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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Haïti : Jovenel Moïse et le syndrome du bouc émissaire. Par Marc-Arthur Fils-Aîmé*

Publié par Mac-Arthur Fils-Aîmé sur 5 Janvier 2021, 01:36am

Catégories : #AYITI EXTREME DROITE, #AYITI ROSE RAKET, #AYITI ECONOMIE, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

Sources Le bouc émissaire. https://www.rts.ch/play/radio/tribu/audio/le-bouc-emissaire?id=10270378

Sources Le bouc émissaire. https://www.rts.ch/play/radio/tribu/audio/le-bouc-emissaire?id=10270378

Dès le lendemain de son élection à la présidence, Jovenel Moïse a marqué le ton avec son « Le président a parlé, point barre ».

Cette apostrophe, qui a étonné la nation, a révélé la nature du pouvoir, auquel le peuple devait s’attendre. Elle prédisait, déjà, ce que nous sommes en train de vivre sous ce régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk) : une prédisposition à une sorte de dictature atemporelle, en ce premier quart du vingt-et-unième siècle.

Même si la droite a connu une remontée, en Amérique Latine, après plus d’une décennie d’érosion de sa puissance par une certaine gauche, de tendance plutôt social-démocrate que marxiste - Argentine, Brésil, Équateur, Uruguay, Paraguay Bolivie ; le Venezuela résiste fortement aux assauts de la droite locale et internationale -, les temps d’une dictature féroce et aveugle à la Duvalier sont révolus, pour de multiples raisons. François Duvalier n’était pas une exception dans ce marais de dictateurs, qui assombrissaient l’Amérique Latine, l’Amérique Centrale et les Caraïbes, durant les décennies précédant la fin de l’ère de l’Union Soviétique révisionniste. Le spectre du communisme, vocable emprunté à Marx et Engels dans le Manifeste du Parti communiste, a changé de forme, sans, il est vrai, sa disparition.

Je ne veux pas montrer, dans cette analyse, une unité idéologique entre les deux chefs d’État, Jovenel Moïse et François Duvalier, car on ne peut pas réduire celui-ci seulement à un nom. Il était un représentant d’un système, dans une époque où le socialisme et le capitalisme s’entrechoquaient sur tous les terrains : politique, économique, et très fortement idéologique. Le monde était mû par une lutte des classes sans concession, parfois violente, qu’un doux euphémisme « guerre froide », accolé à cette époque, ne saurait cacher. Mais, de toute façon, Jovenel Moïse n’a pas l’étoffe de cet intellectuel fasciste, doté d’une longue expérience politique, qui surfait sur le Noirisme, une doctrine erronée certes, que ce Néron du siècle dernier n’a pas inventé . Le Noirisme a toujours été un outil, aux mains d’une faction des classes dominantes et des strates politiciennes traditionnelles, pour embourber les masses populaires urbaines et rurales, et il demeure encore vivant aujourd’hui, surtout en période de joutes électorales.

Michel-Rolph Trouillot, en peu de mots, nous a donné une idée éclairée sur ce concept. Il a écrit : « Il n’est pas question de faire, ici, une étude poussée de l’indigénisme, encore moins d’un quelconque triptyque Négritude/ Indigénisme/ Noirisme. Cependant, pour les besoins de l’analyse, il est nécessaire d’isoler le Noirisme comme idéologie politique (le pouvoir aux représentants épidermiques du plus grand nombre) de l’Indigénisme (réévaluation de la culture nationale) et de la Négritude (réévaluation de la Race et de toute culture Noires) [1] .

L ’aspect théorique du Noirisme avait son pendant pratique sur le terrain politique, à travers ce que François Duvalier et son acolyte Lorimer Denis ont dénommé « la réconciliation des deux élites ». Ce mot d’ordre démagogique signifiait « mettre en relation étroite les factions mulâtres et noires riches ou aisées », pour mieux étrangler les classes travailleuses. Jetons un coup d’œil rapide sur l’un de leurs textes : « Le Problème des classes à travers l’Histoire d’Haïti », où ils ont développé sans ambages leur thèse raciste. Ils ont écrit : « Les élites des deux classes requièrent des traitements spéciaux. D’abord, du point de vue éducationnel, il faut changer leur mentalité historique. C’est moins l’enseignement, discipline de la pensée, disent Marcel et André Boll (l’élite de demain) que l’éducation, modelage de la conduite, qui est appelée à former la personnalité acquise, susceptible de superposer dans le cas qui nous occupe, la mentalité historique ». .. « À ces 2 élites, la Démocratie doit appliquer les principes d’une politique d’Équilibre, déjà inaugurée sous Geffrard. Cet équilibre une fois réalisé entre les 2 élites, celles-ci, en fonction de leur vocation et de leur rôle de Leadership dans notre Démocratie, se chargeront d’ébranler, dans leur statisme séculaire, les masses alourdies d’impedimenta » [2]. Remarquons que, d’après ce courant idéologique, c’est la couleur de la peau, et non les rapports sociaux de production, qui détermine les classes sociales.

Suite dans le lien.

 

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