Naissance de notre Art Comtemporain
A propos de l’exposition « Mes Martiniques »
de Hervé Beuze (juin 2009)
par Patrick Singaïny.
Que l’on ne vienne pas me dire que ce qui va suivre a déjà été
dit en d’autres temps ou en d’autres lieux.
Je me fous de ces époques et de ces lieux.
Ce qui compte est que ce qui est exprimé ici et maintenant
ne vaut que pour notre ici et notre maintenant.
Leitmotiv personnel.
Le verbe du démiurge Césaire transmute notre paysage mental post-esclavage, broyé par l’assimilation. Il fait de nous des êtres en combat pour le gain d’une humanité en partage contre la fatalité d’être prisonnier du travestissement de la liberté, de l’amour, de l’amitié, de l’entraide, et de la négation de l’Autre.
Si j’osais, j’affirmerais sans ambages que, tout génie qu’il était, la tâche de Césaire ne tenait pas de l’impossible. Car il possédait fermement cette « arme miraculeuse » –la Poésie-action- dans un pays où le verbe possède de précieuses vertus rédemptrices et peut se révéler vecteur d’actions transformatrices.
Si j’osais, je dirais que dans un monde où le dit crée littéralement le réel, ceux dans nos rangs à l’écoute du verbe césairien en deviennent transformés à jamais. Le verbe, telle la pierre philosophale, transmute la certitude de la fatalité en une croyance autre et positive, d’un si fort pouvoir qu’il vous arrache de votre condition de cet être-là, né à genou, convaincu d’un sentiment d’incomplétude et de mise en bestialité, dont malheureusement beaucoup trop d’entre nous en font leur prétexte pour assouvir –telle une soumission masochiste à des principes de vie que l’on sait pourtant viles- les plus bas instincts universels, sans se rendre compte un seul instant qu’ils sont les seuls maîtres d’œuvre de leur inhumanisation.
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