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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Le dilemne GNBiste de Marvel Dandin à Radio Kiskeya Par Fanfan La Tulipe

Publié par siel sur 26 Mai 2013, 09:55am

Catégories : #PEUPLE sans mémoire...

 

Haiti Liberté,édition du 4 au 10 Janvier 2012

Le 15 décembre, l’émission Di m, ma di w animée par Marvel Dandin sur les ondes de Radio Kiskeya touchait à sa fin quand j’ai commencé à la suivre. Le thème du jour devait être en rapport avec la date historique du 16 décembre 1990. Toujours est-il que deux auditeurs ont appelé coup sur coup pour stigmatiser les égarements des GNBistes durant les années 2002-2004 qui avaient voulu mettre toute l’instabilité de l’époque sur le compte du régime Lavalas. En particulier, ils dénonçaient le refus de l’opposition macouto-GNBitse de dialoguer avec Aristide, les fausses accusations et le boycott du bicentenaire de l’Indépendance par l’opposition, toutes chapelles confondues.

Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre Dandin, toujours très serein, brusquement monter sur ses grands chevaux pour «coffrer» ces deux lavalassiens qui avaient eu «l’audacité» de mettre dans le même sac déstabilisateur la mouvance Guy Philippe et le courant GNBiste, unis dans un même élan de capoter le pouvoir. Pour résumer les propos outragés de Dandin sous le coup d’une forte poussée d’adrénaline, l’engeance GNB était d’essence pacifique, alors que les enculés de la bande à Guy Philippe formaient un groupe de malfrats violents opérant pour leur propre compte. Aucun accord, aucune collusion, aucun tetelang n’existait, selon Dandin, entre le camp pacifique GNBiste et la racaille enragée guyphillipiste.

Marvel Dandin a eu l’effronterie de faire l’éloge de la Caravane de l’Espoir de M. Apaid, porteur d’un soidisant «Nouveau Contrat social» qui sans doute garantirait une douce harmonie sociale entre toutes les couches sociales, pwason malere kraze nan bouyon grannèg Montagne Noire yo. Il semblerait, selon Dandin, que la bande à Apaid, lors d’une manif au Champde- Mars, un vendredi 14 novembre
2003, était venue...chercher à établir un dialogue avec le régime au pouvoir, mais que les manifestants ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et ont été violemment dispersés par la police, bien entendu dépêchée pour la circonstance par le pouvoir.

La pause publicitaire passée, Dandin est revenu à la charge, en force. Ce fut toute une prestation tordue et biscornue pour établir que les GNBistes étant d’essence pacifique, ils n’avaient donc rien à voir avec la violence de la gente militaro-macoutoguyphilippique. «L’attelage suait, soufflait, était rendu», tant Marvin s’efforçait de montrer qu’il n’existait aucune relation politico-magouillarde entre les agneaux andy-apaidistes et les méchants loups de la violence armée des «combattants de la liberté». Les deux camps de l’opposition poursuivaient-ils le même but ? Tétélanguaient-ils ? Dandin ne peut le dire. Comment expliquer l’impossible géométrie de deux chemins parallèles mais pourtant convergents ? Un vrai dilemme dans lequel Marvel Dandin, empêtré, embarrassé, désorienté, se débattait sans pouvoir en sortir, sans pouvoir convaincre.

Avant de continuer plus avant, précisons que selon Haïti en Marche
(mercredi 19 novembre 2003), lors de cette manif du 14 novembre :« Les ‘184’ n’ont pas fait le plein. Moins d’un millier de personnes ont pu arriver au Champ-de-Mars, en grande majorité des étudiants...Les partisans de Lavalas
(et pas tous des ‘chimères’, il n’y aurait pas moyen de payer tout ce monde) étaient quant à eux plusieurs milliers, de loin en surnombre...On a vu arriver au Champ-de-Mars quelques leaders de l’opposition...mais on ne s’est pas écrasé au portillon... La police était suffisamment mobilisée et équipée, elle a repoussé précautionneusement les OP
(Organisations populaires) Lavalas». En d’autres termes, les 184 pat gen mounn dèyè yo, eux qui avaient invité à venir prêter l’oreille au «nouveau contrat social». Ou tande bèf...

Cette manif du 14 aurait été délibérément dispersée à grand renfort de violence par la police, de façon préméditée par le pouvoir. Voyons ce qu’en dit Haïti en Marche :«...de rassemblement comme annoncé, c’était devenu, sous la pression menaçante des partisans Lavalas qui en ont pratiquement empêché la tenue, plutôt une manifestation, mais où ce sont les mêmes étudiants de la Faculté des Sciences humaines...qui s’emparèrent de l’initiative. Cela jusqu’à la fin, engagés dans un duel à coups de pierre...avec l’aile dure des OP Lavalas, sous les rafales de mitraillettes tirées en l’air par les unités spéciales de la police, et les gaz lacrymogènes, tandis que d’autres agents s’employaient à sortir de ce piège leaders politiques et autres représentants attitrés du groupe des 184» (souligné par nous).

Il ressort du reportage de Haïti en Marche que: premièrement le groupe des 184 n’avait aucune assise populaire ; deuxièmement, il n’y a pas eu provocation délibérée et préméditée de la part du pouvoir ; troisièmement, que les partisans Lavalas «en surnombre», défendant leur pouvoir, conscients des enjeux politiques et du profil social de M. Apaid, en sont venus aux mains non pas avec les 184 proprement dits mais avec des étudiants, majoritaires à la manif (étudiants déclassés, «saisis» de pouvoir tétélanguer avec quelques gros bourgeois, de leur parler au téléphone) ; quatrièmement, que pas un seul cheveu n’est tombé de la tête des membres (en «sous-nombre») du Groupe des 184.

Mouvement GNBiste, mouvement pacifique, avez-vous dit, Marvel Dandin ? Pourtant, Haïti en Marche signale que «la caravane [des 184] a été arrêtée pour des fouilles policières pas sans résultat. La police a saisi dans deux véhicules trois armes, des gilets pare-balles, etc. On a procédé à l’arrestation de leurs occupants dont un neveu d’Apaid (David Apaid) et Charles (Charlito) Baker, tous alliés et une vingtaine de supplétifs». Pourquoi venir avec des armes à un «rassemblement », ‘‘pacifique’’ par surcroît ? Alors, comment ne pas comprendre la colère, l’hostilité et l’agressivité des OP qui avaient clairement compris la menace déstabilisante de l’opposition, amorcée du reste depuis la prestation de serment incongrue, loufoque, bouffonne, du baveux Gérard Gourgues ? D’autant que du côté de l’international, de l’ambassadeur gringo au Nonce apostolique, «tout le ban et l’arrière-ban avait été mobilisé» (Haïti en Marche, ibid).

GNB pacifique qui n’avait rien à voir avec les partisans de la violence de Guy Philippe ? Ann antann nou, Marvel, vous semblez avoir oublié l’interview de Philippe à Peter Hallward, publié en créole/français sur le site HaitiAnalysis. com. Lisons : P. Hallward. Kilè ke nèg sa yo [lopozisyon] te kòmanse fè des plans sérieux avèk ou pou youn projet militaire kont gouvènman an?

G. Philippe. Depi mwa décembre 2000

P.H: Nan moman sila’a, eske ou te konn kenbe kontak régulier ak yo?

G.P: Oui, nou te an contact régulier - contact serré.

P.H: OK. En juillet 2001, kilès ki te fè atak nan académie police la nan PAP [Port-au-Prince]? Ou pat nan mitan opération sila’a?

G.P: Mwen pat nan planification atak Juillet 2001 an. Genyen youn rapò OEA te prepare sou événements juillet ak décembre 2001 an, mwen ta suggéré w al li li si w besoin plus information sou sa k te pase a. Sa m konnen, sèke te genyen certain leaders politik ak représentants société civile la ki ka ede w jwenn information sa yo paske yo konnen tout sa ki te pase nan occasion an, circonstances sa yo. Paske yo se lâches, cependant yo pral di w ke yo pa konnen anyen sou bagay sa yo... P.H: ... Kilès mwen ka poze kesyon: Apaid, Boulos, Evans Paul, Serges Gilles? Kilès en particulier? ...Nèg tankou Evans Paul ak Serge Gilles te toujou di ke se gouvènman an menm ki te planifye atak la. Eske y ap bay manti ?

G.P: Poze leaders Convergence yo kesyon an, fòk yo konnen...

P.H: Eske ou vle di m ke li possible pou ke des conseillers militaires américains tap travay secrètement ak leaders convergence yo pou planifye, ekipe atak sila’a menm ? Eske se sa ke ou menm tou ou suspèk ?

G.P: No comment (souligné par nous).

P.H: Eske se vre ke Serges Gilles te suggéré atak ki te fèt nan Peligre la en Mai 2003 ?

G.P: Oui, mwen te di sa deja lane dernière sou radio. Si mwen te di li sèke se te vre. Au moins sèke Serge Gilles ak lòt associés li yo te di mwen, lè yo te vinn visite mwen nan RD (ndlr. République dominicaine) nan epok sa’a.

P.H: Kidonk en 2003, tankou en juillet ak décembre 2001, eske gwoup ou a ki te youn nan plusieurs groupes de anciens militaires yo, t ap travay ak Convergence nan epòk sila yo?

G.P: Nou pa t ap travay pou Convergence nan; nou t ap travay ensemble ...

P.H: ... Genyen moun ki di ke ou te jwenn preske tout zam ou yo de la RD et yo di ke se youn shipment d’environ 20000 dola consistant en M16s ki te dwe rive de la RD nan lane
2003... ki kote zam sa yo te sòti?

G.P: Elite haitienne la ak parties politiques ki te nan Convergence nan te aide nou ak lajan ak zam. Genyen youn gros commerçant haitien ki te ban nou environ $50,000 (US). Zafè jwenn lajan pat youn problem.

P.H: ... Eske te genyen lòt membre nan opposition politik a Aristide ki te ede? Nan epòk sila’a ancien colonel ak leader Convergence nan, Himmler Rébu, par exemple te vini youn présence familière nan région nord est peyi’a.

G.P: Pat gen gang. Et te genyen kèk sòlda ke Convergence Democratik la ak Jean Robert Lalanne te voye nan Gonaives pou entrainer, organiser lòt soldat yo. Lalanne te di mwen ke li te recevoi zam nan main G184 la, men li pat di m de kilès.

Alors, Monsieur Dandin, que dites-vous de tout ça ? Vous n’aviez pas lu tout ça ? Vous ne faites pas cas de tout ça ? D’autant que dans ce numéro de Haïti en Marche, le journal se demande «le groupe des
184, c’est quoi, c’est qui ? Quel était le véritable agenda de la rencontre ?» A croire que les 184 étaient plutôt représentatifs de la minorité tilolit s’agitant autour d’Apaid qui avait réussi à attirer une partie de la classe moyenne effrayée des OP, et à racoler un millier d’étudiants, déclassés, en quête de ti monnen et de visas, toutes menées facilitées par «le laboratoire» pour les besoins de la cause.

Dandin, journaliste très informé, sait trop bien que depuis belle lurette la CIA et ses supplétifs savent comment déstabiliser et organiser le chaos. Suivez ma plume. Dans un «Rapport de la CIA» divulgué en avril 2000 par le New York Times, on lit : «Le 4 avril 1953, la section de la CIA à Téhéran reçoit
1 million de dollars destiné à ‘‘faire tomber Mossadegh par n’importe quel moyen’’ (page 3 du ‘‘Rapport’’)... Fin mai 1953, la section de la CIA est autorisée à engager environ 11.000 dollars par semaine pour acheter la coopération de parlementaires». Après une première tentative d’un coup d’Etat contre Mossadegh dans la nuit du 15 au 16 août 1953 qui échoue, «Kermit Roosevelt, directeur de la section locale de la CIA et son équipe» improvisent une autre tentative.

«Afin de dresser les Iraniens croyants contre Mossadegh, ils profèrent des menaces téléphoniques contre des chefs religieux et ‘‘simulent un attentat’’ contre la maison d’un ecclésiastique
(page 37 du ‘‘Rapport’’) en se faisant passer pour des membres du puissant parti communiste Toudeh... ils organisent également des manifestations dont les participants prétendent appartenir au Toudeh. A l’instigation de ces deux agents [de Roosevelt], les manifestants saccagent les bureaux d’un parti politique, [...] et sèment le chaos dans Téhéran... Norman Schwartzkopf, personnage obscur qui avait réorganisé la police du Shah entre 1942 et 1948 rentre en scène après avoir reçu de la CIA la somme de 10 millions de dollars pour les distribuer secrètement à des personnages du gouvernement».

«[...]. Avec une partie de cet argent -- près de 400 000 dollars -- ils ont également acheté des éléments agitateurs pour qu'ils descendent dans la rue manifester violemment contre le gouvernement. Ensuite, les grands médias de l'Empire se sont chargés de présenter les manifestations comme une insurrection populaire.. Plusieurs membres iraniens de l’équipe de la CIA mènent alors les manifestants dans le centre de Téhéran et persuadent des unités de l’armée de les épauler, incitant au passage la foule à attaquer le quartier général du Parti iranien favorable à Mossadegh et à incendier une salle de cinéma et plusieurs rédactions de presse
(pp. 65, 67 et 70 du ‘‘Rapport’’)». Ça ne vous rappelle rien, Dandin ? Le 19 août
1953, Mossadegh, tombait du pouvoir.

Les Haïtiens disent volontiers : qui a fou, fourra. Justement, c’est ce qui s’est passé en Iran, au Guatemala d’Arbenz, au Chili d’Allende et ailleurs après que la CIA ait réussi au Congo de Lumumba. Qui a déstabilisé et coupd’Étaté, déstabilisera et coup-d’Étatera. En passant, je rappellerai à Dandin persuadé de la mauvaise foi du régime Lavalas à négocier que Aristide avait personnellement téléphoné à Apaid qui lui avait raccroché au nez. Je le tiens de Patrick Elie qui lui-même était allé voir Apaid dans une démarche de conciliation. Ce à quoi Apaid eut à lui répondre :«Nous sommes prêts financièrement, diplomatiquement, politiquement. Fòk Aristide ale».

Pour finir, je rappellerai à Marvel Dandin ces commentaires très éclairants du professeur Auguste Demeza lors d’une récente interview accordée à Michel Edouard sur les antennes de Radio pa Nou :«... je me demande jusqu’à quel niveau nous avions eu raison d’avoir eu ce mouvement GNB. Fò m entewoje l, m te ladan l, m te nan laru a, m assume ke m te ladan l, mais est-ce que c’était ça seulement la solution ? Est-ce qu’il n’y avait pas moyen de tendre le rameau d’olivier, m pa konnen, une piste de dialogue, d’accepter chita avec Monsieur le président Aristide à l’époque et de sauver la commémoration du bicentenaire. Se dè kesyon ke m ap poze m en terme de mémoire. M twouve m oblije poze yo par rapport aux résultats très piètres... on a eu une transition avec M. Latortue, pour moi ça été l’abîme des bim. Dans ce pays on n’a rien foutu pendant ces deux ans...», n’est-ce pas Dandin ?

Et la «bonne société» des intellectuels, des politiciens, des journaliste et des «gens de bien» qui ont toujours eu une peur irraisonnée des va-nu-pieds, des «gros orteils» qui se sont projetés sur le devant de la scène le 7 février 86 et le 16 décembre 90, continue encore de fantasmer et de fabuler sur la période 2002-2004. Combien de journalistes, combien d’intellectuels auront le courage de Demeza ? Marvel, dim m a di w.

Oui Marvel Dandin, où sont passés ‘‘la Caravane’’, le ‘‘Contrat social’’ et tout le bazar ? Faudrait-t-il demander à Martelly, le «président-motocyclette» ? Dandin, mon cher, di m m a di.

http://www.haiti-liberte.com

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