J'ai lu ça dans un article du journal Le Monde :
"C'est l'un des paradoxes du moment en Haïti. Grâce à l'intervention temporaire des ONG, les plus pauvres n'ont jamais été aussi bien soignés tandis que les plus riches, qui étaient les seuls avant le séisme à pouvoir accéder à toute la gamme des soins, s'expatrient désormais pour se faire soigner selon leurs standards habituels. Les milieux médicaux haïtiens, très proches de l'élite économique et politique, sont d'ailleurs de plus en plus mobilisés contre cette concurrence omniprésente.
La décision des autorités de santé de ne plus garantir, à compter du 12 juillet, que la gratuité des médicaments dans les établissements qu'elles contrôlent est sûrement révélatrice de l'efficacité de leur lobbying actif. L'argent mobilisé pour les opérations humanitaires offre enfin le spectacle à haute tension d'une capitale en ruine, de moins en moins sûre, sillonnée du matin au soir par des 4 Å~ 4, presque exclusivement occupés par des expatriés, qui, une fois leurs tâches du jour terminées, se rendent en convoi de leur base à leur lieu de villégiature exclusif, livrant à une population haïtienne miséreuse la vision de leur aisance relative mais bien réelle"
Cette puissance des lobby sous Préval;
est une des caractéristiques les plus malsaines de son gouvernement.
On l'avait vu avec l'affaire du salaire minimum.
Egalement, avec l'introduction de Monsanto dans un pays
dont l'agriculture fragilisée aurait besoin de préférence
d'une une aide aux agriculteurs en matière d'outils agraires,
d'engrais naturels, de distribution de terres,
de mise en place de filières de transformation,
de conservation
et d'exportation.
Avant cette décision de suspendre les soins gratuits,
suite aux pressions des patrons de cliniques privées,
il y avait eu celle d'arrêter la distribution gratuite d'eau aux réfugiés,
suite aux pressions des vendeurs d'eau.
Une véritable ignominie.
Mais qui sont ces vendeurs d'eau ?
Ou prennent-ils l'eau ?
Les rivières et les sources d'Haïti n'appartiennent-elle pas à l'Etat ?
Ont-ils obtenu des concessions ?
Combien d'emplois dans leurs entreprises ?
Paient-ils des impôts ?
Comment traitent-ils l'eau ?
Existent-ils des contrôles ?
On n'en saura rien.
Les journalistes tous hyper courageux
quand il s'agit de dénoncer, ad nauseam," l'anarcho-populisme"
sans même avoir le début d'une idée de ce que recouvre l'accolage de ces 2 termes.
ne s'intéressent pas aux conditions de vie de la population
Et aussi ça :
L'analyse du plan d'action pour le relèvement et le développement national d'Haïti, présenté, en mars, à New York est à cet égard malheureusement révélatrice. A échéance de dix-huit mois, malgré la récession économique, il prévoit deux fois moins de crédits pour la relance des secteurs productifs (commerce, agriculture, tourisme) que pour l'augmentation des effectifs de policiers et de magistrats : 108 millions de dollars d'un côté, 215 de l'autre.
Une autre des caractérisques du gouvernement Préval
(Mezanmi qui l'eut crû ? Pas moi en tous les cas)
C'est cette obstination à foncer tête baissée dans le mur.
108 millions de dollars pour le commerce l'agriculture et le tourisme
215 millions de dollars pour l'augmentation des forces de Police et des magistrats.
C'est cette politique de régression que j'ai appelée "la restauration macoute"
qui s'illustre par une absence de volonté politique
de s'atteler aux véritables causes du sous-développement
et de privilégier le sécuritaire.
J'avais analysé que la politique anti-sociale menée par Préval
était sécurisée par la MINUSTAH (mission de l'ONU en Haïti)
à défaut des macoutes et de l'armée sous les 2 Duvalier.
Comme sous ces 2 dictatures, les secteurs productifs sont relégues.
Comme sous ces 2 dictatures, il est à prévoir l'application d'une politique
qui livre les travailleurs haïtiens aux investisseurs d'entreprises d'assemblage
-toujours les mêmes-
sous la bonne garde de la police et des magistrats
dévoués aux intérêts des possédants.
C'est la continuité de la politique de Préval de défense des intérêts des nantis
qui est ainsi assurée.
Ca serre le coeur.
D'autant plus que l'on sait que le peuple haïtien
est seul.
Cette solititude du peuple haïtien, s'illustre, par exemple,
par le fait qu'il aura fallu
que cette information apparaisse dans un journal étranger.
et non dans aucun des commentaires, blal, bla, bla, faits par les intellectuels
haïtiens sur ce fameux et opaque "Plan de Reconstruction d'Haïti Entre nous"
La "restauration macoute" c'est également ça.
La déperdition de la pensée.
Il faudra un jour que tous ces intellectuels s'interrogent
sur l'effet boomerang du bluff et du mensonge.
Ils ont été pris au mot
Et le mot n'était pas beau.
Bien qu'ils se retrouvent victimes de leur propre tartufferie
-ce dont on ne peut se réjouir
parce qu'une société a besoin de l'apport de ses intellectuels-
les véritables perdants de cette régression
sont ceux qui n'ont accès à rien, pas même aux mots.
Maintenant, il s'agit de trouver les moyens de
s'opposer à cette attaque par la multiplication
d'organisations capables d'autonomiser leurs plans
sur le terrain.
Ce n'est pas facile.
Mais la société haïtienne, ses forces vives, possèdent les éléments
pour relever ce défi.
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