... les historiens haïtiens étaient provinciaux.
Ce que j'entendais par là c'est qu'ils appréhendaient l'histoire- pas tous bien entendu,- l'oeuvre de Michel-Ralph Trouillot est un contre-exemple - de manière événementielle : succession des régimes , luttes intestines, affaires de culs et/ou en mettant l'accent sur la biographie de certains acteurs jugés déterminants- positivement : Toussaint Louverture, Dessalines ou négativement: Pétion, Boyer- dans l'évolution du pays, des luttes menées contre l'esclavage à son indépendance en 1804 jusqu'à présentement. Mais ce qui fait que M-R Trouillot est un cas particulier c'est qu'ayant étudié l'anthropologie et les sciences sociales, il prend en compte ces disciplines dans son approche de l'histoire d'Haïti .
Ce qui me dérange parce que trouvant peu de traces dans le travail de M. SOUKAR- travail très intéressant et instructif par ailleurs- sur les rapports de force entre la jeune nation dirigée par des ex-esclaves, Noirs et Mulâtres libres et le monde occidental dominé par les ex-puissances esclavagistes.
Il me paraît que le "racisme économique" est fort peu pris en compte dans l'histoire d'Haïti à partir de son indépendance et qu'à l'encontre sont présentés les conflits et rivalités internes comme à la racine du non-développement économique du pays.
Ce seraient les luttes entre les chefs, entre les différentes fractions des élites, entre Mulâtres et Noirs qui seraient à la base de l'échec auquel nous sommes confrontés aujourd'hui.
Or, selon moi et les économistes non liés à la narrative occidentale, l'échec était programmé par les anciennes puissances esclavagistes et coloniales qui, dès le départ ont placé Haïti au ban des nations en cadenassant ses relations commerciales avec le reste du monde à partir de sanctions, menaces, intimidations, jusqu'à en arriver à la fameuse "dette d'indépendance" qui sera le coup de grâce.
Or, ces attaques économiques contre le pays, alliées à une propagande avilissante, deux facteurs qui devraient être placés au coeur de l'histoire du pays, ne sont pas abordés de manière méthodique par les historiens, qui devraient, à mon avis, en faire un domaine d'étude spécifique enseigné dans les écoles et universités.
La narrative occidentale s'appuyant sur l'impossibilité congénitale des Noirs à se gouverner a été tellement intégrée dans la psyché haïtienne, que cet angle d'analyse sera favorisé par les historiens et divulgué dans la population. D'où la nécessité d'un changement de paradigme.
Lors de ce Colloque j'ai fait la remarque que l'affaire de la dette payée à la France était inconnue dans l'ensemble du pays. Il m'a été rétorqué que son "étude" (sic) faisait partie du curriculum éducatif.
Mais quand j'ai interrogé les quelques Haïtiens se trouvant dans la salle, ils m'ont dit que dans les classes primaires, le fait était évoqué- comme est évoqué sommairement l'existence des premiers habitants de l'île, les Caciques, la reine Anacaona, quelques- uns de leurs moeurs et coutumes (tout ceci rapporté à partir du narratif des colons-.
Peut-être que oui la question de la dette de l'Indépendance fait partie du curriculum éducatif dans les classes primaires. Mais est-ce que ses conséquences sur l'économie du pays sont étudiées dans le secondaire ? Apparemment d'après les Haïtiens présents , non.
Or, les luttes entre chefs pour le pouvoir existent partout et de tous temps. En Europe elles ont été constantes et conduit à quantité de guerres et à l'exil de leurs citoyens dans le "Nouveau monde" : USA, Canada et AM du Sud. Ce qui n'a pas mené forcément à leurs pertes dans la mesure où des alliances pouvaient toujours se faire pour contrecarrer les embargos, sanctions économiques.
Dans le cas d'Haïti, il n'y avait pas d'alliance possible avec qui que ce soit- comme aujourd'hui d'ailleurs- dans la mesure où c'est l'ensemble des pays Occidentaux qui se sont alliés contre elle. Le Roi Christophe a tenté de s'approcher de l'Angleterre pour se sortir du carcan mais son projet s'est vu boycotté par les USA et la France qui ont fait pression sur l'Angleterre- d'où son suicide.
Par contre, les historiens que je qualifie de provinciaux, racontent que Christophe aurait échoué parce qu'il aurait été une sorte de dictateur et que les nouveaux libres n'adhéraient pas à son projet. Une explication facile qui correspond , encore une fois, au point de vue des historiens et analystes occidentaux.
Si les 2 DUVALIER ont pu imposer une dictature pendant 29 ans à la population, c'est qu'elle n'était pas émancipatrice ( 80% d'analphabètes à leur départ en 1986) et par conséquent avait l'aval des USA. Paix des cimetières en 1957 ou trou de M.., en 2004 c'est egal/ego.
Christophe a échoué parce que sa "dictature" à l'inverse comportait un programme d'éducation (alphabétisation et formation professionnelle) , de production agricole, industrielle, d'échanges commerciaux avec l'extérieur, de sécurité militaire (construction de la Citadelle). Et que, par conséquent ce programme était totalement mal vu par les puissances esclavagistes et coloniales n'ayant aucun intérêt économique, idéologique à ce qu'il puisse fonctionner.
À entendre les politiciens, intellectuels, journalistes, - pas tous encore une fois- les youtubeurs et l'homme de la rue qui répète comme vérité ce qu'il a entendu, Haïti serait devenu un État failli à cause des discordes entre les Haïtiens et le fait que les dirigeants ne seraient pas intéressés au pays, mais uniquement à leur bien-être personnel. C'est cette fable que les 2 "ti mesye de Micro Vérité" partisans de G. Philippe martèlent à longueur d'antenne à leurs "fidèles", comme les pasteurs leurs sermons sur le paradis dans l'au-delà.
Tout ce monde faisant semblant - parce qu'il en existe un grand nombre parmi eux qui sont au courant des réalités- de faire comme si ça datait d'aujourd'hui la domination de la CI/USA, comme si les rapports de force avec la CI, n'avaient pas traversé, habité, façonné l'histoire d'Haïti dès son indépendance et que la situation actuelle ne résultait pas d'une lutte menée contre cette domination mais partie perdante d'avance compte tenu des rapports de force.
Je ne vais pas vous dire que des Haïtiens n'ont pas participé à l'avilissement d'Haïti - l'histoire récente du sabotage de la commémoration des 200 ans de l'indépendance, les pratiques de corruption qui ne datent pas d'aujourd'hui mais qui avec la manne des milliards de Petro Caribe ont été à leur apogée avec les Tèt Kale- aucun gouvernement dans l'histoire d'Haïti, n'ayant eu à sa disposition de telles sommes- les appels à placer, G.P un délinquant inculpé pour blanchiment d'argent sale et agent des USA depuis nan ni nan nan, à la tête du pays, représentent des signes clairs de cette collaboration de certains Haïtiens à l'avilissement de leur pays et de leurs citoyens.
Il vous suffit d'écouter les BUSTA/BERTHO/FOUCO/MARCO/RENO et autres idiots, leur vulgarité, mensonges, sottises- mais pas qu'eux, ces crétins prolifèrent sur le net comme ravèt dans les toilettes - pour comprendre la participation de certains citoyens haïtiens à leur propre avilissement.
Et pour illustrer de quelle manière ils répercutent leur avilissement par la CI/USA sur leurs propres concitoyens ces images dans lesquelles le mot avili fait florès:
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Définitions de avilir.
1. Abaisser quelqu'un jusqu'à le rendre méprisable, lui faire perdre sa dignité ; dégrader, déshonorer : De tels mensonges vous avilissent.
Synonymes :
abaisser - déconsidérer - dégrader - déshonorer - discréditer - flétrir - humilier - ravaler
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