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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Je suis en train de lire Le Chant des revenants de JESMYN WARD. C'st une merveille. Et à propos d kidnappings, voici...

Publié par siel sur 14 Juin 2022, 13:43pm

Catégories : #CULTURE, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

Le chant des revenants. Et l'auteure  Jesmyn Ward qui a écrit également  Bois sauvage.Le chant des revenants. Et l'auteure  Jesmyn Ward qui a écrit également  Bois sauvage.

Le chant des revenants. Et l'auteure Jesmyn Ward qui a écrit également Bois sauvage.

... un passage qui dit comment cette pratique atroce est similaire à celle menée contre nos ancêtres en Afrique. Là-bas également, les Blancs avaient des Noirs qui travaillaient pou faire le tour des villages,  kidnapper les gens et les leur vendre.

Dans ce passage vous allez retrouver : la peur,  les déplacements réduits, la marche forcée pour mener les kidnappés vers une cachette, et la transformation en animal, composantes du phénomène du kidnapping tel qu'il s'applique en Haïti depuis des mois avec la complicité de l'État.

" Une fois ma grand-mère m'a raconté l'histoire de son arrière grand-mère. Elle venait de l'autre côté de l'océan, son arrière-grand-mère. Elle venait de l'autre côté de l'océan, son arrière grand-mère, et elle avait été kidnappée et vendue. Elle avait raconté à ma grand-mère que, dans son village, on mangeait de la peur. Elle disait que la peur ça changeait la orriture en sable dans la bouche.. Elle disait que tout le monde savait pour la  marche forcée jusqu'à la côte, qu'il y avait des rumeurs sur lees bateaux et sur les hommes et les femmes qu'on entassait dans. Certains avaient entendu que c'était encore pire pour ceux qui quittaient le port et qui coulaient au loin. Parce qu'on aurait cru ça quand le bateau franchissait l'horizon : on aurait cru qu'il quittait le port et puis qu'il coulait, petit à petit dans la mer. Sa grand-mère, elle disait qu'ils ne sortaient jamais la nuit, et même la journée ils restaient dans 'ombre de leur maison. Mais ils sont quand même venus la chercher. Ils l'ont kidnappée chez elle en pleine journée. Ils l'ont amenée ici , elle a appris que les bateaux ne coulaient pas dans une eau peuplée de fantômes blancs. Elle s'est aperçue qu'il se passait des choses pas bien sur ce bateau, depuis le départ jusqu'à l'arrivée. Que sa peau durcissait autour des chaînes. Que sa bouche prenait la forme de la muselière; Qu'on la transformait en animal sous la lumière et la chaleur du ciel, le même ciel que celui qui était au-dessus de sa famille, quelque part très loin, dans un autre monde."

Ce livre est  sublime, remarquablement bien écrit, quoique j'en lise une traduction. C'est poignant, sans sentimentalité dégoulinante, sans effets racoleurs, sans tirer sur la corde de la sensibilité, avec délicatesse... Il n'empêche qu'il décrit un monde si dur qu'on ne peut ne pas avoir le coeur serré.

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