EXTRAITS
(...) Quoi qu’il en soit, au regard des observateurs scrupuleux, un système qui intégrerait la corruption parmi ses facteurs de réussite ne saurait être un exemple à suivre. Admettons, mais quid de l’Occident qui a tout l’argent du monde ? Parce que, tout compte fait, pour être un grand corrupteur il faut avoir les moyens de corrompre.
Des multinationales trop puissantes pour les jeunes États africains
D’autres analystes pensent que les classements de Transparency International manquent d’objectivité. Leur principal argument étant que les critères de Transparency ne prennent en compte « que les malversations concernant le secteur public, ignorant le secteur privé » (Wikipédia). Or, les grandes entreprises et autres multinationales, promptes à se plaindre de la corruption, sont souvent en réalité les premières à y avoir recours.
Un ancien vice-président de Transparency International (qui a aussi présidé l’IACC: International Anti-Corruption Council), Me Akere Muna du Cameroun en l’occurrence, avait en son temps déclaré dans une interview accordée à Jeune Afrique, en déplorant le fait que les banques européennes qui accueillaient les fonds détournés sur le continent africain n’étaient pas inquiétées : « Les voleurs au Sud, les receleurs au Nord. Il est trop facile de ne juger que les plus faibles ». Une réflexion qui pourrait tout aussi bien s’appliquer au schéma des corrupteurs occidentaux qui font des dirigeants corrompus dans les pays en voie de développement. Ce passage avait d’ailleurs été cité dans Opération Obama, un ouvrage publié en 2012 qui traite de la même thématique et notamment de l’Opération épervier au Cameroun ; le livre est signé Eric Mendi, qui n’est autre que l’auteur du présent article (rien de nouveau sous le soleil, il paraît qu’Alain Decaux dessinait son nom sur les murs).
Ceux qui ont eu le temps de regarder Suits, une série télévisée américaine plutôt réaliste, ont pu avoir un petit aperçu sur les rouages, les mécanismes illicites, les voies de contournement peu catholiques dont font usage les entreprises et leurs dirigeants pour conduire leurs affaires : décrocher et signer un gros contrat en jouant sur le trafic d’influence, par exemple, se départir d’un engagement devenu encombrant au détriment d’un malheureux associé, étouffer une plainte pourtant justifiée par achat de consciences ou par voie de chantage, ou même se débarrasser abusivement d’un ou plusieurs employés pour X ou Y raison. Les patrons d’entreprises ne font pas de cadeaux. On peut comprendre pourquoi certains personnages qui tiennent leurs rôles dans Suits arborent des patronymes expressifs comme Hardman (homme dur), ou encore Forceman/Forstman (l’homme fort).
Elle est révolue, l’époque de la bourgeoisie fébrile qui tremblait devant la puissante aristocratie. Aujourd’hui, les grands barons de la finance sont si fortunés et décidés dans leurs ambitions qu’ils peuvent se permettre d’acheter les faveurs des décisionnaires les plus haut placés dans un pays, et se mettre l’Etat dans la poche. Et ce n’est pas seulement valable pour l’Afrique. On a vu des cas en Angleterre ou en France, où parvenues à un niveau déterminant, l’État a mis le holà à des enquêtes judiciaires concernant une grande entreprise influente, au mépris de la légalité.
L’excuse serait cependant trop facile, qui poserait que la corruption de niveau exagérée qui caractérise l’Afrique a pour seuls responsables les corrupteurs venus du Nord. Le mal est profond. La gangrène n’épargne ni les personnels de santé dans les hôpitaux, ni les fonctionnaires du corps enseignant, moins encore les agents des forces de l’ordre. "
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