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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


2015 : les invités d’Horreur à la célébration du jour des Aïeux - Par Castro Desroches

Publié par siel sur 8 Janvier 2015, 13:22pm

Catégories : #AYITI ACTUALITES

2015 : les invités d’Horreur à la célébration du jour des Aïeux - Par Castro Desroches

Sur la liste des invités de marque à la célébration du jour des Aïeux, figurait feu (à volonté) Bébé Doc Duvalier. On lui avait promis monts et merveilles au cas où il parviendrait à faire ce petit déplacement : des per diem de $ 20.000 et un avion privé de la ligne aérienne Pintade Airways. On allait également mettre à sa disposition l’une de ses anciennes victimes. Non, il ne devait pas la supplicier en public et l’emmener avec lui au pays sans chapeau! Il devait, cette fois, lui serrer la main en signe de réconciliation nationale. En échange, il allait recevoir une décoration à l’Ordre de Mandela Haïtien, s’il voulait bien démontrer sa grandeur d’âme en pardonnant à cette victime d’avoir refusé de mourir, d’avoir survécu à toutes les séances de torture et aux centaines de coups de « chaplèt » à la tête.      

Malheureusement, Bébé Doc Duvalier avait dû décliner l’invitation parce que Lucifer ne voulait pas lui accorder le visa de sortie temporaire. L’ancien dictateur à vie arguait que ses contacts aux Pompes Funèbres Paret Pierre-Louis avaient bel et bien promis de signer son visa de retour, mais Satan n’en faisait qu’à sa tête. Satan n’est pas Santa, même si son nom comprend les mêmes lettres de l’alphabet. Il ne fait pas de cadeaux à l’occasion de la Noël. Il ne procède pas, comme Sweet Mimi, à l’élargissement des psychopathes à la fin de l’année pour se venger de l’obligation qui lui a été faite par les membres de l’opposition « radicale » de libérer les prisonniers politiques.

Eloigné de ses greffiers qui avec des plumes de pintade paraphaient ses moindres déclarations, Bébé Doc improvisa. Il se lança dans des propos hasardeux et incohérents à l’encontre du Maître des Ténèbres : « Qu’est-ce que vous avez fait de mon pays ?! Vous croyez pouvoir violer impunément mon droit à la libre circulation? Vous croyez pouvoir me maintenir ici, en exil à vie?  Je dois répondre coûte que coûte à l’invitation de Sweet Mimi ! Pitit tig se tig, oui. Je peux vous manger, oui. Le tigre n’a pas besoin de vanter sa tigritude, non. Je peux faire un Himalaya de cadavres parmi vous, vos bergers et vos chiens. À bon entendeur, salut !» Lucifer n’était pas d’humeur à croiser le fer en ce jour férié de la Nativité. Il avait conclu avec Jésus de Nazareth un moratoire, un pacte de non-agression à l’occasion des fêtes de fin d’année. Il plia sa queue et se retira sur la pointe des pieds.

Sur la liste des honorables invités figurait également un ancien général qui à ses heures perdues transportait des valises chargées de billets verts vers les banques helvètes. Il avait acquis également une solide réputation de vidangeur à cause des instructions très peu sanitaires qu’il « baillait à la cour ». Après des années de retraite prématurée de l’Armée défunte, il avait finalement appris (grâce à un financement privé de l’USAID) les vertus de l’hygiène et du respect de ses propres doigts hu/mains qu’il plongeait sans vergogne dans le sang, les viscères et la chair tuméfiée de ses victimes. Sous son règne animal, le siège des partis politiques avait été badigeonné d’une bouillie malodorante, à l’arôme militaire, qui avait donné matière à réflexion aux cameras étonnées de Télé Haïti. Cette bouillie dégageait une répugnante odeur de kha…ki.

Le général avait promis de se comporter, cette fois, avec un peu de retenue. En effet, l’année dernière, à la même occasion, sur la Place d’Armes des Gonaïves, il avait failli provoquer un incident diplomatique, lorsqu’il s’était exclamé en présence de sa majesté l’ambassadrice américaine Pamela Rose : « Dès que je vois ce mec, je sors mon coco macaque. » Le mec en question était un ancien Maire, en chômage prolongé, qui était en train de se positionner pour le poste de Premier Mimi. La distinguée ambassadrice avait dû rappeler à l’ordre l’ancien tortionnaire en lui disant que la torture n’était pas au menu ce jour-là. Le général la salua militairement en signe de soumission.

N’ayant pas bien digéré ces remontrances, le général ressentit soudain, dans un ultime élan nationaliste, un malaise gastrique et se retira aux toilettes pour aller dégager des gaz lacrymogènes. Il manifesta bruyamment son mécontentement avec des…déflagrations intestinales qui provoquèrent un vent de panique parmi les brassards roses qui attendaient leur tour, au garde-à-vous. Le général se boucha le nez, pour échapper à ses propres effluves de militaire, et s’essuya les yeux où suintait un filet de sang des innocents. Sa besogne accomplie, il salua militairement le WC, secoua vigoureusement son uniforme et ses lourdes décorations (obtenues sur les champs de bataille contre des civils désarmés). Pendant quelques minutes, il tua le temps en ressassant des dictons bizarres qu’il avait appris sur les bancs de l’École militaire :

« Qui sème le vent, récolte la nausée. »  

« On ne fait pas d’omelettes sans casser des os. »

Toute menace de mort étant écartée, les convives purent finalement se laisser aller aux joies de l’intimité entre sados et masos. Sweet Mimi fit valoir que les brassards roses, les militaires, les tortionnaires, les tremblements de terre jouent un rôle très important dans le contrôle démographique. En ce sens, au lieu de les vilipender, il faudrait plutôt rendre hommage à qui hommage est dû et donner à César ce qui est à César. Il condamna sévèrement les cafards, les serpents à sonnette de l’opposition qui sèment à tout vent le venin de la division en réclamant justice pour les milliers de victimes qui peuvent, de toute façon, aller porter plainte à l’Organisme de Défense des Haïtiens Vivant dans l’Au-Delà. La célébration se termina avec ces paroles anarchiques mais pleines de verve patriotique du chef de l’état sauvage : « Chers con/citoyens, la Justice est morte et enterrée. Je la tuerais encore si j’avais à le faire. Allez demander au juge Jean Serge Joseph. Allez demander à Gogo Mayard-Paul de quel « bois » je me chauffe. Vive la réconciliation nationale. Vive la Nation haïtienne à tout jamais unie !»      

Castro Desroches
Cdesroches2000@aol.com

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