Son propos bien évidemment ne se résume pas à donner cette culture de la pauvreté comme explication unique de la stagnation économique d'Haïti. L'absence de cadre légal, d'un code du commerce moderne, d'intention, c'est-à-dire d'une direction générale, de ciblage des domaines d'investissements prioritaires, etc. C'est une dynamique assez complexe qui ne souffre pas l'improvisation.
Selon Daniel Jean -Louis " Nous" faisons en sorte de rester pauvre. Le " Nous" mis entre guillemets ne renvoie pas à des individus mais à un système englobant le fonctionnement de l'ensemble de la société.
Haïti a choisi de devenir pauvre est le titre du livre d'un autre économiste Etzer Emile. Il semblerait qu'actuellement, ce schéma de penser anime certains cercles d'économistes.
On voit souvent défiler des politicien dans les émissions. Ce qui serait intéressant c'est d'organiser une table ronde d'économistes appartenant à ce courant d'idées pour mieux comprendre ce concept de " choix d'être pauvre" sous l'angle purement économique.
Au niveau culturel, il suffit d'entendre les marchands de micro
- avec leur mysticisme à deux balles,
-leur tout pouvoir vient de dieu,
- Haïti c'est un grand pays,
- ou le contraire : rien ne changera dans ce pays,
-"ravèt pa gen rezon douvan poul",
- les généralisations sur les Haïtiens qui seraient comme ci et pas comme ça (les mecs sont psychologues, anthropologues, sociologues)
- les relations basées sur la domination, l'arrogance ( celui qui criera le plus fort, qui prétendra savoir ce que les autres ne savent pas est le chef )
- je suis le seul à connaître ce pays,
- l'utilisation de pitié/charité comme forme de pouvoir(faire sentir au pauvre quémandeur - qui rentre dans ce jeu pour obtenir quelques miettes) qu'il est misérable et dépendant.
Et autres discours pour arrêter le mouvement, immobiliser les gens ou bien pour les orienter vers la soumission, au "debrouya pa pêche" qui conduit à la prostitution/corruption.
pour comprendre comment à travers ces discours "méchants" (pour reprendre la boutade de Daniel jean-Louis sur il faut être méchant pour se complaire dans la pauvreté , les églises protestantes, catholiques, cette culture de la pauvreté fonctionne.
Il y a longtemps déjà que Jacques Roumain dans "Gouverneurs de la Rosée" dénonçait le "culte" de la peur, la soumission aux "lwa du vodou", au bon dieu bon, aux chefs pour privilégier la réflexion, le dépassement de soi, la mise en commun de potentiels pour réaliser un objectif commun ( l'intention).
Le duvaliérisme, je l'ai déjà dit et répété, à massacrer tout particulièrement les âmes, en les formatant à confondre
-peur avec respect,
-arrogance avec savoir,
-lâcheté avec loyauté,
- méchanceté avec discipline.
Ses héritiers sont au pouvoir, officiellement depuis 2010. Mais ils n'ont jamais lâché l'affaire dès 1986, ils se sont acharnés à rendre impossible tous les possibles. A faire le contraire qu'en RD, où la transition de Trujillo à la démocratie n'a pas été marquée par des coups d'Etat, des massacres. Tout ceci on le sait.
Maintenant la question qui vient à l'esprit suite aux propos de M. Daniel Jean-Louis c'est : est-ce qu'une économie axée véritablement - en mettant les mécanismes nécessaires en place - vers la réduction de la pauvreté pourrait avoir un impact sur les mentalités ?
Ce qui veut dire qu'au lieu de vouloir changer les mentalités, on pourrait faire l'inverse changer l'économie, changement qui influerait sur l'ensemble de la culture : croyances, comportement, intérêts.
Pourquoi pas ? On a vu comment , par exemple, une société repliée sur elle - même, comme celle du Quebec s'est transformée à partir d'un plan de développement économique.
Ce serait une bonne chose si tous ces économistes - Leslie Péan, Daniel Jean-Louis, Etzer Emile, Camille Chalmers, Fritz Jean etc - se réunissaient pour proposer non pas au gouvernement mais à la population une alternative à cette culture de la pauvreté.
Cela a déjà été fait en 2017. Mais il faudrait élargir le cercle et le champ ( finances, nouvelles technologies) travailler à ce que de propositions on puisse passer à actions en intégrant des spécialistes appartenant à d'autres domaines des connaissances : informatique, nouvelles technologies, etc. Et en prenant soin d'écarter tous les ringards qui sont encore persuadés que la Bible est un livre scientifique.
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