Pourquoi les journalistes haïtiens sont-ils si peu professionnels ? Parce qu'ils sont "kòkòt ak figawo", cul et chemise, avec les politiciens réactionnaires et dépendent de leurs employeurs tout aussi réactionnaires.
De V. Numa, en passant par Duval et Robertson Alphonse du Nouvelliste pour atterrir à la bande de Radio-Caraïbes et celles de L. Désir, Guerrier Henri, GPPC et consorts, le peuple haïtien est pris dans un filet de désinformation, d'omissions, de propagande, de zen (ragots) et de silence.
Les raisons économiques derrière cette absence d'éthique professionnelle sont primordiales comme dans le monde entier.
Situation que John Swinton, rédacteur en chef du New-York Times, exposait en 1880, n'hésitant pas à qualifier les journalistes de "prostitués de l'intellect".
« Quelle folie que de porter un toast à la Presse indépendante !
Chacun, ici présent ce soir, sait que la presse indépendante n’existe pas. Vous le savez et je le sais. Il n’y en a pas un parmi vous qui oserait publier ses vraies opinions, et s’il le faisait, vous savez d’avance quelles ne seraient jamais imprimées. Je suis payé 250 $ par semaine pour garder mes vraies opinions en-dehors du journal pour lequel je travaille.
D’autres parmi vous sont payés le même montant pour un travail similaire. Si j’autorisais la publication d’une bonne opinion dans un simple numéro de mon journal, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures, à la façon d’Othello.
Cet homme suffisamment fou pour publier la bonne opinion serait bientôt à la rue en train de rechercher un nouvel emploi. La fonction de journaliste est de détruire la vérité, de mentir radicalement, de pervertir, d’avilir, de ramper aux pieds de l’élite et de se vendre lui-même, de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien ou, ce qui revient au même, son salaire. Vous savez cela et je le sais. Quelle folie donc que de porter un toast à la presse indépendante. Nous sommes les outils et les vassaux d’hommes riches qui commandent derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes ; ils tirent les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété de ces hommes.
Nous sommes des prostitués de l’intellect. »
Dans le paysage médiatique haïtien, ces journalistes ont chacun leur couverture : pseudo objectivité ici, sensationnalisme là, mais en fin de compte tous - à quelques exceptions prêt- défendant le statu-quo et ses ayants droit.
Quelle différence entre un Duval rédacteur en chef du Nouvelliste déclarant à propos de Martelly : "Jamais un président n'avait montré autant de sollicitude envers son peuple " et un Numa matraquant ses auditeurs à longueur d'antenne d'inepties telles que - en parlant toujours de Martelly : " Vous l'avez élu, vous saviez qu'avant d'être Martelly il était Sweet Micky et que ce Sweet Micky fait partie de sa personnalité et qu'il vous faut l'accepter". ?
L'ensemble de ces journalistes qui font semblant aujourd'hui de s'interroger sur la gestion des Fonds Petro-Caribe sont ceux précisément qui ont encouragé le peuple à fermer les yeux et à s'en remettre aux bandits roses qui lui promettaient monts et merveilles.
J'ai entendu Duval du Nouvelliste dans un entretien, pour se dédouaner de toute responsabilité, raconter que son journal aurait, dès l'administration Préval, publié des articles sur la gestion de ce fonds. Selon lui, il aurait bien fait son boulot, parce que, selon lui encore, le métier de journaliste serait d'exposer des faits, de les questionner à la limite, mais pas de mener des enquêtes.
C'est ainsi que, quand la journaliste de la RD menait une enquête sur le sénateur Bautista, dans laquelle elle dévoilait les sommes octroyées par celui-ci à deux candidats à la présidence d'Haïti, l'ensemble de ces journalistes haïtiens ont montré leur désintérêt total/capital à en savoir plus. Et donc à informer les Haïtiens des liens entre les entreprises de Bautista et les Fonds Petro-Caribe.
Ce manquement à leur devoir de journalistes, soucieux des intérêts du peuple haïtien, aura permis la dilapidation des Fonds Petro-Caribe.
Certes, comme l'a dit en 1880, John Swinton, rédacteur en chef du New-York Times, dans son allocution d'adieu au moment de prendre sa retraite :" Nous sommes les outils et les vassaux d’hommes riches qui commandent derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes."; cependant dans le cas haïtien un autre facteur rentre en jeu."
De V. Numa de Vision 2000, Duval et Robertson du Nouvelliste, Marvel Dandin de Radio Kiskeya, G. Henry, L. Désir, Jean Monard. de Caraïbes, F. Exantus de Signal FM, GPPC de Scoop , etc, tous appartiennent à la même mouvance grenn-nanbounda qui a fait le coup d'Etat de 2004 contre un président constitutionnellement élu, et soutenus le boycott de la commémoration des 200 ans d'indépendance du pays. Ils sont tous formatés de même. Ils sont en majorité des nostalgiques du duvaliérisme. de la dictature.
Certains, comme Guerrier Henri, revendiquent ouvertement leur attachement au secteur macoute, d'autres comme Duval, de manière détournée - en publiant dans le journal Le Nouvelliste dont il est le rédacteur en chef un hommage de Nicolas Duvalier à son grand-père l'abominable dictateur Duvalier François.
C'est dire que l'ensemble de ces journalistes sont des acteurs et complices de la situation actuelle du pays, 14 ans après leur soit-disant lutte pour la démocratie. De ce fait, d'une manière subtile mais certaine, ils continuent à soutenir leurs alliés d'hier au pouvoir depuis 2011 avec Martelly. D'où leur total désintérêt à mener des enquêtes sur la gestion des Fonds Petro-Caribe. D'où leur empressement à vouloir, dès le départ, passer cette revendication populaire en dérision ou l'enterrer vivant, avant d'être obligés par la force des choses, à faire semblant d'être concernés.
"La fonction de journaliste est de détruire la vérité, de mentir radicalement, de pervertir, d’avilir, de ramper aux pieds de l’élite et de se vendre lui-même, de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien ou, ce qui revient au même, son salaire."
C'est ce à quoi se sont employés de 2008 à 2018, ceux que la population qualifient aujourd'hui de "petro-journalistes". Ceux qui ont fait le sale boulot d'endormir la population sur cette question des Fonds Petro-Caribe. Et également sur la gestion des taxes prélevées de manière illégale sur les appels téléphoniques et les transferts des Haïtiens vivant à l'étranger.
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