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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Pourquoi Joe Biden est un échec en matière de politique étrangère - Par Jeffrey SACHS

Publié par siel sur 2 Mars 2024, 21:20pm

Catégories : #INTERNATIONAL, #ECONOMIE, #PEUPLE sans mémoire...

Seul un président d'exception pourrait résister aux profits de guerre sans fin de cette gigantesque machine de guerre ; hélas, Joe Biden n'essaie même pas.

En matière de politique étrangère, le président des États-Unis a deux rôles essentiels. Le premier est de freiner le complexe militaro-industriel (CMI), qui pousse toujours à la guerre. Le second consiste à maîtriser les alliés des États-Unis qui attendent d’eux qu’ils fassent la guerre en leur nom. Quelques présidents avisés réussissent, mais la plupart échouent. Joe Biden est certainement un échec.

Dwight Eisenhower a été l’un des présidents les plus avisés. À la fin de l’année 1956, il a été confronté à deux crises simultanées. La première est une guerre désastreuse et malavisée lancée par le Royaume-Uni, la France et Israël pour renverser le gouvernement égyptien et reprendre le contrôle du canal de Suez après sa nationalisation par l’Égypte. Eisenhower a contraint les alliés à mettre fin à leur attaque effrontée et illégale, notamment par le biais d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies parrainée par les États-Unis. La deuxième crise est le soulèvement hongrois contre la domination soviétique sur la Hongrie. Bien qu’Eisenhower ait sympathisé avec le soulèvement, il a sagement maintenu les États-Unis en dehors de la Hongrie, évitant ainsi une dangereuse épreuve de force militaire avec l’Union soviétique.

Le discours d’adieu historique d’Eisenhower au peuple des EU en janvier 1961 a alerté le public sur le pouvoir croissant du CMI :

« Dans les instances gouvernementales, nous devons nous prémunir contre l’acquisition d’une influence injustifiée, qu’elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le potentiel de montée en puissance désastreuse d’un pouvoir mal placé existe et persistera.

Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés ou nos processus démocratiques. Nous ne devons rien tenir pour acquis. Seule une citoyenneté vigilante et bien informée peut obliger l’énorme machine industrielle et militaire de la défense à s’adapter à nos méthodes et objectifs pacifiques, de sorte que la sécurité et la liberté puissent prospérer ensemble. »

Même Eisenhower n’a pas complètement maîtrisé le complexe militaro-industriel, en particulier la Central Intelligence Agency. Aucun président ne l’a fait entièrement. La CIA a été créée en 1947 avec deux rôles distincts. Le premier, valable, était celui d’agence de renseignement. Le second, désastreux, était de servir d’armée secrète au président. Dans ce dernier rôle, la CIA a conduit un échec calamiteux après l’autre depuis l’époque d’Eisenhower jusqu’à aujourd’hui, y compris des coups d’État, des assassinats et des "révolutions colorées" mises en scène, qui ont tous produit des ravages et des destructions sans fin.

Après Eisenhower, John F. Kennedy a brillamment résolu la crise des missiles de Cuba en 1962, évitant de justesse l’Armageddon nucléaire en affrontant ses propres conseillers bellicistes pour parvenir à une solution pacifique avec l’Union soviétique. L’année suivante, il a négocié avec succès le traité d’interdiction partielle des essais nucléaires avec l’Union soviétique, malgré les objections du Pentagone, puis a obtenu la ratification du Sénat, éloignant ainsi les États-Unis et l’Union soviétique du bord de la guerre. Nombreux sont ceux qui pensent que les initiatives de paix de Kennedy ont conduit à son assassinat par des agents malhonnêtes de la CIA. Joe Biden s’inscrit dans la longue lignée des présidents qui ont gardé secrets ou expurgé des milliers de documents qui auraient pu faire la lumière sur l’assassinat de Kennedy.

Soixante ans plus tard, le complexe militaro-industriel tient d’une main de fer la politique étrangère des EU. Comme je l’ai récemment décrit, la politique étrangère est devenue un racket d’initiés, le complexe militaro-industriel contrôlant la Maison Blanche, le Pentagone, le département d’État, les commissions des services armés du Congrès et, bien sûr, la CIA, tous étroitement liés aux principaux fournisseurs d’armes. Seul un président d’exception pourrait résister aux profits de guerre sans fin de cette gigantesque machine de guerre.

Hélas, Biden n’essaie même pas. Tout au long de sa longue carrière politique, Biden a été soutenu par le CMI et a, à son tour, soutenu avec enthousiasme les guerres de choix, les ventes massives d’armes, les coups d’État soutenus par la CIA et l’élargissement de l’OTAN.

Le budget militaire de Biden pour 2024 bat tous les records, atteignant au moins 1 500 milliards de dollars de dépenses pour le Pentagone, la CIA, la sécurité intérieure, les programmes d’armes nucléaires hors Pentagone, les ventes d’armes étrangères subventionnées, d’autres dépenses liées à l’armée, et les paiements d’intérêts sur les dettes passées liées à la guerre. En plus de cette montagne de dépenses militaires, M. Biden cherche à obtenir 50 milliards de dollars de "financement supplémentaire d’urgence" pour la "base industrielle de défense" étasunienne, afin de continuer à expédier des munitions à l’Ukraine et à Israël.

Biden n’a aucun plan réaliste pour l’Ukraine et a même rejeté un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine en mars 2022 qui aurait mis fin au conflit sur la base de la neutralité ukrainienne en mettant fin à la tentative futile de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN (futile parce que la Russie ne l’acceptera jamais). L’Ukraine est une grosse affaire pour le CMI - des dizaines et potentiellement des centaines de milliards de dollars de contrats d’armement, des usines de fabrication à travers les États-Unis, la possibilité de développer et de tester de nouveaux systèmes d’armes - donc Biden continue la guerre malgré la destruction de l’Ukraine sur le champ de bataille, et la mort tragique et inutile de centaines de milliers d’Ukrainiens. Le CMI, et donc Biden, continuent d’éviter les négociations, même si des négociations directes entre les États-Unis et la Russie concernant l’OTAN et d’autres questions de sécurité (comme le placement de missiles américains en Europe de l’Est) pourraient mettre fin à la guerre.

Suite dans le lien.

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