Placardé de billets de banque et de messages accusateurs, cet ancien bus scolaire américain n’épargne personne : présidents cupides, fonctionnaires roublards, patrons magouilleurs, journalistes dociles… Dans le quartier chic de Las Lomas, la première des dix étapes du Corruptour donne le ton : la « Casa Blanca », résidence de l’épouse du président Enrique Peña Nieto, dont l’achat a provoqué, en 2014, le plus retentissant scandale de son mandat.
« Ne pas oublier »
A l’approche de cette luxueuse demeure au design épuré, le commentaire audio se déclenche : « Une enquête journalistique a révélé que cette maison, qui a coûté 86 millions de pesos [4 millions d’euros], était au nom d’une filiale du groupe mexicain Higa, dirigé par un des amis [du président], Juan Armando Hinojosa », bénéficiaire de nombreux contrats d’infrastructures publiques.
Bien calé au fond de son siège, Andres Torres, professeur d’histoire dans un collège, trépigne d’agacement : « Peña Nieto n’a pas été inquiété. » Le commentaire précise que, en revanche, la journaliste Carmen Aristegui, qui a révélé ce conflit d’intérêts, a été renvoyée par sa radio MVS. Et Patricia De Obeso, ingénieure de 33 ans et guide bénévole, d’expliquer : « L’objectif du tour est de ne pas oublier et de réveiller les consciences avec humour sur l’ampleur de la corruption », qui représente 9 % du PIB mexicain, selon l’ONG Transparency International. A chaque feu rouge, Patricia De Obeso et deux autres organisateurs interpellent les passants en criant : « Stop à la corruption ! » Hilare, un chauffeur de taxi lève le pouce en guise d’approbation.
Le Corruptour a été créé en 2014 dans la ville de Monterrey (nord) par 55 habitants excédés par les pots-de-vin locaux. Depuis le 5 février, le bus, financé par des dons, effectue deux rotations tous les dimanches dans la capitale.
A Mexico, un bus touristique contre la corruption
Le " Corruptour " propose à ses passagers de voir les bâtiments emblématiques d'un fléau qui représente 9 % du PIB du pays selon l'ONG Transparency International. Le Monde | | Par Frédéric S...
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