel Santos a fini par se forger une image de conspirateur – notamment en 1997, lorsqu’il prit l’initiative de contacter Carlos Castaño [le chef de la plus puissante organisation paramilitaire d’extrême droite] pour lui proposer un processus de paix simultané avec les milices d’autodéfense et la guérilla, dans le cadre d’une éventuelle transition politique. Bien que Santos ait toujours affirmé que ce n’était pas une tentative de coup d’Etat, mais plutôt un plan de paix, il est en réalité évident qu’il a pris cette initiative sans l’aval du président Samper, voire contre lui. Cette initiative fut sans doute la plus grande erreur politique de sa vie. Il est ensuite entré dans le gouvernement d’Andrés Pastrana [1998-2002] à un poste marginal, comme accompagnateur du processus de paix. Entre-temps, il a cherché à se réinventer en tenant une chronique dans El Tiempo, en développant sa fondation Buen Gobierno et en écrivant un livre, La Tercera Vía [La troisième voie], qui bénéficia de l’imprimatur de Tony Blair. Quand Pastrana proposa de dissoudre l’Assemblée nationale et que celle-ci en retour proposa de révoquer aussi le président, Santos sut aussitôt tirer parti de la crise du pouvoir. Offrant ses bons offices pour jouer un rôle de médiateur, il finit par être nommé ministre des Finances, un poste qu’il obtenait à point nommé.
Puis Alvaro Uribe lui confia le portefeuille de la Défense – exactement ce qu’il cherchait. Loin de se cantonner à un simple rôle d’administrateur, il s’est pleinement investi dans la stratégie militaire.
Il a pris de très gros risques, fondés sur la confiance qu’il fait à ses subalternes. Le plus gros fut de décider d’aller bombarder Raúl Reyes [le numéro deux des FARC] en territoire équatorien [le 1er mars 2008]. Cette opération, tout comme l’opération Jaque [qui permit la libération d’Ingrid Betancourt le 2 juillet 2008] – pour laquelle l’armée usurpa des emblèmes humanitaires – et d’autres de moindre envergure, a confirmé que, pour Santos, la fin justifie les moyens. Et si tout le monde sait que Juan Manuel est un bon joueur, reste à savoir si son jeu est propre. Une question que beaucoup se posent à propos des exécutions de civils [que l’armée a fait passer pour des guérilleros morts au combat] qui ont eu lieu alors qu’il était ministre de la Défense. Même si Santos, anticipant l’enquête judicaire, a limogé 27 militaires, dont trois généraux.
Son expérience dans des domaines comme l’économie, la politique et la défense inspirent confiance, notamment aux investisseurs, qui connaissent son sérieux en matière de gestion des affaires publiques et son audace. D’autres, en revanche, voient dans le personnage un loup déguisé en brebis, pour qui le pouvoir est une fin en soi, et estiment qu’il est sans scrupule. Ces élections sont le pari de sa vie.
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