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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Exhortation(s) : quand le pape François parle des classes... ParJean-Emmanuel DUCOIN

Publié par siel sur 18 Décembre 2013, 17:17pm

Catégories : #CULTURE

Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé mardi 26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection sur le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous azimuts, façon feuille de route.

François Ier. Être au monde dans ses mutations ne va pas sans soubresauts, ni hésitation. Ici, non pas la chronique de la peur mais contre la peur, quand la solitude se brise par la grâce d’espoirs sollicités. Voici le temps de l’aveu, celui qui doit inciter à l’optimisme malgré les périls en vue et les éventuelles déceptions. Que craindre le plus, en effet : l’effroi prévisible des consciences ou le combat des hommes en tant que potentialité ? Bien sûr, gardons-nous toujours d’un enthousiasme trop aveuglé par la puissance symbolique des actes et des mots. Mais, une fois encore, le pape François vient de nous surprendre plutôt agréablement. Pourquoi devrions-nous le taire et tenir à distance des informations assez importantes, qui, en tout orgueil, confortent nos impressions initiales ? Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé mardi 26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection sur le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous azimuts, façon feuille de route, qui dépasse de loin les gestes inédits et autres phrases qu’il avait pu distiller çà et là, à la grande stupéfaction des conservateurs de la curie. Dans cette première « exhortation apostolique », qui pourrait faire date, François Ier appelle l’Église à s’ancrer dans la société. Une idée banale, direz-vous. Moins qu’il n’y paraît.


Exploités. « Une Église pauvre pour les pauvres (…), audacieuse, créative, fervente, cordiale et joyeuse. » Les mots sont placés. Et visiblement dans le bon ordre. Dans ce texte programmatique, Bergoglio dit préférer une « Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort ». Dans un long chapitre consacré à la crise économique, le pape réaffirme la primauté de la dimension sociale et de l’engagement dans la cité. Les phrases claquent et laissent assez peu de place au doute. Qu’on en juge : « De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue. »

 

Le pape poursuit en ces termes : « Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : les exclus ne sont plus seulement des “exploités”, mais des “déchets”, “des restes”. » Comment se montrer plus explicite ? Pour étayer sa critique du libre marché laissé entre les mains d’un « système économique dominant », l’auteur dénonce les nouvelles idoles, celles du « fétichisme de l’argent » et de la « dictature de l’économie sans visage et sans but véritablement humains », ce qu’il appelle « la négation du primat de l’être humain ». Comment ne pas être d’accord ? D’autant que cette condamnation s’accompagne d’un constat philosophique supérieur. Pour le pape, la crise financière – et morale – que nous traversons ne doit pas nous faire oublier qu’elle trouve son origine dans une crise anthropologique plus globale : « La crise mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation. »

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