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Plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim, les agences de l'ONU appellent à l'aide financière, les ONG cherchent à changer le modèle alimentaire. A l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, Ambroise Mazal, du CCFD-Terre solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le développement) a répondu à vos questions.
EXTRAITS :
1-Nicolas. Selon Jean Ziegler, les agrocarburants sont -ils un nouveau risque pour les populations souffrant déjà de faim dans le monde. Qu'en pensez-vous ?
Les agrocarburants détournent l'usage de la terre pour des carburants pour les moteurs, plutôt que pour l'alimentation. Les projets d'agrocarburants sont majoritairement de type agro-industriels, basés sur les monocultures. Dans les pays en développement, ils accaparent les meilleures terres et les ressources, au dépend des populations locales et des agricultures vivrières. Cela pose finalement la question de la concurrence entre l'agro-industrie et les agricultures familiales. Comment expliquer, par exemple, que le Brésil soit une des premières puissances agricoles mondiales exportatrices, quand, dans le même temps, des millions de petits producteurs luttent pour l'accès à la terre et subsister au quotidien?
2-Alex-utopia. Est-ce le manque de moyens financiers pour aider les pays du Sud ou les politiques agricoles des pays du Nord qui sont responsables ? En effet, les subventions des pays du Nord, sur quelques produits, et leur besoin d'importation d'autres produits spécifiques ne transforment-elles l'agriculture des pays du Sud, les empêchant de développer une culture vivrière ?
Les deux! Oui, pendant longtemps, nous avons écoulé nos excédents européens à bas prix sur les marchés africains. Au Cameroun, nous avons soutenu des partenaires locaux pour que le gouvernement mette des barrières à l'importation sur les bas morceaux de poulets, à prix bradés, qui empêchaient les producteurs locaux d'écouler leurs productions. Aujourd'hui, avec cette protection des marchés, la filière poulets au Cameroun s'est fortement développée, et a également entraîné le développement de la filière de maïs.
A l'heure actuelle, avec la crise laitière, nous continuons à écouler notre poudre de lait exédentaire, grâce à des subventions à l'exportation. Mais, il est vrai également, que nous avons tout fait pour inciter les pays en développement à se spécialiser sur quelques cultures d'exportation (cacao, bananes, café, huile de palme etc...) qui nous intéressaient, et ce, au dépend de leurs agricultures vivrières. Cela a augmenté la dépendance alimentaire de ces pays, qu'ils payent aujourd'hui lorsque les prix agricoles mondiaux bondissent et que leurs factures d'importations alimentaires explosent.
VOIRhttp://www.liberation.fr/economie/1201201-la-faim-dans-le-monde-quelles-solutions
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