Dans un essai à paraître le 10 octobre, Olivier Mannoni dissèque le mécanisme d'un discours politique aux relents de catastrophe connue.
EXTRAITS
Communication ou propagande?
La propagande ne passe donc plus directement par un discours rationnel et construit mais par une agitation permanente, insidieuse, souvent d'une extrême violence verbale, n'hésitant pas à utiliser l'injure, la menace, les fausses nouvelles, les montages vidéo et photographiques dans le but de décrédibiliser les démocraties.
Le national-socialisme devient «de gauche», puisqu'il porte le mot «socialisme» dans son intitulé. L'Ukraine de Volodymyr Zelensky est peuplée de «nazis» alors que la nation même qui l'envahit porte de nouveau le drapeau de la race supérieure et ses rêves d'espace vital à l'Ouest. Le Rassemblement national français, dont toute la phraséologie est centrée sur le rejet de l'autre, l'obsession de l'immigration et l'admiration des pouvoirs autoritaires, demande à ce que le mot «extrême droite» ne soit plus employé à son propos, etc.
Ces attaques créent peu à peu une confusion généralisée du langage, conduisent à l'émergence simultanée de métalangues primitives et figées, coupées du réel. «La guerre c'est la paix. La liberté c'est l'esclavage. L'ignorance c'est la force»: le slogan fictif inventé par George Orwell dans 1984 est en train de devenir la réalité de notre langage politique.
Cette perversion radicale et profonde est un phénomène nouveau, international et profondément inquiétant. D'où vient-elle, et quels canaux a-t-elle empruntés pour s'imposer à nous?
Comme vous le savez ce sujet de la perversion du langage m'intéresse tout particulièrement et je l'ai abordé à plusieurs reprises par rapport à la violence verbale, les insultes, les bêtises que généralement et de manière prioritaire les partisans des tèt kale ( le nom du parti PHTK, annonçant sans fards et sans aucun complexe le vide sidéral de la pensée)
J'ai constaté entre 2004 et 2024 cette montée des insultes, du langage pornographique en lisant avec attention les commentaires sur les Live des plus fachos ( genre BUSTA, BERTHO,JYMMY, FOUCO et Cie) aux plus tempérés (genre TT, Morvan, Lynn) ou bien en écoutant les discours des hommes de loi, des journalistes , des politiciens comme par exemple Edo ZENNY un ex- Sénateur, qui sans complexe et même avec une jouissance perverse utilise le mot caca ( question d'éducation et de plaire à son public) dans pratiquement chacune de ses phrases.
Le type fustige le sénateur Antonio Cheramy parce qu'il aurait mis des boules puantes dans les locaux du Sénat et déménager les meubles dans la cour. Sauf que oui, ce n'est pas bien, mais que ce sont des méthodes parfois vigoureuses utilisées dans toutes les Parlements du monde. Le sénateur Chéramy ne s'est battu avec personne, n'a tiré sur personne. Et contrairement à ses collègues du PHTK et alliés, il ne s'est jamais baladé en cortège tout comme un Steven Benoit. Cependant , vous verrez que la propagande ordurière les prend souvent pour cible. L'objectif étant de les expulser -parce qe trop démocratiques- du champ politique.
Manoni, dont je vais me procurer le livre, nous dit que c'est un phénomène international. Les Haïtiens étant très influencés par la culture étasunienne, surtout ceux qui y vivent - ont adopté rapidement cette culture de l'insulte. Culure favorisée et entretenue par les youtubeurs tendance facho et des "journalistes" tels que les 2 " Timesye Micro Vérité" qui entrainent systématiquement à partir de leurs feintes indignations et leur agitation constante leurs auditeurs dans un espace émotionnel dans lequel pensée, analyses, réflexions n'ont plus leur place.
L'absence de culture générale, la méconnaissance des faits historiques chez ces "journalistes" et influenceurs produit ce phénomène décrit par l'auteur en ces termes :
La raison politique devient aussi folle qu'une boussole prise dans un orage magnétique. Inculte, aveuglée par des idéologies à géométrie variable, dépourvue de points de repère historiques, philosophiques et littéraires, elle tourne en tous sens et contribue à son tour à alimenter la déraison générale.
Matraquage
Face à de tels phénomènes, une démocratie devrait disposer de remparts intellectuels solides, d’une pratique rationnelle rodée et puissante, de points de repère fixes et étayés. Or, ces avalanches de légendes urbaines, ces manipulations du langage et des faits, ces opérations souterraines et parfaitement ciblées fonctionnant sur le mode du matraquage semblent ne plus se heurter à aucune résistance.
À droite comme à gauche, les positions tenues depuis des siècles par les esprits éclairés et instruits sont en train de s'effriter. La raison politique devient aussi folle qu'une boussole prise dans un orage magnétique. Inculte, aveuglée par des idéologies à géométrie variable, dépourvue de points de repère historiques, philosophiques et littéraires, elle tourne en tous sens et contribue à son tour à alimenter la déraison générale.
Les mots perdent leur sens, les grands courants politiques qui ont fait le socle de notre pays se dissolvent au gré des circonstances. La confusion généralisée s'installe. Et elle donne le jour à un univers de pensée où les mots n'ont, littéralement, plus aucun sens.
La solution, l'éducation?
Le savoir, la culture, le socle de connaissances communes, s'ils ne sont en aucun cas un rempart absolu contre le racisme, l'autoritarisme ou, tout simplement, la bêtise, offrent malgré tout un solide bouclier contre l'aveuglement collectif. Et surtout, c'est dans le cadre de leur transmission, notamment par l'enseignement, que se met en place la base de la démocratie: le dialogue.
Celui qui ne maîtrise pas les outils du savoir et de la rhétorique n'a pas de place dans le dialogue de la cité. Il ne lui reste que la violence, lorsque sa situation est devenue trop insupportable, la résignation, lorsque le désespoir est devenu trop puissant, ou la fuite dans l'ésotérisme et les promesses d'un autre monde.
"Coulée brune": les mille stratégies du fascisme pour envahir le langage
Dans un essai à paraître le 10 octobre, Olivier Mannoni dissèque le mécanisme d'un discours politique aux relents de catastrophe connue.
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