De quoi parle t-on ? demande t-il.
Eh bien, on parle d'une entrevue complaisante.
Il n'a jamais été question qu'il accuse G. Delva, comme il prétend que le public aurait voulu.
Cependant, son métier -puisqu'il se dit professionnel, bien que le nombre des années, particulièrement en Haïti ne signifie pas forcément professionnalisme; souvent il s'agit plutôt d'adaptation au milieu et de conforter la société dans ses croyances et préjugés - exige de porter des éléments d'information aux auditeurs afin de leur donner des éléments de réflexion et d'analyse.
"se konsa pou li fè men m".
V. Numa déclare que la manière dont il fait son métier," se konsa pou li fè men m". Ce qui est faire preuve de présomption. Car, il devrait savoir qu'il y a différentes manières de mener un entretien dépendant du sujet, de la personne, du moment.
Aussi, dans le cas de son entretien avec Gracia Delva, compte tenu des critères cités précédemment, en tant que so called professionnel, sa ligne aurait dû être de garder ses distances avec Garcia Delva. D'éviter de transformer l'entretien en style causerie autour d'un verre.
Ce qui veut dire que le discours de G. Delva étant un vrai "spaghetti", c'est au journaliste de démêler ce spaghetti. C.-à-d, éviter de le laisser raconter des faits non vérifiables et focaliser l'entretien sur la véracité ou pas de ses relations avec le chef de gang. Et les implications de cette relation sur la société.
Quel intérêt avait G. Delva dans cette relation ? Comment considère t-il le fait qu'un sénateur ait des échanges téléphoniques avec un bandit recherché par la police ? Pourquoi au courant du kidnapping il n'a pas averti la police ? Parce qu'il avait peur pour la vie des otages ? Parce qu'il pense que la police est inefficace ? Parce que le kidnappeur lui avait ordonné de ne pas en parler à la police ? Pourquoi ne se démet -il pas de son poste de sénateur pour éclaircir son cas ?
Les réponses à ces questions auraient apporté aux auditeurs une meilleure compréhension des différentes affaires auxquelles G. Delva se trouve mêlé.
Que Gracia Delva ait eu besoin de porter des accusations sur d'autres, "c'est humain" pour paraphraser V. Numa, mais que le journaliste l'ait laissé galoper sur cette voie n'est absolument pas professionnel. Son "devoir" était de le rediriger vers des questions très précises qui s'adressent précisément à ce qui lui est reproché. Pourquoi avoir dit ne pas avoir eu d'échanges téléphoniques avec un gangster, puis s'être rétracté face aux preuves ? Pourquoi dans un premier temps avoir menti ? Et c'était quoi la teneur de leurs échanges téléphoniques ?
De plus, comme signalé auparavant, les voisins de Gracia Delva avait parait-il écrit une lettre au président du Sénat pour protester du fait que leur quartier était troublé par la présence du chef de gang Arnel chez Gracia Delva.
V. Numa en tant que professionnel bien souché devrait connaître l'existence de cette lettre et ne pas avoir de mal à vérifier son authenticité. Il aurait suffi de s'adresser à la personne qui l'a signée.
"Reyalite toujours ban m rezon"
Ici à la présomption, il faut ajouter la perception.
De quelle réalité il s'agit ?
De celle qui permet à un président d'annoncer l'électricité sur toute l'étendue du territoire 24h/24 en 24 mois ? -sans qu'aucun journaliste "professionnel" ne prenne la peine d'interroger la faisabilité de cette déclaration farfelue.
La qualité d'un journaliste ne réside pas dans le fait qu'il ait toujours raison. Mais de préférence qu'il évite de présenter un portrait de la société qui conforte stéréotypes, préjugés, préconçus et la fige dans un éternel présent.
Le boulot d'un journaliste n'est pas d'être celui qui a raison - ce qu'ils veulent tous faire croire en Haïti, question d'ego sur-dimensionné - mais il pourrait se définir ainsi : Son travail consiste à collecter, vérifier, sélectionner, synthétiser et commenter des faits pour les présenter au public. Le journaliste peut être spécialisé dans un domaine particulier : politique, sport, science, mondanité (people)...
Pour exemple, voici ce qu'un journaliste aurait pu produire dans l'exercice de sa fonction, après le départ de Martelly. Un exemple parmi d'autres qui aurait, certes, dérangé les tenants du pouvoir. Il ne s'agit pas de parti pris, mais de comptabilité. Une information qui éclaire les citoyens sur les dépenses publiques.
"Nou ka renmen trennen m nan sa. Fòk yo fè ankèt sou tout moun"
Qui a prétendu l'inverse ? Il se trouve que l'entrevue se passait avec M. Garcia Delva et portait sur ses relations avec le chef de gang Arnel Joseph.
Donc dans ce style spaghetti - similaire à celui emprunté par Gracia Delva -, V. Numa pour se justifier parle d'un tas de trucs qui n'ont rien à voir avec le sujet, balance des lieux communs, assène des leçons de morale, tente l'intimidation : "m ap pran nòt" ,etc, un ensemble qui ne justifie en rien la complaisance du journaliste "professionnel". Au contraire, ce discours tèt an ba, l'explique.
Bref, V. Numa n'est pas le premier ni le dernier journaliste à avoir raté une ITW. Ce qui est ennuyeux et stupide (façon omniscience de Jovenel, Martelly and co) - c'est qu'il persiste à vouloir faire croire qu'il a toujours raison.
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