« Mon opinion demeurera, même si cela doit m'exposer à l'ire redoutable de certains de mes concitoyens haïtiens, que nous avons commis un sacrilège qui marquera le devenir de notre histoire de peuple au même titre que le crime de Pont-Rouge. Exagération d'homme de Lettres qui se flatte de ne rien comprendre des fois à la façon dont cette histoire se déroule, oui, peut-être ! Indignation d'un Haïtien de l'ancienne génération, obtus au point de ne pas être capable de comprendre, encore moins d'accepter en silence, l'irrationalité des plus instruits de ses compatriotes, chaque fois qu'ils sont interpellés par notre histoire, je ne peux ni ne veux plus le cacher ». Cela dit, ce livre se veut tout autre chose qu'un pamphlet politique. L'auteur, avant tout un critique littéraire, y base ses conclusions sur une lecture, à différents degrés, des comportements et des discours des acteurs venant de tous les horizons, qui à un titre ou à un autre ont joué un rôle déterminant dans l'échec de la commémoration du Bicentenaire d'Haïti. Les causes de cet échec sont certes d'ordre conjoncturel, comme le montre la dégradation ahurissante du caractère haïtien. Mais toute quête vers l'espoir d'un renouveau devrait commencer par la mise en accusation de l'histoire nationale bicentenaire. Joseph Ferdinand
Intéressant.
C'est la première fois qu'un auteur questionne ce discours.
J'espère qu'il aura pu engranger l'ensemble des paroles, pas seulement écrites, mais aussi celles diffusées sur les radio pour légitimer ce que je considère comme un deuxième assassinat de Dessalines.
Car, il ne faut pas se voiler la face. Derrière le "dechoukaj" d'Aristide, ce qui était visé, c'est le nannan même, le coeur de l'histoire d'Haïti, sa lutte victorieuse contre le système esclavagiste.(la demande de remboursement de la dette )
Il s'agissait une fois de plus, d'assassiner Dessalines, figure emblématique de cette lutte.
Et cette analyse fait sens.
A voir la tenue de Martelly (bottes et jean) et de ses sbires Tèt Kale à la commémoration de la mort de Dessalines à Dessalines-Ville.
il s'agissait, sciemment, en banalisant cette commémoration de porter atteinte à une personnalité symbolique de l'indépendance d'Haïti.
Martelly et sa bande à la messe de commémoration de la mort de Dessalines dans l'église de Dessalines-Ville.
A part, quelque oh et ah de feinte ndignation, il est à noter que personne n'a essayé de décrypter le pourquoi du choix vestimentaire de Martelly et de sa cohorte en pareille circonstance.
Les intellectuels médiatisés, primés et sur-primés, comme d'hab, ( voir leur silence assourdissant sur la question de la dénationalisation des Dominicains d'origine haïtienne) ont été aux abonnés absents.
Après leur coup de 2004, une fois les récompenses engrangées, ils sont retournés à la littérature.
Déplorant même, les hypocrites, qu'on veuille leur faire parler de la situation socio-politique d'Haïti, leur fond de commerce pourtant, quand ils sont invités sur les télés de l'Hexagone pour présenter leurs ouvrages.
Le livre de M. Ferdinand nous apportera t-il un éclairage sur les raisons de ce boycott par la majorité de ceux qui se revendiquent d'être des penseurs, écrivains, artistes et des organisations de la société civile haïtienne ?
Comme vous le savez, cette opération de "dechoukaj de la dignité" est un truc que je n'ai toujours pas digéré.
Dix ans plus tard les plaies ne sont pas cicatrisées, d'autant plus que les conséquences de cette infamie ont été l'occupation du pays -réclamée par les Haïtiens eux-mêmes- et le retour, non plus officieux ( commencé sous Aristide et Préval) mais officiel des militaro/ macouto/duvaliéristes avec le gouvernement rose et bicéphale des Tèt Kale, voulu par la communauté dite internationale.
Ce comportement infantile des intellectuels médiatisés, mis à part l'appât du gain et des prix ( qui joue un rôle à ne pas mésestimer) et la singerie de leurs collègues français (à ne pas mésestimer non plus le plaisir de se retrouver sur la même longueur d'ondes que les maîtres) en chasse contre ce qu'ils appellent le populisme (laquelle chasse a offert à Marine Le Pen une victoire aux élections européennes), reste un grand point d'interrogation.
Cependant, le constat de leur inertie et leur complicité ( qui ne dit rien approuve) face aux dérives de Martelly, des analyses indigentes comme celle de Duval éditorialiste au seul quotidien haïtien, offrent un début de réponse.
Ils sont totalement à côté de la plaque.
Entraînés qu'ils sont dans un délire "schizophrénique" à la Franck Etienne, alimenté par une forte nostalgie de la dictature, d'un monde fermé qui se mord la queue comme le serpent, dont ils seraient les observateurs privilégiés.
Se figurent-ils, une seconde, ce que signifie la transition démocratique avec ses heurs et malheurs, après plus de 35 ans d'oppression ?
Non.
Comme des midinettes, des lecteurs du magazine Voici, ils rêvent, ces intellectuels médiatisés, de reconnaissance, d'amour et de gloire.
Gloire dont ils ont eu un petit aperçu en 2004 et en 2010 à l'occasion du tremblement de terre.
Reste la question lancinante : comment sommes-nous arrivés, dans ce pays qui compte des têtes comme Firmin ou Jacques Stephen Alexis, et bien d'autres, à avoir une minorité de lettrés aussi déraisonnables au 21ième siècle ?
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