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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


De la réhabilitation des "Congos"

Publié par siel sur 2 Décembre 2013, 13:43pm

Catégories : #REFLEXIONS perso

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Un Marron repris et enchaîné.

 

Un truc qui m'a toujours indigné pour avoir lu des études documentées sur le rôle des Congos dans la lutte contre les colons esclavagistes, pas seulement en Haïti mais dans l'ensemble des Amériques Noires, c'est l'usage péjoratif de ce terme dans la société haïtienne. De même que le terme "marron" utilisé aussi par L Péan dans son concept  bizarroïde de "état marron" , comme si le fait de fuir les plantations et l'ordre esclavagiste était assimilé à de l'irresponsabilité. Ainsi, voici des gens qui ont le courage de s'enfuir avec toutes les conséquences horribles que représentent le fait d'être repris, qui choisissent la liberté aux fers, qui utlisent leur intelligence pour survivre et  qui se retrouvent dans une société post coloniale, plus de 200 ans après l'indépendance labellisés " barbares" et vus comme des criminels pour avoir voulu échapper à la sauvagerie esclavagiste.

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Les Kamoken  repris  et enchaînés

 

De même l'utilisation du mot  taïno  "kamoken" nom attribué par les Espagnols aux Indiens en rebellion contre leurs pratiques sanguinaires,  est devenu un terme négatif à partir de Duvalier.

 

Pourtant, la Cacique Anacaona était la dernière dirigeante des Kamoken. Elle et l'ensemble des dignitaires de sa cour, sont tombés dans le piège dressé par les Espagnols, qui les avaient invités à une rencontre en vue de pourparlers de paix. En guise de réconciliation, son gouvernement et elle furent brûlés vifs dans la maison où se tenait cette rencontre.


Il y a une quantité de mots et de concepts passés dans la population qui sont un héritage des valeurs des esclavagistes qui, parce que non repensés par les intellectuels haïtiens, perpétuent une image dégradante de ceux qui ont lutté et sont morts pour la liberté. 

 

Leslie Péan aborde aujourd'hui la question des Congos. Espérons que cela le conduira à repenser et réajuster sa terminologie d' "etat marron." qui se révèle n'être qu'une facilité mais cependant une source d'erreur en légitimant la vision esclavagiste de la figure du Marron chez les jeunes Haïtiens.

 

 

Voici l' extrait dans l'article De la bataille de Vertières à Anténor Firmin : la problématique de l’indépendance des peuples 

 

de  Leslie Péan ici : link

 

"Les Congos sont au cœur de la lutte contre les Français. Comme l’explique Franklin Midy, « Ils fournirent au mouvement insurrectionnel ses forces combattantes décisives, dans le Nord notamment, foyer de l’insurrection, où ils représentaient 60% des Bossales. Ils furent les premiers à entrer massivement en insurrection, nommément pour l’indépendance, après la déportation de Toussaint Louverture en 1802, quand l’armée expéditionnaire de Napoléon, commandée par le général Leclerc, eut entrepris le désarmement des cultivateurs [6]. » Les chefs des Congos tels que Macaya, Sans Souci, Lamour Dérance ont refusé de soumettre à Dessalines qui les avait combattu au nom de la France. De plus, on sait que c’est par la traîtrise que Sans Souci, Lamour Dérance furent arrêtés et assassinés. Le premier fut liquidé par Christophe et le second par des soldats sous les ordres de Dessalines.


Suivant les ordres de Dessalines, Christophe avait invité Sans Souci à une réunion de travail sur l’habitation Grand Pré pour se concerter afin de mieux organiser la résistance contre les Français. Ce dernier s’y rendit en toute confiance avec ses officiers et tous furent massacrés. Les victimes de cette hécatombe des chefs Congos sont Sans Souci, Jasmin, Apollon Beaujour du Haut du Trou, Lafleur de Fort-Liberté, Trou-Canne de Sainte-suzanne et Jupiter des Bonnet. C’est à la suite de ce massacre de Grand Pré que les lieutenants de Sans Souci tels que Petit Noël Prieur se soulevèrent à nouveau contre Christophe. Dans ces premiers jours de 1803, les combats entre Congos (dénommés aussi Tacos) et créoles reprirent avec force. Paul Louverture (frère de Toussaint) fut tué et Dessalines « dont le chapeau fut transpercé de balles échappait par miracles aux Tacos qui se replièrent dans les montagnes voisines [7]. »


Les généraux des troupes coloniales n’étant ni loyaux ni honnêtes, il était difficile sinon impossible pour les Congos d’avoir confiance en eux. À ce propos, Midy remarque : « Les Congos, de leur côté, ne voulaient pas reconnaître la suprématie des anciens généraux des troupes coloniales, qu’ils regardaient comme des traîtres à la cause des Noirs. Ces officiers créoles s’étaient soulevés après eux, après qu’ils les eussent pourchassés au nom de la France [8]. » Il est donc normal pour les Congos de remettre en cause la direction politique des généraux et officiers supérieurs de l’armée indigène qui avaient trahi Toussaint Louverture en joignant Leclerc [9]. En effet, pour des raisons de pouvoir, les généraux indigènes étaient les caisses de résonance du pouvoir colonial et luttaient contre les démarches des forces vives Congos. Il est quelque peu difficile d’admettre qu’un général indigène qui hier encore était contre la résistance des Congos puisse logiquement aujourd’hui donner des leçons aux combattants qui n’avaient jamais déposé les armes. Ils se renvoient l’un à l’autre la flamme des accusations d’être à la solde des Français. "

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