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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Tiens, revoici, revoilà M. Deibert. Un nouveau coup d'Etat en perspective ?

Publié par Elsie HAAS sur 10 Avril 2008, 09:06am

Catégories : #REFLEXIONS perso


Pour celles et ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui, M. Deibert est un journaliste (étatsunien ?) qui a couvert Haïti pendant quelques temps (1/2 ans?), où il a résidé.

Il est l’auteur d’un livre qui raconte son point de vue sur  les années « noires » de la « dictature " d’Aristide   ; livre préfacé par le réalisateur haïtien Raoul Peck.

Pour en savoir plus sur M. Deibert, il suffit d’un clic sur google.

M. Deibert a publié sur le site d’une agence de presse haïtienne une critique du livre de M.Hallward qui  se veut surtout une défense de  son analyse des événements.

Elle se résume à ceci près : Aristide était un dictateur qui a été déposé grâce aux forces alliées de la société civile haïtienne et des anciens militaires.


Cette thèse de M. Deibert a été réfutée  dès 2004. et ceci malgré la marée déversée dans les médias appuyant la version officielle d'une révolte populaire.

 M. Deibert laisse entendre qu' un  groupe de "leftists" (Chomsky, Chossudovsky, Le Grandsoir, Réseau Voltaire, Znet, The Independent, etc. ),  à  la solde d'Aristide , serait  de vulgaires propagandistes qui  manipulent les faits.

On ne peut  que sourire à cette allégation et se rappeler la fable du voleur qui crie au voleur en s'enfuyant.

M. Fowley, ambassadeur US en Haïti à l'époque, ferait-il partie de ces vils propagandistes  "leftists" ?

Il semblerait que si,  à l'aune de ses déclarations dans le New York Times :

cyberie.qc.ca/jpc/2005/ 08/hati-foley-se-vide-le-coeur.html - 23k

Voici la  phrase d’ouverture de  la critique de M. Deibert du très pertinent , bien documenté et émouvant livre de Peter Hallward  « Damning the Flood : Haïti, Aristide and the Politics of Containment» :

« In February 2004, a few days after the ouster of Haitian president Jean-Bertrand Aristide following months of massive protests against his rule and an armed rebellion of former soldiers and once-loyal street gangs, Peter Hallward, an academic working in the United Kingdom specializing in modern French philosophy, weighed in with his take on Haiti’s situation ».

Je traduis mot à mot :  En février 2004, quelques jours après l’éviction du président haïtien Jean-Bertrand Aristide, après des mois d’énormes protestations contre son gouvernement et une rébellion  armée d’anciens soldats et de gangs de rue auparavant des fidèles du régime, Peter Hallward, un universitaire, spécialisé dans la philosophie moderne française,  est entré de tout son poids dans la situation haïtienne."

Cette première phrase donne le ton  et laisse apercevoir l’angle d’attaque choisi par M. Deibert.

On reconnaît le procédé  habile qui tend à discréditer le travail d’un auteur en le présentant d’emblée aux lecteurs non avertis comme un « faux », un amateur, un quidam qui parle sans compétence  et avec un parti pris.

Je veux dire par là qu’en insistant sur la profession de Peter Hallward : un philosophe spécialisé dans la philosophie française, M Deibert laisse entendre  qu’il y aurait une incompatibilité entre l’étude de la philosophie (française)  et l’analyse de l’histoire récente d’Haïti.

Et , par conséquent,  qu’Hallward ne serait pas qualifié pour écrire sur Haïti. Et que de ce fait ses analyses seraient d'emblée nulles et non avenues.


Comme si,  par contre , il allait de soi , que le fait d’avoir été journaliste en poste en Haïti conférait à M. Deibert une plus grande expertise de l’histoire passée et présente d’Haïti.

Manque de pot.


 A propos du  livre d’Hallward  qui rencontre un  grands succès , les critiques notent justement  le sérieux de sa documentation et au contraire de ce que prétend Deibert, son souci d’interpréter les faits récents à la lumière de l’histoire passée du pays.
 
"Hallward, a United Kingdom-based philosophy professor, was teaching a course in 2003 that involved daily reading of Le Monde and other French newspapers when he noted a systematic demonization of President Jean-Bertrand Aristide and his Lavalas movement. He subsequently wrote one of the best long articles about the 2004 coup (New Left Review 27, May-June 2004) shortly after it happened. Ever since, he seems to have been collecting information for a bill of indictment against the US, France and Canada, the coup's principle backers, ever since. In the process he has also put together a damning critique of liberals and self-described radicals who through either intellectual laziness or lack of cross-class solidarity accepted Bush-approved PR on Haiti.

 In his research Hallward used mostly public sources. He appears to have read everything written about Haiti in the past 10 years, as well as much earlier work. Interviews with principles ranging from Aristide to several key coup players, and both pro- and anti-Aristide figures, buttress his scholarship. Hallward puts the country's recent violence in the context of 200 years of "great power" hostility toward Haitian sovereignty, beginning with the 1804 revolution, the only successful slave revolt in world history."

english.ohmynews.com/articleview/ article_view.asp?no=382221&rel_no=1 - 63k -


Enfin, vers la fin  de son  papier,  Deibert cite  Jacques -Stephen Alexis, écrivain haïtien de renommée internationale, comme pour donner plus de légitimité à ses  propos.

Il y a là nettement usurpation de la parole d’un militant communiste qui a payé de sa vie son engagement contre l’exploitation du peuple haïtien.

Bien joué. Mais raté.

Bref, M. Deibert fait l’effet de quelqu’un qui se proposerait  au jour d'aujourd’hui, comme on dit ici,  d’apporter la preuve que l’Irak avait des armes de destruction massive  et que c'était bien " La " raison pour laquelle les USA aurait bombardé ce pays.

Ou encore, l'Iran doit être bombardée parce qu'elle représente une menace. Notez bien que l'Iran n'a jamais au cours de son histoire attaqué d'autres peuples. Mais peu importe.

Qui  pourrait croire  aujourd’hui  une telle  personne ?

Qui croirait aujourd’hui M. Deibert ?

Sans doute les mêmes qui se cramponnent plus à une idéologie qu’aux faits.

L'idéologie c'est comme l'héroïne. Une fois qu'on y a gouté, on est accro à vie.

Voici une définition de l'idéologie à laquelle j'adhère, empruntée sur un site :

 "Une idéologie se construit en général par une minorité partisane sur le dos d'une population. C'est l'éternelle histoire des totalitarismes. La désignation d'un bouc émissaire est ce qui permet de cristalliser cette idéologie et de lui faire prendre forme, mais la nature de ce bouc émissaire est sans importance, tout ce qui compte c'est qu'il y en ait un. Cela permet d'éluder les problèmes structurels d'une société en pleine déliquescence et cela permet de mobiliser contre un ennemi, fut-il virtuel. "

M.Hallwarth, lui, a choisi  de s'intéresser aux problèmes structurels de la  société.

Serait-ce une hérésie ?


On peut être contre la politique d'Aristide, chacun ayant  le droit d'avoir ses opinions, tout en admettant, face aux preuves,  qu'il s'agit d'un coup d'Etat  longuement préparé.

Beaucoup de personnes se retouvent dans cette configuration.


Comment on appelle ça,  quand on coupe toute aide à un gouvernement entre 2001 et 2004, mais que par ailleurs il se doit d'honorer ses dettes ?

Qu'on lui colle au c... une bande de revanchards, grassement payés (
entre autres par l'UE, jusqu'à fin 2004 -ça ne s'invente pas),  dont l'unique boulot n'est pas de s'occuper du pays positivement (bon oui, c'est vrai , ils ont fait "'une caravane de l'espoir' qui a dû faire le tour de Port-au-Prince à tout casser) mais d'activer les contradictions, de générer des conflits et de lancer la propagande  pro-Duvalier ?

 On appelle ça comment ?

 Une opposition démocratique ?

D'ailleurs, ne serait-ce pas ce que dit , en d'autres termes,   notamment dans son entretien avec Peter Hallward , le "héros" des "freedom fighters" Guy Philippe, jadis porté aux nues et aujourd'hui pourchassé  par les services anti drogue us ?

Allez savoir les raisons de cette soudaine disgrâce...!

On peut se demander  pourquoi  Deibert , 4 ans après, continue à s'accrocher  comme un malade à son idéologie simplificatrice néocon, version haïtienne du combat du bien = la civilisation représentée par les grenn-nanbounda contre les forces du Maaal et de la Baaarrrbarie.

Un truc vraiment nunuche - mais néanmoins hyper méchant- où les US jouent le rôle de l'envoyé de Dieu sur terre chargé de remettre dans le droit chemin les salauds qui, comme on le sait, représentent le monde entier, à l'exception d' eux-mêmes.

Oui, pourquoi Deibert persiste, alors même que le vote en 2006 en faveur de René Préval,  perçu à l'époque par les masses comme le "marassa' (jumeau)  d' Aristide, met en pièces  totalement sa théorie du soulèvement populaire contre le même Aristide.?

Sans compter, les nombreux articles et livres : Gérard Lehman, Mireille Nicolas et même celui de Dupuy très critique à l'égard d'Aristide mais à l'inverse de Deibert  qui ne remet pas en cause la version du coup d'Etat.

Il y aurait encore, paraît-il,  "des journalistes" qui soutiennent  encore aujourd'hui que Lumumba a été tué par une révolte populaire.

Même si la CIA avoue que c'est elle qui a monté le coup.

Peut-être que les "storyteller " finissent par croire à l'histoire qu'ils ont inventé.

Pourtant les gens de Washington ne disent plus qu'ils sont allés en Irak pour faire face à une 'menace imminente.'

Tout le monde (presque) sait maintenant que l'Irak ne possédait pas d'armes de destructions massives.

Il y a un temps pour tout.

Le moment, je le crois, est venu pour M. Deibert, de laisser Haïti tranquille.

Il devrait passer à autre chose.

Tiens, pourquoi pas !

Un petit  conte à dormir debout sur la Guinée où se trouve actuellement Gérard Latortue, le Premier ministre d'après le coup d'Etat.

Par contre, je  ne suis  pas  complètement persuadée que les Guinéens apprécieront.








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