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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Réflexions sur la prise en otage d'Haïti par une minuscule élite économique à partir d'un rapport du National Labor Committee publié en 1996

Publié par Elsie HAAS sur 28 Novembre 2007, 13:56pm

Catégories : #REFLEXIONS perso

       Haiti-ickl.jpg                        Sur la pancarte  " Grands pays, laissez vivre Haïti" photo Institut Karl Lévêque

Sources :
THE U.S. IN HAITI
A Report Prepared for The National Labor Committee
Ce raport a été publié en 1996
On peut le trouver à :
http://www.nlcnet.org/campaigns/archive/Haiti/0196/index.shtml http://www.nlcnet.org/campaigns/archive/Haiti/0196/index.shtml

Les 3 courts extraits  publiés  ci-après (traduits en français) illustrent le rôle  démesuré tenu depuis 1957 (arrivée de Duvalier au pouvoir) jusqu’à aujourd’hui, par une poignée d’individus appartenant à une minuscule élite économique.
Ces extraits  illustrent à quel point la société haïtienne de ces 50 dernières années, et aujourd’hui encore,  a peu d’espace pour faire des choix politiques favorables à un développement harmonieux et équitable comme le souhaite  la majorité des Haïtiens de toutes les classes sociales. 
Ils montrent également comment un pays producteur de denrées agricoles est devenu, en un laps de temps très court, un pays dont l’économie a été délibérément orientée vers la dépendance à la sous-traitance industrielle et au commerce d’importation.
Il n’est pas difficile de comprendre que les intérêts de la minuscule élite économique ne se trouvent pas dans la production. Produire cela signifie investir. Qui dit investissement dit prise de risques , dit mouiller son maillot, et aussi engagement personnel au développement du pays et au bien-être de sa population.
Tandis que la sous-traitance, c’est recevoir des subventions , des prêts pour l’achat d’ équipements, souvent des « pèpè » ( marchandises d’occasion) venant des US, avec l’assurance de commandes fermes d’ entreprises étatsuniennes = bénéfice assuré sans trop se fouler.
A ce sujet voir un très bon article du journaliste du Monde diplo Maurice Lemoine, paru en 2004
www.voltairenet.org/article122071.html.
 intitulé Négriers du Bicentenaire qui relate les conditions de travail dans les zones franches du nord-est d’Haïti.
Vous avez dit nord-est…et le Sénateur est ?

De même pour ce qu’il s’agit de l’importation. Une élite économique qui culturellement et historiquement à un savoir faire  et des réseaux internationaux dans le commerce;  et de surcroît qui ne possède pas au départ de terres -à l’époque propriété des grands dons locaux-  doit pour survivre étendre son activité, la ramifier
pour finalement prendre le contrôle de l’ensemble du marché.
Lait-carnation.jpeg
Le meilleur chemin ?
Détruire la production locale de denrées alimentaires.
Adieu veaux, vaches , cochons, café, canne, cacao, sucre, lait, œufs, volailles, fruits et légumes.
Bonjour lait Carnation, volailles dégelées, café, riz Miami, citrons de la Rep. Dominicaine, médicaments, etc. Et ceci dans tous les domaines : du ciment au 4X4
Le programme est simple : acheter à l’extérieur et revendre avec des marges de profit extraordinaire, puisqu’il n’y a pas de concurrence.
fruits-d-Ha--tipaycivby.jpg                                                    Fruits et légumes produits en Haïti

L’agenda pour y parvenir ?
1- Tuer l’ensemble de la  production locale. Différents moyens sont mis en œuvre pour arriver à ce but. On commence par affaiblir l’Etat.
Comment ?
a) on ne paie pas de taxes
b) on fait de la contrebande
c) on entretient un climat permanent d’insécurité
d) on pousse à l’émigration
e) on pousse à la privatisation d’entreprises telles que par exemple la minoterie.
f) on ferme les entreprises une fois qu’elles ont été privatisées
2- On favorise la fuite des cerveaux et des bras.
dessin-de-Slim12.jpg                                                         Dessin du journaliste algérien Slim Journalistes africians en exil(JAFE)
                                                      
  http://www.jafe.org/exil_webdo65.php

Comment ?
a)  On instaure un régime autoritaire qui ne laisse place à aucun espoir de développement personnel.
b) On crée des troubles politiques constants, facteurs d’ insécurité pour les familles et de faillite  économique pour les petits entrepreneurs locaux.
c) On crée des réseaux qui incitent et organisent la migration.
d) On finance l’émigration en rachetant à bas prix leurs terres aux paysans, en prêtant de l’argent aux classes moyennes
e)On récupère l’argent du travail de cette population émigrée par le biais des transferts d’argent qui sont essentiellement utilisés pour la consommation.
f)On entretient la dépendance qui prend diverses formes : système du « parenn » (une sorte de protection), fidélisation de la classe moyenne via quelques jobs, prêts, petits investissements dans de petits commerces.
g)On ouvre la porte aux églises multiples, diverses et variées pour distraire les pauvres du présent et leur promettre un futur au firmament.
h)On agite le vaudou comme un chiffon rouge pour effrayer et soumettre
i)On corrompt les fonctionnaires sous-payés.
j)On s’assure du contrôle des médias
k)On utilise les intellectuels locaux comme paravent
l)-On  finance coups d’Etat, partis politiques,  députés, sénateurs mercenaires et milices.
Etc, etc. Jusqu’au jour où on décide de prendre le pouvoir politique directement et de se présenter aux élections

Résultat :
- l’Etat privé de ressources, s’appauvrit considérablement et ne peut assurer ses obligations. Pas d’aide au secteur agricole, pas de travaux d’infrastructures : routes, ponts.Pas d’aménagement du territoire, etc
- L’absence de moyens de communication interdit le transfert des marchandises de la province à la capitale alors que les produits venant de Miami et de Saint-Domingue arrivent à bon port.
- L’Etat privé de ressources ne peut investir dans les services indispensables: santé, éducation, énergie, communication
- L’autorité de l’Etat est bafouée par des troubles organisés qui entretiennent une méfiance et un mépris pour l’Etat et encouragent toutes sortes d’actes de désobéissance civile  : vols dans les administrations et les entreprises d’Etat, détournement des services collectifs : eau, électricité, téléphone.
- Les ONG s’imposent pour remplacer l’Etat avec leur propre agenda sans coordinations ni entre elles ni avec l’administration du pays
- Le FMI, la Banque mondiale et l’OMC apportent le coup de grâce en exigeant des réformes structurelles, parmi lesquelles privatisation des entreprises de l’Etat, « dégraissage » des fonctionnaires  en échange des prêts. Prêts dont l’utilisation est strictement réglementée sous peine d’interruption brutale de programmes en cours d’exécution. (Ce qui s’était passé en Equateur.  A l’époque l’actuel Président Corréa était ministre de l’Economie)


Après le FMI, il s’en est pris à la politique de la Banque mondiale. Il a ainsi indiqué sans le nommer qu’il allait expulser le représentant de la BM, Eduardo Somensatto, coupable à ses yeux d'avoir retenu en 2005 un crédit de 100 millions de dollars. Rafael Correa était alors ministre de l’Economie et des Finances. Il avait décidé d’utiliser l’argent du pétrole pour privilégier la politique sociale plutôt que le remboursement de la dette. Cela lui avait coûté son poste.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/088/article_51075.asp


Bref. Ceci est  le menu  avalé de force et « pragmatiquement » par tous les pays du Sud. On a vu que l’Argentine à un moment, au moment de la  crise  économique de 2001 était obligée d’importer de la viande. L’Argentine importer de la viande !
Haiti-paysage-1.jpg                                                    Paysage haiïtien désertifié

Oui , c’est ainsi la mondialisation a consacré le règne des commerçants et donc la ruine des producteurs locaux. On assiste, pour faire vite, à une sorte de recolonisation.
Certains pays d’Amérique Latine refusent cette nouvelle dépendance au commerce et tentent d’appliquer une politique qui sert les intérêts de leur population. Mais c’est pas gagné l’international des commerçants a plus d’un tour dans son sac et plus d’un média à ses bottes.
formation21923.jpgSources : Impunité de l’Homme Blanc en Haïti
www.cmaq.net/ fr/node.php?id=21923.



Extait1http://www.nlcnet.org/campaigns/archive/Haiti/0196/index.shtml

Extrait 1
Chancerelles/Charles Handall
Alpha Sewing is owned by the Apaid family, led by André Apaid, a notorious Duvalierist.  When asked at a business conference in Miami soon after the coup in 1991 what he would do if President Aristide returned to Haiti, Apaid replied vehemently, "I'd strangle him!" At the time, Apaid was heading up USAID's PROMINEX business promotion project, a $12.7 million program to encourage U.S. and Canadian firms to move their businesses to Haiti.

Alpha Sewing est la propriété de la famille Apaid et dirigé par André Apaid , duvaliériste de renom.  Juste après le coup d’Etat de 1991 quand il lui a demandé ce qu’il ferait si le président Aristide rentrait en Haïti, Apaid a répondu avec véhémence « je l’étranglerais ». A cette époque Apaid était à la tête de PROMINEX, un projet de promotion de  business créé  par USAID, un programme de 12,7 millions de dollars pour encourager les compagnies US et canadiennes à délocaliser leurs entreprises en Haïti.

 Charles Handal produces jeans for Happy Fella; the jeans are sold under the "Happy Fella" and "Photo Zone" labels at J.C. Penney.  The plant also produces garments for the H.H. Cutler Co.  Out of the approximately 250 workers in the factory, only a handful are able to earn the minimum wage.  The sewing machines in the plant are old and break down often.  The workers we spoke with estimated that they spent more than an hour a day--time for which they are not paid--waiting for the machines to be fixed.

Charles Handal produit des jeans pour la marque Happy Fella ; les jeans sont vendus sous les labels de « Happy Fella » et de « Photo Zone » chez J.C. Perney. Sur les 250 ouvriers de l’usine, seule une poignée gagne  le salaire minimum. Les machines à coudre sont vieilles et tombent constamment en panne. Les ouvriers estiment qu’ils passent plus d’une heure par jour à attendre que les machines soient réparées. Un temps d‘attente pour lequel ils ne sont pas payés.


http://www.nlcnet.org/campaigns/archive/Haiti/0196/index.shtml

Extrait 2

For instance, Jean-Edouard Baker, the head of the Haitian Association of Industrialists (ADIH), who is alleged to have made a fortune helping supply Haitian blood plasma and cadavers to the U.S. market, was asked if companies in Haiti are paying the minimum wage.  "I'm paying it, yes," he answered.  When asked again, he said, "They are paying.  There's no question in my mind.  Most people in Port-au-Prince are paying it." Mr. Baker is also chairman of the Haitian Presidential Commission on Economic Growth and Modernization, which a USAID status report describes as "leading the analytical process to improve the business and investment climate."

Par exemple on a demandé le patron de l’Association des Industriels haïtiens (ADIH) Jean Edouard Baker - dont on dit qu’il a gagné une fortune  dans le commerce du plasma de sang haïtien et de cadavres pour le marché étatsunien- si les entreprises en Haïti payaient le salaire minimum. Il a répondu « Moi je le fais » Quand la question lui fut  posée à nouveau, il a répondu : « Oui ils le payent(le salaire minimum) ; Ca ne fait pas de doutes. La majorité des gens à Port-au-Prince le font . » M. Baker est également à la tête de la « Commission présidentielle haïtienne pour le développement et la modernisation de l’économie », décrite en ces termes dans un rapport de l’USAID «  orientant la démarche analytique pour mettre en place un climat  favorable au business et à l’investissement

http://www.nlcnet.org/campaigns/archive/Haiti/0196/index.shtml

Extrait 3
In Haiti, there are those among the tiny economic elite who will capitalize on the corporate agenda to turn Haiti into a low wage sweatshop producing for the U.S. market.  For example, Mr. Gilbert Bigio, who acquired a fortune under the corrupt Duvalier regime and then supported the military coup to overthrow President Aristide, is now entering the free trade zone business.  His business conglomerate, known as the GB Group, is planning to construct two new industrial parks or free trade zones, which will double Haiti's maquiladora capacity.  According to a spokeswoman for the GB Group, they are keenly "aware of the possibilities available to Haiti for deeper integration into the world trade system."  The Bigio family just wants to help be "instrumental in recapturing Haiti's reputation as one of the best sites for processing, assembly and manufacturing."

En Haïti, il y a ceux qui appartiennent à la minuscule élite économique qui compte sur l’agenda des firmes pour transformer Haïti en un « sweatshop » à bas salaire pour produire pour les USA. Par exemple, M. Gilbert Bigio, qui a fait sa fortune sous le régime de Duvalier puis qui a appuyé le coup d’Etat qui a renversé le Président Aristide est actuellement entré dans le business de zone franche. Son entreprise  porte le nom de GB Group a le projet de construire deux nouveaux parcs industriels en zone franche.

Ce qui doublerait le nombre des entreprises de sous-traitance en Haïti. Selon un porte parole du GB Groupe ils sont tout à fait «  conscients des possibilités pour Haïti de s’intégrer plus profondément dans le système commercial international ». La famille Bigio souhaiterait simplement  que «  Haïti récupère sa réputation d’être l’un des meilleurs lieux pour la transformation, l’assemblage et la fabrcation »  

Pour en savoir plus sur les Zones franches:  Haïti : « la plus grande expression du néolibéralisme », un article de  Joao Peschanski http://risal.collectifs.net/spip.php?article1319



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