- Volontiers.
- Les nouvelles sont bonnes ?
- Alors-là, je suis décontenancé.
- C'est-à-dire ?
- Plus un mot dans la presse sur le massacre de la Scierie.
- Il y a eu un massacre dans une scierie ? Quand ça ?
- Bon, soyons sérieux. Ce massacre est d'autant plus grave que les chiens ont dévoré les cadavres.
- Je l'ai toujours dit. Dans ce pays, il y a trop de chiens. Il faudrait commencer par un massacre des chiens.
- Wap betize mon chè. Vous plaisantez. Je viens d'avoir une idée.
- Très bien, très bien, les idées tourbillonnent comme des papillons à la Saint Jean dans ce pays. Mais sans mesquinerie, accueillons cette nouvelle venue de bon coeur et les bras ouverts.
- Laissez-moi vous exposer l'affaire telle que je l'ai conçue. On pourrait faire une fouille sur les lieux du massacre; retrouver les os; les rapporter à Port-au-Prince pour les disposer sous une espèce de cloche en verre pour l'édification des masses.
- Vous pensez édifier les masses avec un tas d'os ?
- Vous n'avez rien compris. Ce serait comme au Rwanda, où ils ont fait un mémorial avec les restes des personnes victimes des génocidaires. On pourrait le faire financer par les Américains, ou bien les Français ou bien mieux encore les Canadiens. On mettrait un texte pour expliquer que les rats d'Aristide ont tout mangé ne laissant que les os.
- Vous ne m'aviez pas dit que c'était des chiens ?
- Oui. Mais les rats, c'est plus vendeur. Ca fera comme si ils avaient été mangé par des chimères.
- Bravo. Vous au moins, vous avez le sens du marketing .
-Les gens paieraient un petite somme pour la visite et l'argent irait dans les caisses de l'Etat.
- Excellent !
- N'est ce pas ! Je vais en parler au directeur de Cabinet.
- Ce ne serait pas mieux de lui faire une proposition écrite ?
- Une proposition écrite ? C'est quoi ça ? Vous êtes-sur que vous êtes Haïtien, vous ? Pas question, j'ai son cellulaire, je l'appelle. Et Rassurez-vous . L'histoire sera rondement menée. Il est nettement plus facile de trouver de l'argent pour un mausolée en hommage aux victimes du "génocide de la Scierie" que pour financer, disons la construction d'un puit.
- Eh bien, buvons à votre patriotisme et à votre sens du marketing !
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