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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


"Bay kou blye pote mak sonje."

Publié par Elsie HAAS sur 1 Septembre 2009, 09:27am

Catégories : #REFLEXIONS perso

Ce qui signifie : celui qui donne des coups oublie, celui qui en porte les cicatrices

s'en souvient.


Un ami m'a dit : tu n'aurais pas dû répondre à ce professeur

Je lui ai répondu : je sais bien que c'est une perte d'énergie.


Je lui ai dit :

Tu sais  l'histoire de "ceux qui préfèrent mourir au chômage à Paris, plutôt que de travailler en Haïti"

a remué des choses profondes, comme le souvenir de mon père

si malheureux d'être empêché de mettre son savoir de médecin

au service de son pays.

Lui qui a organisé l'ensemble des services de santé dans

des pays comme le Togo, par exemple, qui venait d'accéder à  leur indépendance.


Je lui ai dit :

Ce qui m’a le + choqué

Ce n’est pas tant que ce M. Jean Josué Pierre, professeur de philosophie

M’insulte et médise sur ma personne.

Parce que, figures-toi que depuis que je « milite »un peu

  dans le milieu haïtien dans lequel on trouve peu de femmes,

sinon dédiées aux "affaires domestiques",

-même parmi celles qui ont fait de brillantes études-

je me suis fait  à plusieurs reprises verbalement agressée

par des hommes en général,

bien souvent des  "étudiants" boursiers à Paris.


Dès qu’une femme n’est pas d’accord

avec cette sorte d’homme,

c’est tout de suite le déclenchement des hostilités,

les insultes les plus grossières  sont proférées

et on est à 2 doigts parfois de l’agression physique.


Donc ce problème d’incorrection, j’ai appris à le zapper

Et puis, il m'est apparu que l'absence de respect

dans ce milieu

n'était pas réservé aux femmes

mais  que des  hommes plus âgés y  avaient  droit aussi

peut-être  parce que considérés comme + faibles

Peut-être parce que dans la culture "pragmatique "des grenn-nanbounda.

étant vieux, ils n'ont plus de pouvoir et peuvent être maltraités

On peut traiter quelqu'un de "curé  défroqué "  et autres horreurs

sans que personne ne semble s'en offenser.


Donc ce qui m’a vraiment choqué

c’est que le professeur de philosophie ait lançé une fatwa 

en déclarant péremptoirement

que je n’avais pas ma place dans les débats d’idée sur Haïti.


Donc, imagines, je suis cinéaste, j’ai fait quelques films sur Haïti,

Lors de mon dernier passage, j'ai tourné 5 petits reportages sur la Grand'Anse

gratis ti chéri pour la TNH

et M. le Professeur de philosophie déclare

qu’il faut que je la ferme.


Vu mon âge et mon expérience,

c’est quand même plus choquant  cette injonction à se taire

que de se faire traiter de « rebelle sans cause » et autres balivernes.


Tu sais
que mon père était doyen de la Fac de médecine en Haïti

 et qu'il n’était pas en "recherche de notoriété",

puisqu’il  avait donné sa démission à M. Duvalier

quand celui-ci est devenu Président.

Et sais-tu que la réaction de Duvalier a été de le mettre en prison illico presto .

Et sais-tu qu'il s'est trouvé des gens pour trouver que c'était bien fait .

Ils ont trouvé que mon père méritait la prison

parce qu’il n’avait pas le droit de contredire le chef.

D'être libre de ses opinions.


C’est ainsi que, à sa sortie de prison, mon père avec toute sa famille a quitté le pays

pour laisser la place à ceux qui avaient le droit de participer au débat d’idées sur Haïti

et qui l’ont si bien mené qu'ils ont conduit le pays à "l'ensauvagement macoute".


C’est ainsi que mon père n’est jamais retourné en Haïti

et a fait sa carrière en Afrique, en Amérique Latine,

dans les Caraïbes  où il est mort.

Et pourtant, il ne rêvait que d'une chose,

c'est de travailler et vivre dans son pays.

Un destin comparable à celui de plein d’autres de nos

compatriotes.


C’est ainsi donc, qu’il y avait à  cette époque, quelqu’un,

disons l’équivalent actuel d’un professeur de philosophie de l’Université d’Haïti,

qui avait déclaré que non seulement il n’y avait pas de place

à l’intérieur du pays pour un professeur de médecine comme mon père,

mais qu’en plus de cela, que ce professeur de médecine

avait préféré mourir à l’étranger

plutôt que de travailler pour son pays.


Ainsi ceux qui ont été expulsés manu militari

de leur pays sont accusés par ceux-là même

qui les ont expulsés d'être des déserteurs.

Le Tiran devien titan

et ses victimes  :1 Million d'exilés économiques

et politiques à travers le monde

des coupables.

 Opération de retournement de situation.

C’est ainsi que ces gens-là réécrivent l’histoire.


De sorte que, ce qui me choque vraiment, c’est cette répétition de l’histoire.

Avec quelques générations plus tard, les mêmes  personnes de droite

qui vous somment de vous soumettre à leurs diktat,

insultent,  mettent en prison, excommunient, dénigrent leurs opposants.


Alors, le plus  choquant dans cette affaire

c'est cette permanence de l'intimidation,

c’est de penser que  mes enfants, mes petits-enfants  et moi-même

devons faire face aux « héritiers »

qui ont maintenu le pays dans le "faire noir"

et qui décident de décider qui a sa place

et qui n’a pas sa place.

dans le débat d'idées sur Haïti.

 

Voilà pourquoi  j'ai tenu à répondre à ce professeur de philosophie

dont je me contrefous de l'opinion par ailleurs,

en mémoire de mon père

et  pour qu'à l'avenir  les jeunes et les jeunes femmes notamment,

de ce pays

sachent qu'il n'est pas bon de se soumettre  à l'utilisation de techniques

qui auront permis que l'ensemble d'une population

soit enfermée pendant plus de 30ans dans la peur et l'obscurantisme.

 

Tu vois mon ami, les insultes, les attaques ad hominem,

on peut les envoyer balader par un  "cause toujours"

mais la question de" la place" me touche

pour des raisons affectives,certes;

Mais plus précisément encore pour des raisons de politique

et renvoie à tous nos aînés morts en exil

à ceux , torturés, assassinés, à Fort Dimanche

à ceux-là morts d'épuisement et de maladies

à la suite de longs et fréquents

emprisonnements

Les Firmin, les Jacques Roumain, les Jacques Stephen Alexis

les Laraque, les Jean-Marie Vincent, les Izmery, les Jean Dominique

les Lovinsky Pierre Antoine, les père Jean Juste

et la liste est si longue

de tous ceux "disparus" , éliminés"

parce qu'il avait  été décrété

qu'ils n'avaient pas leur place

dans le débat d'idées sur Haïti.

Cette question de "place"

renvoie à l'apartheid qui caractérise la société haïtienne en général.

 

C'est pour ça qu'il était important de dévoiler le contenu

et le sens profond et caché

des attaques du professeur qui me sont adressées

mais par delà sont un message, une sorte d'avertissement

à toutes celles et ceux

dont on pourrait juger qu'ils n'ont

pas "leur place dans le débat d'idées sur Haïti".

Il s'agit d'une sorte de police des pensées

en quelque sorte

qui renvoie à un "déja vu" de sinistre mémoire.



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H
Abo Lotcho! BALI BOULOVA!!!!
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