Le Conseil de sécurité de l’ONU, par la résolution 2699 du 2 octobre 2023, rédigée par les Etats-Unis et l’Équateur, a approuvé une « mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti »1, en réponse à la demande formulée en 2022 par le Premier ministre de facto haïtien A. Henry, impuissant à résorber la situation chaotique du pays, résultant de la destruction des institutions, des activités criminelles des gangs sous ses ordres. Il espère ainsi en l’appui militaire international pour pérenniser son pouvoir.
La force multinationale serait dirigée par le Kenya. Elle compterait 2000 policiers et militaires dont un millier de soldats Kenyans, rejoints par un contingent d’un millier de policiers et de militaires des Caraïbes (Jamaïque, Bahamas, Surinam, Barbade, Antigua).
Déployés en Haïti en janvier 2024, leur mission d’une année sera « d’épauler la Police Nationale haïtienne pour le démantèlement des bandes armées et le rétablissement de l’ordre dans le pays »2.
La situation haïtienne est d’une extrême gravité et complexité, du fait de l’explosion des activités criminelles des gangs dans un pays privé de tout pouvoir élu, depuis l’assassinat du président J. Moïse, en juin 2021 : près de 2800 tués et plus de 200.000 déplacés, selon l’ONU, entre octobre 2022 et juin 2023, sans compter les massacres antérieurs dans les quartiers populaires. Port-au-Prince, la capitale et les secteurs névralgiques de sa région sont contrôlés à 80 % par les gangs. Le département de l’Artibonite, au nord de Port-au-Prince, est investi.
Avec l’appui du pouvoir de facto et de l’élite économique locale, les gangs opèrent avec une cruauté sans borne : viols et assassinats des mères en présence de leurs enfants, meurtres par balles de citoyens dans les rues ou à leurs domiciles, chassés qu’ils sont aussi de leurs maisons, qui sont occupées ou incendiées. Le pays est devenu le repaire régional d’activités maffieuses en tout genre, blanchiment d’argent, crimes financiers motivés par la corruption, trafics de drogue, d’armes de guerre, en provenance des Etats-Unis, à destination des « arsenaux » souterrains des gangs, vols de terres des paysans, détournement de l’aide humanitaire.
Tout cela menace non seulement l’économie nationale, mais aussi l’avenir du pays dont les enfants ne peuvent plus aller à l’école et dont les cadres s’en vont chercher protection et avenir ailleurs3.
Qu’en serait-il de ladite mission multinationale promise par les Etats-Unis ?
Des jeux d’intérêts multiples et convergents
Résultat d’un long processus de tractations, d’abord, entre les Etats-Unis et le Canada, l’un et l’autre se refusant à diriger une telle entreprise, puis avec la CARICOM et enfin entre les états-membres permanents du Conseil de sécurité, en pleine contradictions depuis l’invasion de l’Ukraine. La Russie et la Chine firent de prime abord obstruction, exigeant une durée de six mois, au lieu d’une année, option rejetée par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France, le Kenya, selon eux, ne disposant pas des forces suffisantes pour éviter un échec, sur une telle durée4.
Cela indique clairement une opération entreprise au rabais, avec des moyens sans comparaison avec les effectifs consacrés aux interventions des années 1993 (21.000 hommes), 2004-2017 (13.000 hommes) etc. Certains diplomates onusiens reconnaissent le peu de clarté du dispositif envisagé. Cette résolution a néanmoins recueilli un soutien massif de la part des états-membres, sous la présidence du Brésil, avec 13 voies pour et deux abstentions (Russie et Chine) qui, en raison de leurs intérêts respectifs en Afrique et de l’action caraïbéenne et Latino-Américaine, décidèrent de ne pas s’y opposer.
La convergence des intérêts du gouvernement Kenyan, en quête de reconnaissance internationale avec ceux des Etats-Unis, qui refusent un tel fardeau, à la veille d’une échéance électorale, et compte tenu de l’exécrable résultat de plus de 20 années d’interventions militaires en Haïti, la solution kenyane permettait, à peu de frais, de sauver la mise, tout en renforçant l’implantation américaine sur le continent africain. La participation caraïbéenne ajoutant à la « notation africaine » une « légitimation » supplémentaire au caractère pernicieux de l’entreprise.
Il n’est pas jusqu’aux producteurs américains de riz, qui ont contribué à la destruction de cette production en Haïti, de compter « sur le Kenya pour sécuriser les importations en Haïti, un marché de 200 millions de dollars annuels », selon Agri-Pulse. « Sécuriser les ports-clés de Port-au-Prince et de Cap-Haïtien devrait permettre aux exportateurs de riz américain de mieux approvisionner le peuple haïtien en 2024 », a osé déclarer Mickaël Klein, porte-parole de la Fédération du Riz des Etats-Unis à Agri-Pulse. 5
Une entreprise déclarée « non-onusienne », dangereuse, et contestée par les Haïtiens et par les Kenyans eux- mêmes
Comment qualifier le statut juridique d’une intervention déclarée « non-onusienne », au sens où cette institution n’en assume aucune responsabilité, tout en la faisant approuver par sa plus haute instance, le Conseil de sécurité ? Ce qui signifie que les actions de la « mission » ne peuvent pas être contrôlées par l’ONU. Le Kenya serait donc seul maître à bord6 !
Colette Lespinasse, Co-responsable du Collectif Europa-Haïti, demande à juste titre : «[…] De qui va dépendre [cette mission] ? C’est une grande question. Pour nous, c’est très dangereux, parce que, jusqu’à ce jour, les différentes missions des Nations-Unies, qui ont plus de 20 ans dans le pays – ce sera la dixième mission des Nations Unies en Haïti – elles ont laissé beaucoup de problèmes de choléra, plus de 10.000 morts et beaucoup de violations des droits humains en Haïti[…] 7».
Une soixantaine d’associations haïtiennes, dans une lettre ouverte à l’Union Africaine, déclarent : «[…] Aucun des pays de la terre de nos ancêtres, en Afrique, ne doit servir de caisse de résonance ou de bras armé des anciennes puissances coloniales, esclavagistes, transformées en puissances impérialistes[…] »8.
Pierre Espérance qui dirige le Réseau National des Droits Humains en Haïti estime que «[…] la Police nationale ne pourra jamais démanteler les gangs, car elle est dirigée par des politiciens aux connexions criminelles[…] »9.
L’organisation d’opposition, « Accord du 30 août 2021/Accord Montana », qui lutte pour « […] une solution haïtienne à la crise […] et l’avènement d’un gouvernement de sauvetage national […] » exprime son scepticisme à propos de la mission multinationale en Haïti : « […] l’entêtement à soutenir à bras le corps, écrit-elle, un régime de facto honni, de connivence avec les gangs qui terrorisent la population, héritier d’un coup d’état sanglant, fortement suspecté de crimes contre l’humanité, entache de doutes légitimes, voire de suspicion, même les meilleures dispositions contenues dans la résolution. […] »10
L’organisme « Gardiens des droits humains » (GDH), pour sa part, met en garde contre une collusion avec le pouvoir en place : « […] La présence de la force multinationale qui s’annonce ne doit pas être une garantie d’impunité pour des actrices et acteurs de la classe politique, des gens d’affaires du secteur privé, des autorités gouvernementales et d’une frange malveillante de la communauté internationale[…] »11
Plusieurs organisations populaires d’Amérique latine et des Caraïbes rejettent la décision du Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser le déploiement d’une force d’invasion multinationale en Haïti. Diverses organisations françaises, dont ATTAC, la Confédération paysanne, le CADTM France, l’Union syndicale Solidaires, France Amérique Latine, la Plateforme Française de solidarité avec Haïti, s’élèvent contre l’invasion étrangère annoncée12.
Les Etats-Unis, qui apportent un soutien financier et logistique à l’opération, se sont empressés d’annoncer « un mécanisme de contrôle », contre d’éventuelles dérives, sans autre précision, faisant valoir l’expertise kényane, déjà engagée dans plusieurs missions de maintien de la paix en Somalie ou en République démocratique du Congo. Les policiers kényans sont précisément accusés d’exécutions sommaires et d’exactions dans leur propre pays.
De nombreuses voix kenyanes s’élèvent contre ce qui est considéré comme « une mission particulièrement risquée », selon Murithi Mutiga, directeur pour l’Afrique du centre de réflexion International Crisis Group. Des policiers non formés au maniement des armes lourdes, ne pratiquant pas la langue créole, seront confrontés à des gangs sur leur terrain, dans les quartiers populaires densément peuplés, sans aucun moyen de distinguer les bandits de leurs victimes. Pour l’opposant au président Ruto, l’avocat Ekuru Aukot, c’est une « opération suicide » 13.
Le chef de gang G-9 en Fanmi et ex-policier, Jimmy Chérizier a prévenu que la force internationale serait la bienvenue « uniquement si elle vient pour arrêter le Premier ministre et nous aider à rétablir l’ordre » Dans le cas contraire, […] il se dit prêt à combattre jusqu’au bout »14
D’autres voies s’élèvent contre l’utilisation des vies kényanes pour obtenir la gratitude internationale. «[…] Nous n’accepterons pas que le sang kenyan soit utilisé pour combattre aux portes des Etats-Unis, l’une des nations les plus puissantes du monde, juste pour plaire à notre président[…] », a déclaré le gouverneur du comté de Siaya (ouest), James Orengo15.
Enfin, forte des contestations à propos des risques dénoncés et du caractère anticonstitutionnel de la mission, qui n’a pas été présentée au parlement, la haute Cour de Justice, dirigée par le ministre Chacha Mwita, a décidé de suspendre la décision prise par le ministre de l’Intérieur du déploiement de la mission Kenyane en Haïti, jusqu’au 24 octobre 2023,16.
Le peuple Haïtien réclame son droit à décider de son propre sort, de vivre en paix et sécurité.
Si cette mission multinationale, dirigée par le Kenya, devait avoir lieu, il est possible que celle-ci obtienne quelques résultats, susceptibles de soulager momentanément les souffrances du peuple Haïtien, ainsi que l’espèrent certains milieux en Haïti. Mais peut-on accorder foi à une soi-disant « bonne intention » du Président Biden, - il a rappelé le fait que « le peuple Haïtien ne pouvait plus attendre » - d’avoir ordonné ladite mission internationale, alors que son administration n’a pas hésité, à plusieurs reprises, et récemment encore, à renvoyer dans l’enfer des gangs en Haïti, des milliers de migrants haïtiens qui ne demandaient qu’à être protégés ? On n’a pas oublié la poursuite de la police montée américaine, avec leurs rennes en guise de fouets, contre des milliers de migrants Haïtiens qui réclamaient le droit d’asile aux Etats-Unis.
Ainsi que l’indiqueraient les conditions de cette prise de décision, les réprobations ou les réserves des Kényans eux-mêmes, et le caractère inconditionnel, inchangé, du soutien de Washington à l’actuel pouvoir dictatorial en Haïti, à moins d’évènements nouveaux que nous ne connaissons pas, il n’y aurait, à ce jour, aucun signe, aucune garantie d’un résultat positif de ladite mission.
La population haïtienne est excédée et a besoin d’une aide urgente. Courageuse, exemplaire dans le calvaire qu’elle connaît depuis plus de deux ans, elle continue de manifester contre le sort auquel l’assigne le pouvoir de facto, avec le soutien du Core Group17, et de chercher à se défendre. Ce n’est cependant pas l’auto-défense du « Bwa Kalé », dont elle s’est enhardie, cette sorte de « bûcher des bandits ou supposés tels », qui rendra la vie à ses filles et fils massacrés, kidnappés et violés, voire à mettre fin à la barbarie des gangs. Même si, selon l’ONU, le Bwa Kalé se serait étendu à l’ensemble du pays et aurait tué plus de bandits que la Police Nationale Haïtienne.
Celui-ci est issu du fonds des âges de la barbarie coloniale, entretenu par les Tontons Macoutes des Duvalier, par les « déchoukeurs » d’après 1986, fervents du supplice par collier de feu, dit du « Père Lebrun », de tout une kyrielle d ’« attachés » du FRHAP de Toto Constant, de « Freedom fighters » du gouvernement de facto de 2004, et des « Zinglindos » de l’interminable transition post-duvaliériste. Tout cela menace directement l’humanité et le « vivre ensemble » des Haïtiennes et des Haïtiens ! La population haïtienne n’a cessé de protester contre les massacres perpétrés par le pouvoir dictatorial du Parti Haïtien Tèt Kalé (PHTK), dans les quartiers populaires du pays et d’exprimer son rejet du régime de terreur par la violence armée de ses gangs, entretenu par le Premier ministre de facto Ariel Henry avec le soutien des oligarques locaux.
Elle réclame aujourd’hui, non pas de la « commisération », ni surtout « un faux-semblant » des Etats-Unis et du Conseil de sécurité de l’ONU, mais que ces derniers reconnaissent leur responsabilité dans la situation dramatique et dangereuse que connaît le pays, cessent de soutenir le régime de facto d’Ariel Henry, et respectent ses droits souverains de décider de son propre sort et de vivre en paix et sécurité.
Pour le Centre ANACAONA DROITS HUMAINS HAITI, Paris, le 17 octobre 2023 Jean-Pierre Giordani Président ___________________________
NOTES
1 Selon le New York Times, « Des organisations de droits humains ont fait valoir le fait que M. Henry n’avait aucune légitimité pour autoriser une intervention étrangère en Haïti, ainsi que d’autres mesures de la communauté internationale, visant à promouvoir un gouvernement corrompu et non élu. Cf., « U.N. Approves Kenya-Led Security Mission to Help Stamp Out Gangs. », By Frances Robles and Farnaz Fassibi, New York Times, 2 octobre 2023, pp.2-6.
2 Cf. « […]Ex-colonie britannique et Indépendante depuis le 12 décembre 1963, la République du Kenya est un pays de l’Afrique de l’Est, avec une superficie de 580 .387 km2, pour une population de 57.052.004 habitants en 2023. Sa capitale est Nairobi. Il est limitrophe au nord du Soudan du Sud et de l’Éthiopie, à l’est de la Somalie, au sud de la Tanzanie, à l’ouest de l’Ouganda. Elle est connue comme l’un des pays émergents d’Afrique, et figure parmi les 10 pays les plus riches du continent, selon le FMI. Elle est dotée d’une armée avec un budget de 840 millions de dollars […] », « Pourquoi choisit-on le Kenya aujourd’hui ? », Hebdo Post Redactionhebdo, 6, septembre 2023, fr.wikipedia.org. (consulté le 10 octobre 2023)
Cf. « Le Kenya dirigera la future force en Haïti, à la demande des Etats-Unis », Le Monde, 4 octobre 2023, p.5.
Cf. « Force Internationale en Haïti : l’impossible mission », Ó Martinique la 1ère.Cyriaque Sommier, 7 octobre 2023, p.1.
3 Cf. « Nations Unies S/2023/674. Rapport final du Groupe d’experts sur Haïti présenté en application de la résolution 2653(2022). Résumé », 15 septembre 2023.
4 Cf. New York Times, 2 octobre 2023, p.8.
5 Cf. « Les producteurs américains de riz comptent sur le Kenya pour sécuriser les importations en Haïti, un marché de 200 millions de dollars annuels, selon Agri-Pulse », Cf. Rezo Nodwes, Port-au-Prince,11 octobre 2021, pp.1-2.
6 Ce comportement inusité et illégal de l’ONU, est justifié par J. Delaurentis, ancien ambassadeur US et actuel conseiller aux affaires du Conseil de sécurité, considérant qu’une étape était franchie par l’ONU, vers.la création d’« un nouveau système pour préserver la paix et la sécurité internationale et comme réponse aux appels d’états-membres, devant faire face aux crises multidimensionnelles ainsi qu’à la spirale de la violence des gangs ». Alexandra Filippova, procureur, membre du staff de l’Institut pour la Justice et la démocratie en Haïti (IJDH) déclare, pour sa part, qu’« historiquement, les interventions n’ont pas fait mieux, historiquement, elles ont fait pire ». Cf. New York Times, Op.cit., 2 octobre 2023, pp.4 et 6.
7Cf. « Colette Lespinasse, entretien à Radio France Internationale « HAITI », « Hay que escuchar otras voces para salir de la crisis », dice periodista haitiana », Radio France Internationale, « Haïti », 5/10/2023, p.2.
8 Cf. « Le Kenya dirigera … », Le Monde, 4 octobre 2,23, p.5.
9 Cf. « Force internationale en Haïti : l’impossible mission. Des liens étroits entre le pouvoir et les gangs », Op.cit., pp.3-4.
10 Cf. « L’ACCORD DU 30 AOUT 2021/ACCORD DE MONTANA. NOTE PUBLIQUE, suite la résolution 2699 (2023) du Conseil de Sécurité de l’ONU concernant Haïti », 6 octobre 2023,2 pages.
11 Cf. « L’organisme Gardiens des Droits Humains (GDH) exhorte le gouvernement de facto à définir clairement la responsabilité juridique et personnelle des membres de la force multinationale », AlterPresse, Port-au-Prince, 9 octobre 2023, 3 pages, p.1.
12 Cf. « Haïti : rejet de la position de l’ONU. Déclaration d’organisations populaires d’Amérique latine et de Caraïbes », 2 octobre 2023. Conf ATTAC-Haïti France. « Solidarité avec le peuple haïtien : non à une intervention étrangère. Oui à l’autodétermination », 7 octobre 2023.
13 Cf. « Haïti : le gouvernement kényan face aux critiques sur sa mission jugée « particulièrement risquée », TV5 MONDE, 5 octobre 2023, pp.3.
14 Cf. « Force Internationale en Haïti : l’impossible mission… », Op.cit., ÓMartinique la 1ère, 7 octobre 2023, p.
15 Cf. « Haïti : le gouvernement kényan face aux critiques… », Op.cit. TV5 MONDE, 5 octobre 2023, p.3.
16 Cf. «High Court of Kenya under rulling of Justice Chacha Mwita has stopped the Ministry of Interior from deploying Kenya Police Officers in Haïti until October 24th, 2023 “Kenya’s update @beastkim29 October 2023. “Urgent : La Haute Cour du Kenya bloque le déploiement de la force en Haïti », Hebdo Post, Redactionhebdo, 9 octobre 2023.
17 Le Core Group est un groupement politique sans statut légal, créé à l’initiative des Etats-Unis pour exercer une tutelle politique sur Haïti. Il est composé des ambassadeurs en Haïti d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis, de France et de l’Union européenne, en plus du représentant spécial de l’Organisation des États américains et de la représentante spéciale des Nations unies.
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