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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Cheminement anthropologique en Haïti- Par Carlo Avierl Célius. Un article assez court pour que...

Publié par Carlo Avierl Célius sur 13 Décembre 2023, 20:38pm

Catégories : #AYITI ACTUALITES, #CULTURE, #PEUPLE sans mémoire...

... vous puissiez le lire. Il est question exactement comme dit le titre du cheminement de l'anthropologie en Haïti.

Un extrait :

"Cependant, les conditions dans lesquelles s’est effectué le passage d’une société coloniale à une société indépendante, la naissance d’un nouveau corps politique, ont rendu possible et nécessaire la formulation d’un projet anthropologique réfutant bien des aspects du discours qui justifiait l’ordre ancien. Ce projet, Thomas Madiou le résume, en 1847, dans ce passage de l’introduction à son Histoire d’Haïti10 :

« Cette race, sortant de l’Afrique, plus vigoureuse que celle des Indiens, soumise aussi à l’esclavage, brisera ses chaînes et formera une nation nouvelle. Elle reprendra le nom des Aborigènes, et, tout en fondant une patrie libre pour la Race Africaine, elle fera expier aux peuples de l’Europe, et sa servitude, et la destruction des Indiens. Elle sera une nouvelle preuve que certaines parties de la terre ne sont pas plus que d’autres le domaine de quelques espèces de la race humaine. À la race humaine appartient le globe entier : un peuple succède à un peuple, une race à une race. Les hommes forment des courants qui se croisent dans toutes les directions. Dans les contrées qu’occupent les nations d’aujourd’hui, on rencontre peu de populations qui soient aborigènes ; car en remontant dans l’histoire, nous ne voyons qu’émigration et transplantations. L’esprit humain ne progresse que par ce frottement, cette fusion des races. »

5Ces réflexions, qui mériteraient un très long commentaire, parcourent bien des écrits des quarante premières années du xixe siècle. La notion de race, employée confusément, est centrale. Elle sert à caractériser l’indépendance qui, bien que localisée et expliquée par des causes particulières, participe d’une dynamique générale d’occupation du globe par « la race humaine ». En fin de compte, une chose est essentielle pour Madiou : l’homme est acteur de l’histoire, laquelle est conçue comme un processus continu d’humanisation.

6Universalisation (des faits, des pratiques, des événements historiques) vaut humanisation – un double procès dans lequel se placent Haïti et son peuple. Cette perspective prend racine dans un acte fondateur : le renversement du système esclavagiste. La conquête de la liberté invalide tout le dispositif discursif qui avait été construit pour légitimer sa négation et le corollaire de celle-ci, la déshumanisation. Elle rend énonçable un contre-discours visant à « dé-naturalier » l’esclavage et à défendre l’humanité de tout homme. Dans un monde alors et pour longtemps encore esclavagiste, colonialiste et raciste, c’est bien d’un contre-discours qu’il s’agit.

7D’où, dans une pensée haïtienne en éveil, des discussions inlassables sur l’égalité des races, sur l’aptitude de la race noire à « La Civilisation », sur la preuve de cette aptitude par l’existence d’Haïti, sur l’état d’avancement de ce processus dans le pays, sur la réversibilité d’un tel processus, illustrée par l’histoire de l’Afrique, sur le rôle d’Haïti dans la régénération de la race… C’est-à-dire une pensée de combat, manifeste jusque dans la conception et la pratique des beaux-arts ainsi que dans le discours esthétique, à travers la thématique de la beauté dans les races (Célius, pp. 71-94). Autant de questions retravaillées par Anténor Firmin dans De l’égalité des races humaines, à partir d’une « Anthropologie positive » fondée sur une critique systématique de la raison anthropologique dans ses élaborations les plus avancées à la fin du xixe siècle.

À propos de cette œuvre, préparée par un Firmin alors membre de la Société d’anthropologie de Paris et autour de laquelle s’est tissé un voile de silence11, Carolyn Fluehr-Lobban12 nous montre qu’elle a sa place parmi les principaux textes fondateurs de l’anthropologie (pp. 95-108) – ceux de Lewis H. Morgan (Ancient Society, 1877), de Edward B. Tylor (Anthropology, 1881), de Paul Topinard (Éléments d’anthropologie générale, 1885), de Franz Boas (The Mind of Primitive Man, 1911)13. "

 

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