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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


De défenseur des droits de l’homme à député en Colombie - entretien avec Alirio Uribe

Publié par siel sur 29 Juin 2014, 09:41am

Catégories : #NUESTRA AMERICA

De défenseur des droits de l’homme à député en Colombie - entretien avec Alirio Uribe

Premier entretien d’une série « Cycle d’entretiens sur la Colombie » avec Alirio Uribe, nouvellement élu député au Parlement (2014-2018) sur la liste de gauche du Pôle Démocratique Alternatif (’Polo’). Alirio, « l’autre Uribe », éminent avocat, est membre fondateur et ex-président de l’un des plus grands cabinets d’avocats défenseurs des droits de l’homme en Colombie, laCorporation Collectif d’Avocats José Alvear Restrepo (CCAJAR). Avocat principal des grandes causes devant les juridictions nationales et la Cour Interaméricaine des droits de l’homme, Alirio a été diffamé, menacé et a vécu une confrontation directe avec le leader de l’extrême droite : l’ex-président colombien Álvaro Uribe. En tant que président du CCAJAR, il a reçu en 1996 des mains de l’ancien président français Jacques Chirac, le Prix des droits de l’homme de la République française.

Suite à :http://www.legrandsoir.info/de-defenseur-des-droits-de-l-homme-a-depute-en-colombie-entretien-avec-alirio-uribe.html

ENTRETODOS (ET) : Quelles sont les grandes causes et les procès qui ont marqué votre vie ?

ALIRIO URIBE (AL.U) : Comme défenseur des droits de l’homme, il existe des procès qui marquent votre vie. Mon expérience de 23 ans au sein du Collectif d’avocats José Alvear Restrepo m’a marqué de manière définitive dans mon engagement pour la recherche d’un autre pays, sans exclusions économiques, sociales, politiques, culturelles ou de genre ... cela a été une grande école. Dans ma première étape, j’ai vraiment été frappé par la procédure dite de « justice sans visage » où les gens surtout les leaders des communautés et bien sûr les insurgés ont été jugés en violation de tous leurs droits y compris du procès équitable ; le juge, le Ministère Public, les témoins, le Procureur de justice administraient la justice derrière un miroir sans tain avec des déformateurs de voix, la défense était presque impossible mais l’on détenait tant d’innocents qu’ils étaient contraints de les libérer quelque temps après. C’était le temps des arrestations arbitraires sans relâche. Ensuite, est venu l’époque des disparitions forcées, des massacres, des assassinats de dirigeants, des magnicides comme celui de Manuel Cepeda [NdT : Sénateur et leader de l’Union Patriotique] ou Jaime Garzón [NdT : Célèbre humoriste colombien].

Il y a beaucoup de cas qui m’ont permis de connaître l’autre vérité : celle des victimes, cela m’a montré la dignité des paysans, des indigènes, des femmes, des proches des victimes exigeant vérité, justice et réparation. A partir de ce moment, je me suis sans doute engagé pour toujours et j’ai réalisé l’ampleur des horreurs de la guerre. J’ai compris comment la criminalité d’État fonctionne, j’ai compris que ceux qui exécutent ne sont que l’un des maillons d’une chaîne de crimes qui est ordonnée par les grands responsables, bénéficiaires politiques et économiques de la tragédie colombienne. J’ai compris la priorité de défendre la souveraineté nationale et les droits de l’homme comme un préalable pour parvenir à une paix véritable.

Le Grand Soir

ET : Lors de la présidence d’Alvaro Uribe (2002-2010), vous avez vécu les attaques les plus violentes que le CCAJAR a dû endurer ainsi que les jours sombres des exécutions extrajudiciaires et des arrestations arbitraires et massives. Quelles conséquences auraient le retour de l’extrême droite au pouvoir en Colombie ? Pourquoi la droite colombienne est divisée autour du thème de la paix ?

AL.U Eh bien, nous croyons qu’Alvaro Uribe Vélez et ses acolytes devraient être en prison pour de nombreux crimes. Fort heureusement plusieurs font déjà face à la justice. Ce sera un long processus, mais il faut vaincre l’extrême droite très associée à la mafia et au paramilitarisme. Je pense que le « Front élargi pour la paix, la démocratie et la justice sociale » [1] est une étape-clé dans la conjoncture actuelle pour défendre les négociations de paix et pour intégrer la force populaire dans l’agenda. Ce front doit également rassembler l’ensemble des gauches et chercher les moyens de s’exprimer pour éviter que la droite s’approprie Bogota et d’autres régions.

L’uribisme est un projet d’extrême droite aux contours continentaux, ami de la contra vénézuélienne, frappant l’Equateur, la Bolivie et les gouvernements de gauche en Amérique latine. Ils représentent un recul pour le pays et la région, et ils ont besoin que la guerre se poursuive en Colombie, pour en tirer profit car elle leur permet d’intervenir dans les pays voisins.

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