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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Leslie Voltaire reçoit les Haïtiens de la communauté haïtienne de France ! Par Sergo Alexis

Publié par Sergo Alexis sur 3 Février 2025, 19:53pm

Catégories : #AYITI ACTUALITES

Après une visite officielle en Italie où il a rencontré le pape François, des responsables d'organisations humanitaires et des évêques, le président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire, a marqué une nouvelle étape de sa tournée internationale. Le mercredi 29 janvier, il a accueilli la communauté haïtienne de France, ainsi que les leaders de diverses associations, lors d'un cocktail au salon Gershwin de l'hôtel The Peninsula, situé avenue Kléber, dans le 16e arrondissement de Paris.

Selon la rumeur, le nombre de personnes invitées ne devrait pas dépasser vingt-cinq. Pourtant, vers 19 heures, l'heure prévue pour la rencontre, le grand hall de l'hôtel était rempli de presque dix fois plus de monde. Malgré cette affluence, l'ambiance est restée conviviale et bon enfant.

Le premier à s'adresser au public fut le nouveau chargé d'affaires a.i., M. Lino Volcy, qui demanda à l'auditoire d'applaudir la venue dans la salle du représentant haïtien. Une demande étonnante, qui ne fut d'ailleurs pas suivie d’effet ; les Haïtiens n'étant pas venus pour applaudir, mais d’abord pour écouter les propositions du président du CPT pour sortir le pays de ses crises. On eut droit à La Dessalinienne, on a senti que les Haïtiens ne montraient pas un enthousiasme fou pour la chanter. D’ailleurs, Grégoire Chéry qui l’interprétait n’a utilisé qu’un couplet. Cet hymne est chanté de manière démagogique à toutes les sauces, comme si les Haïtiens avaient pleinement conscience de l'idéal de Dessalines, qui prône le partage équitable des richesses de la nation et l'unité des Haïtiens, quelle que soit leur origine ethnique.

Prenant la parole, le président du CPT, Leslie Voltaire, a énuméré ses diverses rencontres avec des personnalités européennes, d’ailleurs largement relayées par les médias et les réseaux sociaux. Cependant, les Haïtiens ne croient plus aux solutions venant du "Blan", qui contrôle Haïti par l’intermédiaire du Core Group – "un machin", comme l’aurait dit le Général de Gaulle – depuis le coup d'État orchestré par la communauté internationale, le Blan lui-même, contre le président Jean-Bertrand Aristide en 2004. Ce putsch est, soit dit en passant, en grande partie responsable de la réalité dégradante que connaît aujourd’hui le pays.

M.Voltaire a ensuite rapporté les résultats de sa rencontre avec le pape François. D’un commun accord, le chef du Vatican a accepté d’organiser une conférence internationale de solidarité en faveur d’Haïti. Les échanges ont également porté sur la commémoration des 165 ans du Concordat, signé le 28 mars 1860 entre le président Fabre Geffrard et le pape Pie IX. Cependant, selon les anticléricaux, ce Concordat reste un frein pour la société haïtienne. Sur les plans religieux et éducatif, il perpétue une influence trop marquée de la culture française et de sa langue, contribuant ainsi à la division entre les Haïtiens des régions rurales et ceux des villes. Moun lavil kont moun andeyò !

Le président du CPT a aussi évoqué une cérémonie religieuse prévue le 17 avril prochain dans les Jardins du Vatican, en l’honneur de Notre-Dame du Perpétuel Secours, à laquelle le clergé haïtien est invité à participer.

Selon Leslie Voltaire, cette Sainte aurait accompli un miracle en Haïti en 1881, en guérissant des habitants de diverses régions, touchés par la variole. Comme pour enfoncer le clou, le numéro Un haïtien par intérim va jusqu’à implorer Notre-Dame d’accomplir un autre miracle, celui de nous libérer des gangs. Selon lui, 2025 doit être une année de pacification du pays. Amen ! Ainsi, si la Sainte répond à cet appel, nous n’aurions même plus besoin ni de la police ni de l’aide internationale en matière de sécurité. Vaste programme comme dirait le feu  président français, Jacques Chirac…

Élections en route

Lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron, il a été question d’une promesse de coopération dans les domaines de l’éducation, de la sécurité et de l’environnement. Le Président français a également assuré qu’une annonce officielle de sa part serait faite le 17 avril prochain concernant la restitution et la réparation. La veille de la rencontre avec Macron, Leslie Voltaire avait eu une réunion de consultation avec des intellectuels haïtiens, comme Jacques Nesi et Jean-Marie Théodat, qui sont membres de deux commissions distinctes en France et en Haïti sur la question de la dette. Cette information n’a pas été mentionnée dans l’agenda officiel du président du CPT, elle n’a donc pas été révélée dans les médias.

Peut-être que M. Voltaire aurait dû demander, à titre d’une partie de restitution, l’envoi en Haïti de drones militaires équipés de fusils de précision, d’hélicoptères et de véhicules blindés, etc. afin de lutter plus efficacement contre les terroristes qui font la guerre au peuple haïtien, de même contre les trafiquants qui les approvisionnent en armes.

Voltaire a également évoqué la tenue des assises régionales dans le cadre d’une conférence nationale censée conduire à une réforme constitutionnelle, laquelle serait soumise à un référendum prévu pour le 11 mai de cette année. Mais en Haïti, les lois ne sont souvent respectées que lorsqu’elles nous arrangent. Comment expliquer, dans ce contexte, l’organisation d’un référendum alors que celui-ci est interdit par la Constitution de 1987 ? Car selon la loi en vigueur actuellement, seul le Parlement est habilité à adopter des réformes constitutionnelles, en raison de l'absence de la possibilité de recourir au référendum dans la Constitution de 1987. Il aurait été plus logique d'inclure, dans les réformes proposées, les conditions permettant d'introduire un référendum dans la Constitution modifiée. Et de prévoir les décrets pour que la nouvelle législature puisse l’organiser dans les meilleurs délais après l’investiture des élus. En effet, il ne devrait s’agir qu’une réforme constitutionnelle en non de changer entièrement de Constitution ; mais on s’aperçoit que les dirigeants nous emmènent tout droit vers une nouvelle constitution !

Le président du CPT a également annoncé qu'en vertu de l'accord du 3 avril 2024 entre les organisations politiques, des élections générales sont prévues pour la mi-novembre 2025 et devraient se terminer mi-janvier 2026. Il espère qu'avec le soutien des forces de l'ordre haïtiennes et l'appui des contingents étrangers, le pays pourra organiser des élections sincères, inclusives et démocratiques. Mais combien de fois avons-nous entendu ces mêmes promesses ! Dans le contexte d'Haïti, l'espoir ne fait plus vraiment vivre. Les Haïtiens, partout, sont à bout de patience face aux promesses sans fin des dirigeants, qui semblent craindre les réformes ou qui n'agissent souvent que dans l'intérêt personnel de leurs réseaux proches, au détriment de l'éthique et du bien commun. Sans oublier le commerce des emplois dans l'administration publique.

En tout cas, M. Voltaire promet des élus légitimes - parlementaires, magistrats communaux et président ou présidente de la République - qui entreront en fonction le 7 février 2026. Bien que l'assistance, composée d’Haïtiens et d'étrangers de diverses nationalités, ait globalement applaudi le discours de Voltaire, personne n'est dupe. Il est légitime que le peuple haïtien adopte une attitude de "saint-Thomas" face à ces promesses électorales, dans un climat d'incertitude sécuritaire. Que Notre Dame du Perpétuel Secours veuille bien protéger les électeurs des massacres des gangs les jour des scrutins ! Voltaire a également évoqué de nombreux changements à la tête de l'administration publique en Haïti et dans la diplomatie.

Voltaire physiquement épuisé

Après cette rencontre, une conférence de presse a été organisée avec les médias et journalistes haïtiens, y compris Haïti en Marche – la seule presse écrite haïtienne présente à cet événement – dans une petite salle attenante au salon Gershwin. La seule presse étrangère présente était le quotidien français Le Figaro, représenté par la Franco-Haïtienne Chantal Guerrier.

Nous étions cinq médias présents dans la salle, chacun disposant de trois minutes pour poser ses questions. Comme les Haïtiens ont l’art de faire les choses à l’envers ou à contre-courant, le protocole nous a ordonné de sortir pour être reçus un par un. Ce fut la première fois que j’assistais à une conférence de presse organisée de cette manière. Le prétexte avancé était que le président était fatigué et n’avait pas encore mangé de la journée. On n’en disconvient pas !

Je n’avais pas respecté l’ordre du « à chacun son tour ». Après les interventions de Haïti Inter et de la Voix d’Amérique, le protocole s’est rendu compte que je n’étais plus censé être là, et j’ai donc quitté la salle. Cependant, lorsque mon tour est enfin arrivé, une femme du protocole m’a annoncé que puisque je n’avais pas  eu le droit de rester dans la pièce avant, je ne pourrais pas y revenir  pour poser mes questions. Cette décision m’a semblé absurde, et je l’ai contestée. « Si vous ne voulez pas que toutes les réponses du président Voltaire soient divulguées, dites-le-moi, et je comprendrai. Sinon, il n’y a aucune raison de m’interdire l’accès de la pièce », ai-je rétorqué. Après quelques échanges fermes mais courtois, elle a finalement accepté que je rentre, mais pour trois minutes seulement, m’a-t-elle précisé. J’ai observé qu’aucune autre personne ne respectait le temps imparti, allant même jusqu’à sept minutes. Cela l’a visiblement agacée, car Leslie Voltaire était attendu dans un restaurant. Je lui ai répondu : « Le temps ne dépend pas de moi, mais de la durée des réponses de M. Voltaire » Je n’avais que deux questions précises à poser sans d’autres questions subsidiaires.

« Monsieur le président, ai-je commencé, je constate qu’il y a eu des progrès au niveau de la sécurité depuis votre présidence et la nomination de Rameau Normil. Cependant, aucun des chefs de gangs n’a été arrêté. Pourquoi cela ? » Leslie Voltaire a expliqué que ces chefs se cachent, rendant leur arrestation difficile. Ils envoient souvent d’autres bandits de moindre importance affronter la police et, parfois, utilisent même des enfants comme boucliers humains. Cependant, il a précisé que la police avait arrêté Magalie Habitant et Prophane Victor.

Ces deux individus ne sont que des complices. Bien qu'ils puissent fournir des armes et des munitions, ils ne sont pas responsables de l'organisation des boucliers humains. Les véritables chefs terroristes, que le président du CPT reconnaît comme étant difficiles à appréhender, doivent être capturés et mis hors état de nuire quoiqu’il en soit. Toutefois, il est difficile d'imaginer comment le CPT et le Conseil électoral provisoire pourront organiser des élections dans un climat d'insécurité aussi intense."

Ma deuxième question portait sur l’importance d’établir des relations avec la grande Chine. « On constate que des pays de la Caraïbe et de l’Amérique latine, notamment la République Dominicaine et du Salvador, ont établi des relations diplomatiques avec la grande Chine, pourquoi pas Haïti ? ». Voltaire m’explique que lui-même, ainsi que le défunt président Préval, avaient rencontré le président Fidel Castro, qui leur avait conseillé de maintenir des relations avec Taïwan, et d’éviter d’entretenir des liens avec la Chine, afin de prévenir d’éventuelles représailles de la part du puissant voisin américain.

Je n’ai pas eu l’occasion de lui faire remarquer que, depuis la mort de Castro, de nombreux pays ont établi des relations diplomatiques avec la Chine communiste. D’autant plus que la Chine est désormais très présente en Haïti sur le plan économique, où elle se classe parmi les trois premiers pays exportateurs. Par ailleurs, les capitalistes chinois exploitent les ouvriers haïtiens tout comme le font les Dominicains et les Américains.

Il reste seulement à Haïti à trouver la bonne stratégie à l’instar de ses voisins pour établir des relations bilatérales dans les domaines d’infrastructures et de l’énergie qui manquent tant au pays pour qu’il se positionne enfin sur la voie du développement. Car depuis après l’occupation américaine et le coup d’État contre le président Estimé, la République d’Haïti ne fait que reculer dans ces domaines mis à part quelques routes construites par-ci-par-là.

 

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