Mes pensées vont à tous les enfants du monde pour lesquels cette fête, devenue internationale,
est avant tout la leur.
Ici, nous avons pu offrir aux nôtres des présents, gages de notre affection.
Ailleurs, dans les pays du Sud notamment, le papa, le tonton Noël
n’a pas toujours été au rendez-vous.
Connaissant le gout du peuple haïtien pour le bonheur
Je n’ai aucun doute que, même les plus malheureux d’entre eux,
Et même ceux que cet homme de théâtre, appelle « des hommes qui sont aussi des rats »,
auront fait tout ce qui était possible, avec leurs moyens dérisoires pour fêter cet événement.
Et ils ont bien raison.
Dans les moments de malheur extrême,
la seule respiration qui reste est celle de créer, d’imaginer et d’inventer.
C’est ce qu’ont fait tous les esclaves des Amériques Noires
pour lutter contre la deshumanisation.
Ils ont créé les gospels, le jazz, le meringue, le tango, le gwoka ,
la peinture dite naïve
et toutes sortes d’expressions artistiques inventées
à partir des rares médium auxquels ils avaient accès et de leurs expériences de vie.
Dans son livre "Fort-Dimanche, Fort la Mort", Patrick Lemoine raconte
comment les prisonniers à vie avaient eu l’idée de fabriquer des pièces du jeu d’échec
à partir du modelage de la mie de pain.
Gérard Chenet, écrivain exilé et vivant à Dakar aujourd’hui raconte comment ,
alors qu’il était en prison sous la présidence de Lescot,
Jacques Stephen Alexis également en prison,
leur expliquait de sa cellule la théorie de la relativité d’Einstein.
Germaine Tillon, emprisonnée dans le camp de concentration de Ravensbruch
arrive à écrire une opérette "le Verfügbar aux Enfers" avec la compilicité de ses co-détenues
qui lui fournissent papier et crayon et anecdotes
« J'ai écrit une opérette, une chose comique, parce que je pense que le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant. On peut rire jusqu'à la dernière minute. »
VOIR link
Dans le monde entier nous avons des exemples semblables.
La résistance à la deshumanisation est un langage qui unit les femmes et hommes sur tous les continents.
Peuple haïtien, la route est longue, ardue et semée d’embûches.
Les ennemis à l’intérieur du pays comme à l’extérieur sont nombreux.
Ils ont l’argent, les média et les armes.
Et ils sont impitoyables.
Cependant, si « pitit tig se tig »,
S'il est vrai que des criminels notoires
peuvent se transformer du jour au lendemain en « combattants de la liberté »,
les enfants des "Marrons de la liberté" que nous sommes sont des Gouverneurs de la rosée.
Ils ont pour bagage la solidarité, la poésie, la détermination, le rire et l’amour.
Peuple haïtien, à l’aube de cette nouvelle année, « le Monde du Sud »
te souhaite une grand discernement, à l’instar de tous ceux
qui nous ont précédés, sans lesquels nous ne serions pas aujourd’hui des Haïtiens.
Peuple haïtien, nous te disons : honneur et respect
Nos meilleurs sentiments vont à toi, à tes enfants, à tes parents et amis.
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