... de sa volonté de développer la production nationale fait écho à ce que j'avançais ici sur DUVALIER F. et sa vente des paysans haïtiens en RD qui va avoir un impact négatif pour Haïti et positif pour la RD. Cette saignée organisée dans la paysannerie haïtienne a eu pour conséquences, non seulement l'abandon et le vol des terres par les macoutes, la séparation des familles, les femmes auxquelles le poids et la responsabilité de gérer les enfants- ce qui va les pousser soit à vendre leur petit bout de terrain, de se mettre en ménage avec un autre type (et faire d'autres enfants) ou de s'exiler à la ville.
Une proclamation qui, selon certain.es analystes, a poussé les Américains à faire le choix d'Élie Lescot pour remplacer Vincent. C'est en effet sous Lescot que le projet de la SHADA a été mis en œuvre, projet dont la réalisation nécessita l'expropriation de milliers d'hectares de terre dans le but de cultiver l'hévéa (plante à caoutchouc) et la pite, une culture qui devrait servir à ravitailler principalement l'armée de l'air américaine. Le programme d'autosuffisance alimentaire de Vincent qui prévoyait l'utilisation des terres en vue de satisfaire aux besoins alimentaires de la population ne pouvait donc plaire à l'Oncle Sam. _ASV
Nous remercions Myrtha Gilbert d'avoir partagé cet extrait du discours de Vincent.
PROCLAMATION AU PEUPLE
Président Sténio Vincent
14 SEPTEMBRE 19391
-Extraits-
Mes chers concitoyens,
La guerre qui vient d’éclater en Europe et dont personne ne peut encore prévoir l’étendue et les conséquences, impose à mon gouvernement de nouveaux devoirs.
(...)
Il nous faut en effet, veiller désormais à ce que la vie normale du pays ne soit pas troublée, et, essayer de traverser, sans trop de déboires, une période exceptionnelle qui peut être d’assez longue durée.
(...)
C’est de la terre d’Haïti… notre bonne terre natale, que nous devons tirer nos besoins essentiels en fournissant le grand effort, qui, seul, nous permettra de regarder l’avenir sans inquiétude…
Dans la tragique conjoncture dont, fatalement nous devons ressentir les fâcheux contrecoups, c’est à la terre aussi- et à elle seule- que nous devons demander de sauver notre économie par une augmentation rapide du volume de notre production générale.
Dans les plaines arrosées du Cul de Sac, de Léogâne, de l’Arcahaie, des Cayes, de Jacmel et dans les fertiles vallées de l’Artibonite, de la Grand’Anse, des Trois-Rivières, nous pouvons assurer une production croissante et continue de la banane, du maïs, de la patate, des pois, des vivres alimentaires de toutes sortes. Nous en aurons toujours besoin pour la saine et abondante alimentation de nos populations.
(...)
Il faudra multiplier les champs de pomme de terre dans les fécondes montagnes de la Vallée, de Seguin, du Morne des Commissaires, de Grand-Bois, de la Marmelade… pour que nous n’ayons plus à dépendre de l’étranger pour ce féculent que nous pouvons récolter si abondamment en Haïti.
Il importe cependant que toutes ces récoltes soient faites de telle manière que le sol reste protégé contre l’érosion…
La production du riz, de notre excellent riz du pays doit être également intensifiée…
Je sais bien qu’il y a des gens qui affectent de ne pas pouvoir manger de la banane, de la patate, de l’igname, du malanga ou de l’arbre véritable. C’est pourtant de la bonne nourriture, saine, substantielle…
Il dépend de nous, mes chers concitoyens de notre seule volonté, et d’un peu d’énergie consciente de notre part, de profiter des circonstances difficiles où nous sommes pour développer, intensifier et augmenter à la fois notre production et notre consommation indigènes de vivres alimentaires.
…Il nous faut d’une part, une production d’exportation qui nous assure une balance commerciale favorable, et d’autre part, une production sans cesse accrue, de vivres alimentaires qui, en nous libérant, ou en réduisant sensiblement nos achats à l’extérieur de produits comestibles, nous permettra en compensation, d’importer plus de machines agricoles, d’instruments aratoires, de matériaux de construction, de combustibles, de produits industriels nécessaires à notre équipement économique progressif.
J’AI LU POUR VOUS
MG. MARS 2022
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