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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


A propos de l'Afrique La solution, briser les liens du pacte colonial

Publié par Elsie HAAS sur 20 Novembre 2007, 12:03pm

Catégories : #Lu sur le net 2007


Les solutions sont simples, tout le monde le sait, mais personne ne veut réellement y penser. Question énorme d'argent.

Si je prends le cas de la zone CFA (16 pays Africains francophone avec une monnaie unique) il suffit simplement de renoncer à cet ingénieux systèmes mis en place au lendemain des indépendances.

Nicolas Agbohou (Le Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique) explique que les pays de la ZONE franc ont été forcés à mettre une camisole qui ne les convenait pas et que ce mécanisme de la répression monétaire des anciennes colonies africaines de la France est pour lui la première cause de la persistance de la misère, de l’humiliation permanente, du sous-développement devenu réalité minérale des pays francophones.

Il écrit :

« .. on sait que les économies asiatiques, en revanche, ont commencé à s’épanouir après s’être débarrassées au préalable des vestiges du colonialisme qui les avait saccagées et ruinées. Contrairement aux dirigeants politiques d’Asie et d’ailleurs, les premiers leaders africains semblent être les seuls au monde à n’avoir pas compris qu’aucun pays ne peut réellement se développer sous le joug colonial.

Ils sont les seuls à croire que leur continent tant convoité pour ses richesses naturelles et pour son espace vital peut être construit harmonieusement avec l’aide significative et désintéressée de leurs anciens maîtres.

Ils sont les seuls à prétendre nourrir décemment leurs populations à l’aide de denrées alimentaires importées dont ils n’ont pas les moyens financiers.

Ils sont les seuls à penser que le développement socio-économique de leurs pays respectifs peut être suscité de l’extérieur et concrétisé grâce à la main d’œuvre étrangère et sans la participation véritable des compétences nationales. Cette façon de concevoir le plan de développement a justifié, après les indépendances de 1960, l’appropriation par les leaders africains de l’héritage du système colonial dont les effets pervers convergents constituent aujourd’hui la pauvreté permanente et la faim endémique qui ravagent les peuples de cette partie du monde.

Donc, la reconstruction véritable de l’Afrique noire passe obligatoirement par la parfaite identification et le démantèlement préalables de tous les systèmes coloniaux qui, maquillés aux couleurs de l’ère nouvelle, perdurent et affament davantage l’Afrique en empruntant des structures multiformes.
….

Dans le cas particulier de l’Afrique francophone, l’ordre ancien s’est maintenu intact en empruntant la répression monétaire. C’est-à-dire que les chefs d’Etats africains ont volontairement renoncé à leur droit régalien, celui de battre leur propre monnaie. Pour de diverses raisons, économiquement et socialement non fondés, du moins à notre avis, ils ont préféré garder le franc des colonies françaises d’Afrique (F CFA) qui est une sous-monnaie du franc Français. De ce fait, la France, en tant que puissance protectrice, a statutairement le droit de regard sur les économies et politiques des pays de la zone franc. Les Africains continuent de payer, très exactement comme à l’époque coloniale, un lourd tribut consécutif l’usage du franc CFA. »

Nicolas Agbohou montre dans son livre pourquoi ce mariage du franc CFA au franc Français et aujourd’hui à l’euro est dramatique pour les économies de la zone Franc.

..

« En général, toute banque Centrale est un établissement public. Elle est chargée de définir la politique économique et sociale du pays. Il en résulte que c'est la France, à travers sa Banque Centrale (aujourd’hui la Banque Centrale Européenne) qui gère le franc CFA, influence directement le niveau de vie moyen imposé aux Africains francophones utilisant sa sous-monnaie. »

Dans la dénonciation de ce système pervers hérité de l’époque coloniale, Nicolas Agbohou relate les propos de François Mitterrand cité par Laure Adler (L’année des adieux, Edit, Flamarrion, 1995) :

« En effet, de nombreuses études économiques ont déjà montré que la zone franc, inventé par le Général De Gaulle, dans l’intérêt supérieur des Français, est faite pour pérenniser l’appauvrissement minutieux et le retard socio-économique corrélatif sournoisement programmé des peuples d’Afrique Noire. Jamais de Gaulle n’a voulu l’indépendance politique les Africains. Car, comme le précise le Président Mitterrand « C’est une immense tromperie que de faire croire, comme le font certains aujourd’hui, que De gaulle a permis la décolonisation de l’Afrique. Quand j’entends l’hymne de la décolonisation gaulliste, j’en ai vraiment gros sur le cœur. La conférence de Brazzaville n’est pas le grand acte d’émancipation de l’Afrique Noire. De Gaulle avait échoué à Dakar. Il lui fallait séduire un certain nombre d’Africains. L’abolition du travail forcé dont il a parlé dans son discours à Brazzaville ne fut pas exécutée par lui. Il exclura alors toute possibilité pour les Africains d’accéder à la direction de leur propre pays. Or, au même moment, les Anglais vont accepter l’émancipation totale de colonies aussi importante que l’Hindoustan, le Pakistan ; les Hollandais vont accélérer l’indépendance de l’Indonésie dès 1941. Tous ces pays deviendront libres et souverain. De Gaulle, lui, n’a jamais songé au self-government. Il n’avait aucune vision historique sur l’Afrique. C’est de la pure et simple propagande que d’affirmer le contraire.
De Gaulle a demandé (c’est toujours Mitterrand qui parle) qu’on se soumette. Pour lui, on entrait dans la communauté si l’on refusait la souveraineté. La Guinée refusera. De Gaulle va à Conakry dans un Etat de crise extrême. Dans les vingt-quatre heures, tous les tiroirs des administrations françaises seront vidés, l’aménagement des routes sera suspendu et les livres de français enlevés de toutes les écoles de la Guinée. Désormais les livres pour les écoles proviennent de Prague et de Belgrade. Les livres en français n’arriveront que clandestinement. J’ai été un des rares parlementaires à retourner plusieurs fois en guinée. A l époque, on tombait sous la vindicte publique. J’ai vu, de mes yeux, les enfants Guinéens apprendre les mathématiques avec des professeurs Russes dont les propos étaient traduit par des Vietnamiens »

Et Nicolas Agbohou de poursuivre. « Et ce gaullisme là, que le Président Mitterrand n’a pas voulu détruire pendant ses quatorze ans de pouvoirs présidentiel, malgré ses discours apparemment tiers-mondistes, se perpétue toujours, en bloquant l’émancipation africaine, par les principes fondamentaux de la zone franc qui sont aux nombres de quatre :

1- la libre convertibilité des monnaies africaines garantie par le Trésor français
2- la fixité des parités
3- la centralisation des réserves de change
4- la liberté absolue des transferts

Ces quatre principes actuellement en vigueur dans la zone franc ont été élaborés, pendant l’époque coloniale, en vue de satisfaire les intérêts vitaux de la métropole, et bien entendu au détriment des pays d’outre-mer colonisés. … »

Ainsi selon ces quatre principes et ce système de pacte colonial, lorsque la Côte d’Ivoire par exemple vend 100 euros de cacao aux USA, c’est la Banque centrale Européenne qui récupère les 100 euros, garde 65 euros et en donnent 35 à la Côte d’Ivoire. A ce titre, en 2004, la Côte d’ivoire a déposé 7 milliards d’euros au trésor Français pour sa participation dans le processus de garanti du CFA. De même dans les années quatre-vingt, lorsque la Côte d’Ivoire voulait acheter une voiture japonaise, c’est la France qui l’achetait aux japons, puis la revend à la Côte d’Ivoire.

On serait tenté de dire alors pourquoi les pays de la zone franc ne la quittent pas ? Beaucoup d’économistes en Afrique militent pour cette cause. Ils ne souhaitent pas quitter le CFA, mais parlent de rupture du lien avec le franc français, donc avec l’euro. Le plus virulent d’entre est eux le Pr Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblé Nationale de Côte d’Ivoire.
Mais vous savez bien ce que vit la Côte d’Ivoire depuis 2002, une tentative de coup d’Etat qui s’est transformée en rébellion rapidement orchestrée à base de revendication ethnique et religieuse. Cette guerre a été une fois de plus traitée de guerre religieuse opposant les musulmans du nord aux chrétiens du sud. Il y a eu un très beau scénario, mais une erreur de casting de la part des bailleurs de fond de coup manqué. Car le chef rebelle s’appelle Guillaume Soro., son numéro deux André Takoury Tabley. Vous connaissez des musulmans qui appellent leur fils Guillaume, André ? Idem au sud, le défenseur de la maison Gbagbo s’appelle Mamadou, musulman et originaire du nord.

Les trois Banques Centrales de la zone CFA sont la BCEAO Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ancienne AOF), la BEAC (Banque des Etats de l'Afrique Centrale (AEF) et la Banque Centrale des Comores. Toutes ses Banques Centrales comptent des Français au sein de leur Conseil d’Administration :

- BEAC : 13 administrateurs dont trois pour la France.
-BCEAO : 16 administrateurs donc deux désignés par la France
- BCC : 8 administrateurs dont quatre Français

Nicolas Agbohou écrit : « dans les conseils d’administrations des Banques Centrales siègent au moins deux Français dont le seul refus suffit pour maintenir un statu-quo, pour pérenniser l’ordre monétaire et juridico-financier colonial aujourd’hui rénové, et imposé aux Africains.. »

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