Les cruelles faiblesses d'un puissant outil d'aide à la décision
C’est pour l’identifier et le corriger que nous lançons aujourd’hui l’alerte sur l'impensé structurel qui traverse les activités des domaines des activités de l’informatique et de l'analyse statistique en Haïti.
On nous a toujours dit que l’informatique et la statistique étaient des outils qui garantissaient la performance des projets, tant elles cherchaient toujours à objectiver leur pertinence en apportant une grande transparence pour une totale imputabilité. En effet, s'il est une activité reconnue comme essentielle à toute démarche de gestion et à tout outillage de structuration de la prise de décision, c'est bien l'activité informatique et statistique.
Dans l’euphorie de cette reconnaissance, nous avons oublié de préciser que l’informatique et la statistique restent surtout des outils qui desservent une certaine stratégie, une certaine vision de l’organisation dans la recherche d’une cohésion sociale certaine. Comme pour rappeler une fois de plus que la qualité reste essentiellement et toujours une affaire de contexte.
Et c’est sans doute pourquoi ces outils n’intègrent pas encore les priorités du modèle décisionnel pour constituer les fondamentaux de support de la culture organisationnelle en Haïti. De fait, en Haïti l’informatique et les statistiques sont utilisées comme des outils auxquels on recourt par nécessité, par dépit et non par souci de performance, par conviction managériale en quête de culture probante pour la gestion des affaires. C'est sans doute pourquoi les fonctions statistiques et les fonctions informatiques ne siègent pas au niveau de la stratégie dans le modèle organisationnel et dans la vision managériale des décideurs haïtiens. Souvent, par incompétence managériale ; mais toujours par culture d’opacité, elles sont déléguées au rang d’activités subalternes dotées d’une simple mission de dépannage sinon d’enfumage.
Ainsi, pour l’informatique, en Haïti, on se contente souvent de recruter n’importe qui, puisque c’est au hasard d’une panne, d’une difficulté d’utilisation qu’on fera appel à l’informaticien. De fait, il n’est pas inexact de dire que dans l’administration publique haïtienne les postes informatiques sont ceux occupés par le plus de charlatans. Ils se classent en deux extrêmes : les incompétents hideux et les incompétents pompeux.
Les premiers sont souvent des hommes de mains des politiques qui les placent et les casent sur l’échiquier institutionnel comme des pions pour programmer l’échec du service public. Les seconds ont souvent fait de soi-disant brillantes études, mais ne connaissent que les concepts et les anecdotes informatiques. Des fondamentaux de l’informatique pour la gestion ou la prise de décision, ils connaissent tout en général, mais rien en particulier. Ils n’ont jamais planifié et conçu le développement d’un outil informatique, mais sont dans toutes les colloques, dans tous les séminaires et sont le plus souvent les seuls qui interviennent dans les médias pour parler d'innovation numérique. Leur spécialité, le vedettariat technologique, ils animent annuellement les mythes de l’E-To-TECH. Ils sont le plus souvent responsables de firmes informatiques et remportent de juteux marchés par le biais de leurs accointances. Le plus souvent, ils ont aussi un profil d'arnaqueurs et de braqueurs, et volent les idées des autres qu'ils s'évertuent à présenter comme les leurs.
Au contraire des hideux, ces pompeux incompétents sont des hommes et des femmes au service du secteur privé, on les retrouve aussi comme consultants dans les institutions publiques et collaborent avec de puissantes ONG. Ce sont les fous qui veillent sur la stratégie de l’échec du service public en orientant tous les projets vers des intérêts privés sans aucune valeur ajoutée. Tous font la sale besogne de bloquer dans les organisations et les institutions les projets qui portent un brin d’innovation et de performance. Comment ne pas s'étonner qu'après plus de 15 ans de sommets E-To-Tech en Haïti, soutenus par toutes les personnalités médiatiques, politiques et organisationnelles, il n'existe pas un outillage technologique adapté pour le service public de la justice ? Pourquoi les organismes comme la Cour Supérieure des Comptes, l'Unité de Lutte Contre la Corruption, l'Unité Centrale de Renseignement Économique et Financier ne disposent-ils pas de véritables systèmes d'information leur permettant d'anticiper et de maitriser les risques portant sur les activités économiques douteuses qui nous valent d'être des champions de la corruption ?
La raison est simple, dans l'écosystème organisationnel et culturel haïtien, l'informatique n'a pas de vocation de performance et de transparence. Elle est un outil d'imposture et d'enfumage qui est utilisée soit dans un grand déni méthodologique, soit comme accessoire pour garantir le succès d'intérêts privés au détriment du collectif.
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Informatique et Statistique, Échec de la stratégie.
Les défaillances institutionnelles sont, d'une manière ou d'une autre, liées à des contreperformances informatiques, des mécréances statistiques, des incohérences processuelles aboutissant ...
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