Le métier enseignant et la démocratisation scolaire : nouveaux défis
Quatrième séance du séminaire, sous la forme d'une table ronde avec :
- Denis Paget, professeur de lettres, institut de recherche de la FSU, auteur de Aventure commune et savoirs partagés (ed. Syllepse / Nouveaux regards) et de Petite histoire des collèges et des lycées (ed. du Temps) ;
- Jean-François Bolzinger, responsable de l’UGICT-CGT (union générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens) ;
- Laurent Frajerman, historien de l’éducation et du syndicalisme enseignant.
Attention, changement de date :
Mardi 16 juin 2009 à 19h
Fondation Gabriel Péri - 11, rue Étienne Marcel, Pantin (93)
Métro Hoche
Plan d'accès
Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de bien vouloir vous inscrire par courrier électronique à l’adresse : inscription@gabrielperi.fr
Lors des premières séances du séminaire, nous avons commencé à identifier à quel point le système d’éducation et de formation est tiraillé entre des fonctions contradictoires, et ce de façon grandissante avec les réformes en cours pilotées par les organismes internationaux et le patronat.
Mais quelles sont les répercussions de ces contradictions et de la nouvelle situation scolaire, sur les enseignants, sur le sens qu’ils donnent aujourd’hui à leur métier, notamment pour ce qui concerne la démocratisation scolaire et le projet politique de l’école ?
La pression est forte, depuis la sphère économique (voir la séance avec Sandrine Michel) comme dans les réformes politiques (voir la séance avec Stéphane Bonnéry et celle avec Jean-Yves Rochex), pour que les enseignants soient les relais d’une refonte scolaire au service de la fabrication d’adultes, de salariés, de citoyens tels que les veulent les forces d’exploitation et de domination.
Dans le même temps, l’école est probablement un des domaines de la société où l’idée d’égalité, de pertinence de la démocratisation, est particulièrement ancrée.
Ainsi, entre participation de fait à une forme de sélection sociale et démocratisation, entre difficultés dans la pratique et convictions, il semble que les contradictions du système scolaire soient répercutées en contradictions dans le rapport qu’entretiennent les enseignants à leur métier et aux enjeux de la démocratisation scolaire.
La situation nouvelle qui est celle des enseignants par rapport à leur métier ne découle pas seulement des réformes et des pressions que subit le système scolaire. Différents éléments entrent en jeu dans cette question politique.
Notamment, au niveau sociologique, le personnel de l’éducation nationale est largement renouvelé : 50% de départs à la retraite (les enseignants nés juste après-guerre) en une décennie, dont les postes de fonctionnaires sont remplacés en partie seulement. Quand les nouveaux embauchés sont recrutés à des niveaux différents, et quand ils sont issus d’autres milieux sociaux, notamment quand ils n’ont pas un parcours personnel redevable à la démocratisation scolaire : qu’est-ce que cela change dans le rapport au métier, dans le rapport au populaire et face à la question de la démocratisation scolaire ?
De plus, au niveau pédagogique, au delà des convictions ou des intentions, les contradictions de la pratique (les difficultés objectives à assurer l’égalité d’apprentissage avec les outils qui sont actuellement à disposition des professeurs) facilitent le travail de sape des arguments anti-démocratisants et anti-égalitaires.
Par ailleurs, au niveau de la nature du travail et de la place dans la société, la question « identitaire » du corps de métier se pose aujourd’hui de façon peut-être nouvelle. Le métier d’enseignant, basé sur la transmission, était très spécifique autrefois ; depuis, se sont développés divers métiers de la formation, de l’éducation non scolaire. Au-delà même des métiers éducatifs, la part a augmenté des cadres, des ingénieurs, des professions de la santé... c’est-à-dire des travailleurs très formés dont le métier est en prise directe avec des savoirs de haut niveau. Métiers où, là aussi, le pouvoir des savoirs fait l’objet d’enjeux contradictoires : mise au service de la rentabilité financière pour quelques uns (« économie de la connaissance ») ou bien mise au service du développement humain ? Et les métiers qui sont à tort désignés comme étant « manuels » sont sur des postes de travail qui sont structurés par des savoirs de plus en plus complexes, même quand les salariés en sont privés de la maîtrise. De plus, les revendications enseignantes qui grandissent depuis plusieurs années maintenant sur la perte de pouvoir d’achat sont aussi fortement liées dans les discours à la perte de reconnaissance sociale. Autant d’indices de ce que le fait d’être enseignant n’est peut-être plus aussi spécifique qu’autrefois. Qu’est-ce que cela implique pour un corps professionnel qui avait construit son identité avec des conceptions de l’école qui sont chamboulées ?
Sans excès de fatalisme ni de confiance, quels sont les défis à relever, quels obstacles à surmonter ? Quels sont les enjeux du rapport qu’entretiennent les enseignants à leur métier et à la démocratisation scolaire, pour les pratiques, pour les luttes et pour l’appropriation large d’un projet de transformation progressiste de l’école ?
Séminaire sous la direction de Stéphane Bonnery, chercheur en sciences de l’éducation à l’Université Paris 8.
Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de bien vouloir vous inscrire par courrier électronique à l’adresse : inscription@gabrielperi.fr
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