Thème de l’Émission de la semaine *RDNP 295 News <r.benodin@att.net>
Orlando le 15 septembre, 2019
Actualités Politiques : Grandes Lignes
Dans un pays où les classes sociales les plus vulnérables sont à bout de souffle et aux abois, sous le poids asphyxiant d’une économie de comptoir qui ne crée, ni richesse, ni emploi. Où la prépondérance de la corruption fait que les hauts fonctionnaires de l’Etat dilapident ouvertement les fonds publics dans une impunité totale, laissant l’Etat incapable d’assumer ses responsabilités régaliennes, créant des pénuries de produits de première nécessité. Une corruption qui affecte toutes les strates de la société, où les contours et les limites de l’espace criminogène ne se distinguent plus.
3 exemples récents de corruption
A une succursale de la Unibank à Pétion-Ville, le 6 août 2019, un scandale a éclaté impliquant le questeur du Sénat, le sénateur Onondieu Louis et son entourage dans une affaire liée à une vaste opération de détournement de fonds publics et de blanchiment des avoirs, selon les conclusions du rapport du Bureau des affaires financières et économiques (BAFE) adressé à Me Paul Éronce Villard, commissaire près le tribunal de première instance de Port-au-Prince. Brièvement, de quoi s’agit-il ? Jimmy Fervil, responsable du service du matériel au Sénat, a persuadé Cassandra Jean d’ouvrir un compte à la Unibank pour recevoir une subvention de 25 000 gourdes avec sa cousine Magda Bernier. Voyant que ce compte ait été utilisé peu de temps après pour des dépôts de fortes sommes dont on lui demandait simplement d’en faire le retrait et de les remettre à Jimmy Fervil. Inquiète, pour se protéger, elle a jugé bon d’informé la DCPJ de ces dépôts effectués à son compte à la Unibank. La DCPJ confia alors le dossier au Bureau des affaires financières et économiques (BAFE). L’enquête de la PNH a révélé que Jimmy Fervil a agi pour et au nom du sénateur Onondieu Louis et de la secrétaire adjointe du Sénat de la République, Myrlande Georges Casséus. Poursuivant l’enquête, on a découvert à St. Louis du Nord une entreprise illicite au nom de « Révélation Rent A Car », qui n’était qu’un dépôt de boissons gazeuses. Cette entreprise de mai 2018 à nos jours, a génère un chiffre d’affaires en cash de près de trente millions de gourdes en un an. Il est évident que ce soit l’inquiétude causée par la fréquence et l’importance des transactions qui se faisaient sur le compte bancaire de Cassandra Jean qui l’ont contraint à en faire le rapport à la DCPJ. Maintenant, il est de savoir, si Onondieu Louis est le géniteur de cette pratique frauduleuse en tant que questeur du Sénat, ou n’a-t-il fait qu’emboiter le pas dans une tradition qui l’a précédée à ce poste, d’une part ? Et d’autre part, il y a-t-il d’autres pratiques de corruption de ce genre, qui affectent les membres des deux chambres du Parlement ?
Dix sénateurs dont les mandats se terminent en janvier 2020 exigent, publiquement, de l’Exécutif la prorogation de leur mandat, en échange pour leurs votes au cours de la cession de ratification de la déclaration de politique générale du premier ministre nommé Fritz William Michel, comme si c’était la chose la plus normale qui soit. Alors que la constitution originale et amandée dit ce qui suit :
Article 111.8 :
En aucun cas, la Chambre des députés ou le Sénat ne peut être dissous ou ajourné, ni le mandat de leurs membres prorogé.
Il y a là certes, deux violations constitutionnelles évidentes. D’abord celle de l’Exécutif qui n’a pas su respecter le calendrier électoral constitutionnel qui prévoit quand spécifiquement les élections doivent se faire pour chaque poste électif, sans exception, pour obvier à la caducité. Et celle des 10 sénateurs exigeant de l’Exécutif la prorogation de leurs mandats, en échange pour leurs votes à la cession de ratification de la politique générale du premier ministre nommé. Ce quiproquo est mentionné dans les média, comme si c’était un fait divers. Après plus de 60 ans de pratique, on est obligé d’admettre que la corruption se soit normalisée pour devenir une culture. Ses us et coutumes se sont imposé avec le temps pour devenir des normes.
La BRH a voulu offrir aux cultivateurs l’accès aux capitaux pour augmenter la production agricole. Avec la nuance qu’elle a choisi de le faire, par le biais d’une entreprise financière intermédiaire à qui elle pourvoirait ces capitaux aux taux préférentiels de 1%. Cette entreprise financière prêterait alors ces capitaux aux cultivateurs aux taux de 6%. Les questions qui qui viennent à l’esprit immédiatement sont : Pourquoi la BRH n’a-t-elle pas fait l’offre de ces prêts directement aux cultivateurs aux taux préférentiels de 1% ? Ou pour couvrir les frais de gestion de ces prêts, ne pourrait-elle pas tripler le taux d’intérêt à 3%, ce qui aurait diminué le taux d’intérêt, sans préjudice pour la BRH, en permettant à ces cultivateurs d’augmenter leur profit ? S’agissait-il vraiment dans ce cas, de venir en aide aux cultivateurs ? La réponse est emphatiquement, non !
Par coïncidence, il arrive que l’entreprise financière intermédiaire, soit la Société de Financement et de Développement Agricole et Industriel (SOFIDAI). Alors qu’il y a d’autres structures légitimes de financement de l’Etat haïtien, qui sont disponibles. La SOFIDAI a été fondée, en novembre 2018, il y a moins d’un an ! Le conseil d’administration de la SOFIDAI est composé de Pierre Richard Joseph, Vassor Jeune, Kerlande Metayer Josephet Edouard Clément. Ceux sont les mêmes conseillers que l’on retrouve à la tête de l’entreprise Agritrans, accusé de détournement de fonds Petrocaribe, dans deux rapports de la CSCCA, publiés respectivement, en janvier et en mai 2019. Il est aussi à remarquer qu’Edouard Clément soit aussi le président de la SOFIDAI. La Banque Centrale a annoncé qu’un montant de 100 millions de dollars sera mis à la disposition des cultivateurs. Dans ce cas, la Agritrans dirige à la fois une société financière privée (SOFIDAI) et une institution publique la (FDI).
De l’annonce de ce projet de la Banque Centrale, d’octobre 2018 à nos jours, plus de 40 millions de dollars ont été déjà décaissés. Qui a reçu ces sommes ? Qu’en a-t-on fait ? Il est à remarquer que la SOFIDAI n’a été créée qu’un mois après l’annonce de l’allocation de ces fonds. Qu’à la page 129 du premier rapport de la CSCCA publié en janvier 2019 et à la page 170 du second rapport de la CSCCA publié en mai 2019, se trouvent les résultats de l’audite sur le projet « Réhabilitation en béton sur le tronçon Borgne et Petit Bourg de Borgne », qui ont indexé à la fois ces deux entreprises BETEXS et Agritrans dans la dilapidation de fonds publics. Pourquoi la BRH a-t-elle choisi de prendre le risque de confier à des dirigeants d’entreprises indexés ouvertement par la justice, qui selon toutes probabilités, devront comparaître par-devant les tribunaux pour se justifier ?
La pratique intensive, la prépondérance et l’omniprésence de la corruption, à travers le temps ont évolué, pour devenir un réflexe rotulien et une culture, affectant et contaminant tout, sans exception, dans la vie quotidienne de cette société appauvrie, sans capillarité sociale saine. Ne faudra-t-il pas, au-delà de la rupture avec ce système et ses tenants, que l’on se prépare à affronter l’effort d’éradication de ce fléau. La corruption ne disparaitra pas automatiquement après la rupture, sans laisser des traces et des séquelles qui ont pris plus de 60 ans pour s’imprégner dans les habitudes, dans les mœurs et dans le fonctionnement de la vie quotidienne de trois générations de cette société. Pour ce faire, il faudra établir un pouvoir judiciaire indépendant, avec des juges intègres, soucieux d’équité et d’application judicieuse de la loi, mais pas puritains, ni abusifs, pour mettre fin à la tolérance de la corruption et de l’impunité.
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