Le Président Leonel Fernandez et les Sans Papiers
Lundi 30 novembre 2009
Le président Fernandez sait bien que sans les sans-papiers haïtiens, les chantiers dominicains s’arrêteraient et les plantations de canne à sucre, de bananes et de café seraient en grande difficulté. Il sait comment les employeurs dominicains traitent en général leurs ouvriers haïtiens. De nombreux rapports ont été écrits à ce sujet. Plusieurs auteurs ont même qualifié d’esclavage la situation des coupeurs de canne haïtiens. Les plus âgés, qui furent littéralement vendus par Duvalier à des dictateurs dominicains jusqu’en 1986, vivent aujourd’hui dans une misère totale.
Le président Fernandez est particulièrement fier du chantier du métro de Saint-Domingue, mené à bien par la société française Bouygues. Mais que se serait-il passé si les ouvriers étrangers de ce chantier avaient fait grève... comme aujourd’hui cinq mille de leurs collègues sans-papiers à Paris ? Sans une main d’œuvre haïtienne et dominicaine sous-payée, que deviendraient les hôtels fréquentés chaque année par 300 000 vacanciers français (presque entièrement coupés de la vie des habitants de la République dominicaine) ?
Le 10 décembre, Leonel Fernandez proclamera achevée la révision de la Constitution. Les enfants nés en République dominicaine de parents haïtiens vont être les premières victimes de cette révision. Jusqu’à présent, ils ont droit, en théorie, à la nationalité dominicaine, y compris bien sûr si leurs parents sont en situation irrégulière. Une disposition rarement appliquée cependant. Dorénavant, sauf exception, les descendants d’Haïtiens (plusieurs centaines de milliers de personnes) n’auront plus droit qu’à un statut d’immigré, qui deviendra ainsi héréditaire. Des organisations dominicaines et nord-américaines considèrent qu’il s’agit d’une violation de la Convention américaine sur les droits humains, dont la République dominicaine est signataire.
Les secteurs ultra-nationalistes dominicains, dont certains sont très proches du pouvoir, considèrent au contraire que c’est un pas en avant. A travers la presse, ils mènent de manière incessante une campagne raciste et xénophobe, qui exerce des ravages. Elle rappelle la propagande qui précéda le massacre, en 1937, de quinze mille Haïtiens sur ordre du président Trujillo.
Depuis le début de l’année, les agressions contre les Haïtiens se sont multipliées. A deux reprises, des Haïtiens ont même été décapités. Il y a un mois, quatre Haïtiens, dont un enfant, ont été tués puis brûlés. Que compte faire le président Fernandez pour poursuivre les agresseurs, protéger les migrants et apaiser les tensions ? Nous soutenons les efforts de l’association dominicaine Plataforma Vida pour obtenir du président Fernandez qu’il « mette en place une vraie politique de respect à l’égard du peuple haïtien, car jusqu’à présent seules l’hypocrisie et une double morale ont été observées sur le dossier de la migration haïtienne ». Tout comme la Plataforma Vida, nous souhaitons « de meilleures relations empreintes d’harmonie et de respect entre Dominicains et Haïtiens ».
Le Collectif Haïti de France
En Pièces jointes:
- Rapport du GARR, novembre 2009 : Groupe d'Appui aux Réfugiés et Rapatriés, association haïtienne de défense des droits humains
- Présentation du Collectif Haïti de France
- Communiqué de presse format PDF
Contact Presse: Collectif Haïti de France - 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris. Tel: 01 43 48 31 78 ou 06 81 37 75 82. Email :contact@collectif-haiti.fr
Emeline Sauvignet, coordinatrice
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