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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


LE FRANÇAIS EST-IL UN BON OUTIL D’APPRENTISSAGE À L’ÉCOLE FONDAMENTALE HAITIENNE?, par Roselor François

Publié par siel sur 2 Octobre 2010, 09:55am

Catégories : #CULTURE


 

AVANT-PROPOS

« Les questions sans enjeu dit-on ne provoquent jamais de réactions parce qu’elles n’intéressent pas grand monde…». Dans le cas de la pétition sur le créole initiée par monsieur Yves Dejean et collègues, on peut dire sans hésitation que les enjeux sont grands. Car, il s’agit d’une pétition qui peut opérer des changements profonds dans la structure sociale haïtienne. «À la fois la base de l’entreprise coloniale et de la lutte pour la souveraineté, la langue a été investie d’un rôle historique dans la colonisation et la décolonisation. » Aussi, le créole, est-il le lieu de libération du peuple haïtien, une arme de combat des masses oubliées. Un enseignement en créole servira à réintroduire sur la scène ces grands absents de l’histoire que sont la masse des bossales. On peut donc comprendre pourquoi en dépit de la fièvre électorale qui frappe les internautes, la pétition de notre compatriote a pu quand même obtenir une place de choix dans les différents échanges et débats en cours sur les forums. Fort de ce double rôle historique, la problématique français-créole a galvanisé les énergies des internautes. Pendant plusieurs semaines, divers courants de pensée se sont entrechoqués sur la scène virtuelle. Et je dis bravo à tous et à toutes. C’est une bonne chose pour Haiti.   

 

Durant ces dernières semaines, la question suivante: « le créole est-il un bon outil d’apprentissage? » a été au centre de la quasi-totalité des échanges. Une telle question, on se le rappelle, a été posée par un « Haïtien francophiste » qui accepte de bon gré le français comme un « badge d’honneur ».

 

Quand on réfléchit sur la question en soi (comme certains eut à le faire) on arrive aisément à comprendre qu’ « il y a anguille sous roche ». On doit se demander quel est le curriculum latent qui est enseigné par le biais d’une telle question ? Si on l’associe à d’autres  interrogations et commentaires du même auteur, qu’est ce qu’on trouvera ? Prenons par exemple l’extrait suivant (à noter que c’est nous qui avons souligné les quelques passages) :

« Mr. St Fort, comment avez-vous pu imaginer que le créole pourrait devenir une langue à part entière ? Le créole est « l’ingénu, tout nu » dépourvu d’un lexique adéquat et doter artificiellement d’une syntaxe chancelante que 95% de la population haïtienne ne peuvent pas maitriser et ne saurait passer une vérification élémentaire de base. Un sabir truffé de mots d’emprunt à la signification inexacte ou approximative. » 

Ou ce deuxième extrait:

« Haïti ne devrait-elle pas attendre que le créole s’enrichisse et devienne un bon outil d’apprentissage, avant d’imposer cette expérience linguistique de Mr. Déjean et Al.,  sur sa population cobaye ?  

Une répétition de l’irresponsabilité administrative et gouvernementale de l’ex-ministre Bernard sera délétère à l’effort de  Refondation. Le sort de milliers d’Haïtien est en jeu, l’élément humain devrait avoir priorité absolue  sur les convolutions de la politique linguistique. C’est pour quand, les macoutes créoles qui viendront forcer nos enfants à apprendre le créole? 

Ou encore:

On ne s’attardera pas à faire le procès du Français comme langue universelle, ni de la politique de la Francophonie. On essaie de soupeser la valeur de l’outil créole comme instrument d’apprentissage. Est-ce que la bande passante du créole est assez large pour transporter les informations requises à la compréhension et à la rétention d’un concept donné ?

 

Mr. St. Fort voudrait-il qu’on parle  les langues (L1) premières des « bossales » pour niveler la société haïtienne ? » 

 

Chers internautes,

Que doit-on penser de tout cela ? Les mots ne valent-ils pas ce qu’ils valent ? Nous avons des jeunes qui ont vraisemblablement reçu chez eux un tel discours. Nous ne serions donc restés indifférents à cela. Pour le bien-être de nos jeunes, nous tenons à assumer notre responsabilité citoyenne.   

Mesdames, messieurs, chers jeunes,

Quand on prend le temps de bien mesurer le sens et la portée de tels propos, à priori, on ne peut que dire: Wow ! Wow ! Wow !

Pour ensuite, s’interroger sur le profil de l’auteur d’un tel texte. On pourrait se demander par exemple : l’auteur, serait-il par hasard linguiste, psycholinguiste, ou sociolinguiste ou psychopédagogue, ou encore un spécialiste d’un domaine connexe qui a fait des recherches sur ces questions? Serait-il Michel DeGraff, ce linguiste haïtien, chercheur à la MIT (Massachusetts Institute of Technology) qui a fait des recherches sur le créole? Serait-ce lui l’auteur de « A Riddle on Negation in Haitian » ?

Chers jeunes, ce sont des questions assez pertinentes. Il fallait les poser. Car, l’auteur a parlé comme un expert en la matière.

Nous connaissons les réponses et vous les connaissez aussi. C’est non, non, non,…et non. Celui qui a tenu de tels propos contre le créole n’est rien de tout cela.

Alors, où a-t-il puisé de telles idées ?

Quelles sont ses sources ? Yves Dejean ? Claire Lefebvre ? Michel DeGraff ? John Lumsden ? Vivianne Déprez ? Hugues Saint-Fort ? Ou autres références ? Non. Nous ne le savons pas. Il n’y en a aucune pour appuyer ses dires.

Dans ce cas, ce monsieur, est-il sérieux?

Bien sûr que non, il n’est pas sérieux.

 On peut vite comprendre qu’il n’est pas sérieux dans ses propos.

Alors qui est-il pour tenir de tels propos à l’endroit du créole haïtien ?  

Nous savons que la langue française est sa LM ou L1, et sur les forums, il est « l’AMBASSADEUR FRANÇAIS » par excellence.

Voilà toute l’affaire! Donc, nous avons là le discours d’un simple « citoyen FRANÇAIS ». Et en tant que tel, il ne saurait être sérieux. Nous savons qu’il n’est pas sérieux. Car, nous l’avons appris tout récemment par le canal d’un autre francophone.

En effet, dans son tout dernier Livre en date intitulé : « CES IMPOSSIBLES FRANÇAIS » publié au mois de janvier 2010, le canadien francophone Louis-Bernard Robitaille nous a appris ce qui suit :

« Les Français ne sont pas sérieux. Qualité suprême pour les uns ou vice congénital pour les autres, peu importe : ils ne sont pas sérieux, ça ne se discute même pas. Tout le monde est d’accord là-dessus à l’exception des principaux intéressés. Car ces frivoles, chacun le sait, ont cette particularité de se prendre eux-mêmes au sérieux. Et insistent pour que le monde entier fasse pareil à leur égard. Ils sont célèbres pour ça…Les Français sont « légers » affaire classée. Mais ils ont la prétention de boxer dans la catégorie des lourds. C’est ce que nous dit le sociologue Gérard Mermet dans l’édition 1997 de sa Franco-scopie, lorsqu’il recense les sondages menés en Europe à propos des français. Parmi les principaux défauts que les autres Européens leur attribuent, on trouve leur « arrogance », leur « propension à parler et leur incapacité à écouter », leur « désintérêt pour le reste du monde ». Ils exaspèrent les Italiens qui trouvent à ces Méditerranéens revêches un air de supériorité chronique totalement infondé, ils horripilent les Allemands ou les Anglais qui n’en peuvent plus de les voir pérorer sur tous les sujets, dans les salons ou sur les tribunes, les Européens du Nord et les Nord-Américains qui les jugent à 4 épingles et bien sûr très Ancien Régime… Les Belges disent qu’un Français se suicide en mettant le revolver plus haut que sa tête, car c’est son complexe de supériorité qu’il doit viser»  p.8

Et plus loin à la page 12, l’auteur francophone d’ajouter :

« Que ce soit au Conseil de sécurité de l’O.N.U, dans des ambassades à Prague, Tachkent ou Buenos Aires, dans les colloques universitaires, le Français apparait volontiers sous la forme du petit marquis à costume cintré, badine et bouche pincée, du M. Je-sais-tout, du péroreur qui fait la leçon au monde entier. Jusque dans les foires agricoles ou commerciales de Chicago, le même Français, dans une version certes plus basse sur pattes que celle du diplomate ou de l’universitaire, se reconnait au fait qu’il se veut omniscient, qu’il tient le crachoir sans discontinuer et qu’il explique à son collègue du Middle West comment faire pousser le blé. »

Voilà mesdames, messieurs, la vraie raison d’une telle sortie contre le créole, langue de tous les Haïtiens ou « langue première des bossales » pour répéter ce « Français ».

 

 

L’IMPRESSION DE DÉJÀ VU

D’un autre côté, mesdames, messieurs, permettez-moi de vous dire qu’un tel discours ne date pas d’hier, ni d’aujourd’hui. C’est un vieil héritage du colonialisme français. Héritage précieusement conservé et transmis de pères en fils, de générations en générations. Interrogeons l’histoire pour mieux comprendre le présent !

 

Le refus ou le rejet du créole comme langue d’apprentissage en Haiti tire son origine du colonialisme français. L’auteur Jocelyne Dakhlia dans son livre intitulé « Trames de langues : usages et métissages linguistiques dans l’histoire du Maghreb » expose clairement cette politique linguistique des Français qui va constituer le fer de lance de tous les « francophonistes » contemporains. « On a souvent fait une distinction entre le colonialisme britannique et le colonialisme français en matière linguistique. Les anglais ont permis l’apprentissage des langues maternelles alors que les français ne reconnaissent que la norme de la langue française. Ceci peut être clairement confirmé dans le passage suivant : la politique coloniale française en matière d’éducation est facile à définir : c’est celle de François 1er, de Richelieu, de Robespierre et de Jules Ferry, une seule langue est enseignée à l’école, admise dans les tribunaux, utilisée dans l’administration : le français tel défini par les avis de l’académie et les décrets de l’instruction publique. Toutes les autres langues ne sont que folklore, tutu, panpan, obscurantisme et ferments de désintégration de la République… ».p. 528 

Ce que l’auteur français Anthony Joubier n’a pas manqué de confirmer en 2008, quand il a écrit : « L’interdiction de parler la langue maternelle (LM) est du au fait que de nombreux professeurs pensent que l’utilisation de la LM est un obstacle au progrès linguistique en français. C’est une politique linguistique de la France pour la diffusion à l’étranger de son modèle scolaire traditionnel…unilingue ».

Donc, il n’y a rien de nouveau. C’est typiquement français. C’est du déjà vu. Et, bien avant l’auteur de cette question, il y avait déjà des intellectuels haïtiens qui pensaient pareil. Par exemple, en 1998, c’était « le tour de Jean Metellus, neurologue et écrivain haïtien francophone dans une citation reportée par le journal Haiti-en-Marche du 11 mars de la même année, de déclarer qu’« avec le créole on peut faire beaucoup de choses, mais on ne peut pas faire de la Physique, on ne peut pas faire de la Chimie, on ne peut pas faire des Mathématiques, ni  de la Médecine, ni de la Biologie. (…) Je pense qu’avec le créole il faut faire des poèmes ». Un refrain qui est très présent dans le discours de certains de nos « dinosaures intellectuels ».

 

Je peux peut-être me tromper. Mais, on a l’impression que de telles positions sont motivées en grande partie par un amour excessif ou un trop grand attachement à la langue et culture françaises. Cette trop grande passion rend aveugle. C’est devenu une habitude chez les colonisés francophones d’associer leur personnalité à la langue française. L’écrivain guadeloupéen Dany Bebel-Gisler rapporte qu’« il se produit ainsi une séduction aussi bien pour ceux qui l’apprennent (le français) que pour ceux qui en sont privés. La fascination et son revers, le rejet à l’endroit du français, se doublent du rejet de soi. »

 

Aussi, cet amour passionné pour le français limite-t-il leur curiosité intellectuelle. Ils s’enferment à double tour dans leur univers francophone. Et à force de s’enfermer, ils deviennent des « francophistes », bref de vrais fanatiques. Ceci est valable même pour ceux et celles qui ont vécu en Amérique du nord. Face à certaines questions sociopolitiques complexes, ils restent enfermer dans leur étroite espace francophone. Tandis qu’aujourd’hui il est indéniable que pour bien cerner et poser la problématique créole-français en Haiti, il nous faudra sortir de notre univers francophone. Il est trop limité. Il nous faudra élargir notre champ de vision.   

Déjà, en 1976, Dany Bebel-Gisler attachée de recherches au C.N.R.S. et auteur de plusieurs études sur la langue créole dénonçait le retard que le monde francophone accusait au niveau de la recherche sur les rapports créole/français. Elle écrivait : « Face au vaste ensemble de travaux d’ethnologie, de sociologie, de linguistique et de sociolinguistique consacrés aux Antilles de langue anglaise et espagnole (Trinidad, Barbade, Puerto-Rico, Haiti), un vide : l’absence de toute recherche organisée et spécifique par la Métropole sur ses départements d’outre-mer…Aucune étude (à notre connaissance) sur les rapports français/créole, sur le comportement linguistique, si l’on excepte le chapitre pertinent de F. Fanon (le Noir et le langage) de Peau Noire Masques Blancs. »

Aujourd’hui encore cette situation demeure inchangée. Face à de telles questions, le monde Anglophone est toujours de loin en avance sur le monde francophone. Ce dernier accuse le même retard considérable.  Et c’est peut-être ce qui explique cette absence d’arguments valables au niveau du discours des partisans du statu quo en Haiti. Comme l’a si bien dit madame Bebel-Gisler, « le vide des arguments est patent : c’est sur des mythes que la francophonie réussit à fonctionner»….La fétichisation du français et de la culture française est le seul argument contre le créole ». p.206

On peut donc comprendre cette carence de données et d’informations dans la « rationalité philosophique » de ces penseurs « francophistes » ou « créolophobes ». A cela, il faut également ajouter leur peur à affronter le changement ou encore leur incapacité à déconstruire, puis renverser les mythes, stéréotypes et préjugés dévalorisants véhiculés sur la langue créole et la culture haïtienne.

Selon TONTONGI, (poète, critique et essayiste haïtien résidant actuellement à Boston dans le Massachusetts qui a déjà publié en créole, français et anglais), de telles idées sur le créole sont impardonnables. Surtout de la part de Metellus, « un écrivain de notre époque qui a accès, presque partout ou nous allons, aux recherches linguistiques courantes qui démontrent que la faculté d’accumulation, d’assimilation et de transmission de la connaissance est intrinsèque à toutes les langues humaines » (p.27). TONTONGI a lui-même publié en créole dans la « revue Bambou/Banbou » un essai d’introduction des œuvres de Jean Paul Sartre et de Simone de Beauvoir. Selon cet auteur, il lui était facile de traduire la prémisse centrale de l’existentialisme sartrien. Je vous invite à lire son texte sur : http://www.tanbou.com/1996/SatreCommemoration.htm

 

J’aimerais aussi suggérer à tous les haïtiens, en particulier à nos jeunes, de lire son livre: Critique de la francophonie haïtienne, paru aux Editions  l’Harmattan.

Plus loin dans ce livre, TONTONGUI continue pour dire : « C’est tout de même bizarre que de telles thèses puissent être si ouvertement prononcées dans un moment ou elles sont réfutées et discréditées par les linguistes sérieux. En effet, le débat et les recherches linguistiques d’aujourd’hui sur la structure cognitive du cerveau humain ont déjà établi et reconnu la « compétence », c’est-à-dire la capacité fondamentale, de tout langage humain (qu’on le dénomme langue, dialecte ou patois) à assimiler, inventer, interpréter, expliquer et communiquer la connaissance. La compétence provient d’un ensemble de règles fondamentales et universelles de la faculté du langage qui « orientent » l’appréhension cognitive de l’individu le plus « inculte » ou l’enfant le moins « développé » et qui semblent provenues de la matrice biologique des humains ». (pp. 27, 28)

 

Mesdames, messieurs, chers jeunes,

Nous sommes bien au 21e siècle, c'est-à-dire, nous vivons à l’ère postindustrielle. Par conséquent, l’intellectuel avisé, quand il souhaite se positionner sur des questions complexes et sensibles doit nécessairement voire obligatoirement penser, puis avoir recours aux dernières trouvailles et découvertes de la recherche scientifique. Et, dans cette optique, admettre que la  problématique créole-français est complexe et sensible doit nous motiver davantage à trouver du temps pour prendre un recul critique et entreprendre une démarche scientifique.

 

 

Jusqu’à date, ceux ou celles qui s’obstinent à critiquer, contester voire rejeter la pétition de nos compatriotes Dejean et collègues l’ont fait avec l’appui des sources de connaissances telles que les traditions, l’autorité (pas nécessairement la vraie autorité), l’expérience personnelle, et surtout le raisonnement logique. Si nous passons en revue toute la gamme des opinions émises contre la pétition en question, nous ne retrouverons certainement que ces sources. Chez nous, l’un des points forts d’une bonne partie de notre élite intellectuelle consiste à utiliser la langue de Molière pour masquer le manque d’arguments et de science. Il est de coutume que la forme quasi parfaite du discours cache la pénurie de la science requise. C’est ainsi que dans le fond des critiques portées contre la pétition, il n’y a pas eu quasiment de données (quantitatives et qualitatives) substantielles. De belles tournures de phrase ont toujours été utilisées à des fins de maquillage, pour cacher ce manque de contenu. Nous devons admettre que c’est du grand art. Et nous les encourageons dans leur entreprise. Cela incitera les chercheurs créolophones à faire beaucoup plus de recherches. Qu’ils continuent donc à discourir ! Ils peuvent continuer à :

 

·         invoquer les traditions ;

·         avoir recours à l’autorité 

·         passer en revue leurs expériences;

·         ou encore utiliser leur rhétorique pour faire passer tout leur raisonnement logique.

 

Ce sera un plus pour le projet, pour l’avancement de la culture démocratique, bref, ce sera un plus pour Haiti (même si parfois certains l’ont fait gauchement et grossièrement).

 

D’un autre côté, il est tout aussi impératif qu’ils sachent et notent ce qui suit :

 

Comme source de connaissance, les traditions sont très limitées et peuvent être désuètes, dépassées par le temps. Car, « les traditions incluent des croyances basés sur les coutumes et les tendances passées ». Par exemple, les fragments du discours reproduit au-dessus sont inspirés de la tradition coloniale française. Un tel discours est très suranné et archaïque.

 

En ce qui concerne l’autorité, nous reconnaissons que « dans toute discipline, il y a des personnes spécialisées qui possèdent plus de pouvoir que d’autres et sont capables d’influencer. » Par exemple, bien des coutumes sont maintenues par l’autorité. Toutefois, certaines connaissances transmises par des autorités ne sont pas toujours vérifiées par la recherche ». On ne peut pas donc se fier totalement à l’autorité. À noter aussi que jusqu’ici, toutes les références en la matière sont du côté de la pétition.

 

L’expérience, de son côté, est une forme de connaissance de type essai et erreur. Et, il est difficile de généraliser à partir de l’expérience.

 

Quant au raisonnement logique (raisonnements inductif et déductif), ils sont, certes, « utiles pour comprendre et organiser les phénomènes », cependant, il n’est pas sans limite et ne saurait, par conséquent, être utilisé comme base de connaissance empirique.

 

De toutes ces sources de connaissances, il n’y a que la méthode scientifique qui, « par sa capacité de s’auto-corriger continuellement en remettant en question tout ce qu’elle propose », est fiable et acceptable. C’est « la méthode la plus rigoureuse d’acquisition de connaissances » (Fortin et al.). Voilà pourquoi, le corps de connaissance qui peut nous aider à prendre les bonnes décisions doit être davantage basé sur la recherche scientifique que sur les autres modes ou sources de connaissances. 

 

Et en ce sens, mesdames, messieurs, chers jeunes,

 

En 2010, le créole « langue des bossales », langue de tous les Haïtiens, jouit du support des dernières recherches disponibles en linguistique, sociolinguistique, psycholinguistique et dans les autres sciences et disciplines connexes pour assurer la défense de son prestige, de sa beauté, de ses facultés, de sa compétence, de son efficacité et de son efficience dans l’apprentissage de toutes les sciences et disciplines, etc. Le créole peut donc compter en toute tranquillité sur la force et la véracité de la méthode scientifique. Nous le certifions. Après des jours et des nuits de recherches, nous sommes en mesure de le garantir. Et nous comptons bientôt exposer quelques unes de nos trouvailles.

 

Dans la suite de notre texte, tout en répondant à notre question le français est-il un bon outil d’apprentissage à l’école fondamentale haïtienne, nous mettrons dans la balance de la science, d’un côté, les bienfaits d’un enseignement en créole, et d’un autre côté, les questions et remarques de certains noms du forum. Nous poursuivons notre analyse critique des fragments de texte présentés plus haut, tout en exposant aussi certaines recherches et projets pilotes récemment réalisés dans certains pays frères ; puis, nous analyserons les causes de « l’échec » de la reforme Bernard, et nous aborderons d’autres aspects de la problématique créole-français.

En guise de conclusion, nous terminons avec cette pensée de Hampton, ce brillant intellectuel et chercheur amérindien. Selon Hampton, « C’est du lavage de cerveau quand l’éducation est utilisée pour supprimer l’identité, le langage, la culture, la philosophie de vie d’une personne et les remplacer par quelque chose d’autre ».

 

À suivre….

 

 

Cordialement Roselor François

 

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R
<br /> Bonjour de Montréal.<br /> Je suis particulièrement ravi de partager avec vous la communication « L’ÉCOLE EN CRÉOLE, EN FRANÇAIS, DANS LES DEUX LANGUES ? ÉTAT DE LA QUESTION ET PERSPECTIVES » que j’ai préparée pour la Table-ronde du 16 octobre 2011 de l’Association des enseignants haïtiens du Québec<br /> (AEHQ).<br /> <br /> Une version écourtée et remaniée de cette communication<br /> est publiée ce 7 décembre 2011 par Le Nouvelliste de Port-au-Prince : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100111&PubDate=2011-12-06 .<br /> <br /> Le texte de cette communication est déjà disponible sur le site<br /> Potomitan à l’adresse<br /> suivante : http://www.potomitan.info/ayiti/berrouet-oriol/ecole.php<br /> .<br /> <br /> Il est également disponible sur le site de Haiti Nation : http://haiti-nation.com/index.php?option=com_content&view=article&id=984:lecole-en-creole-en-francais-dans-les-deux-langues-etat-de-la-question-et-perspectives-&catid=51:le-creole-haitien&Itemid=75<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> ET de Montray<br /> Kreyòl : http://www.montraykreyol.org/spip.php?article5031<br /> <br /> <br /> <br /> Merci d’avoir<br /> l’amabilité de diffuser ce texte auprès de<br /> vos correspondants et sur les sites et blogs<br /> qui vous sont<br /> familiers.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> Robert Berrouët-Oriol<br /> <br /> <br /> <br /> Linguiste-terminologue<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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