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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


M. Collier, du rapport Collier, voit midi à sa porte.

Publié par Elsie HAAS sur 25 Avril 2009, 09:17am

Catégories : #AYITI ECONOMIE

J’écoutais l’entretien de M. Collier avec CBC, d’une oreille distraite sachant déjà + ou- qu’il ne ferait que reprendre les conclusions de son rapport, rapport que j'avais déjà lu attentivement. Quand, soudain il se met à  parler de la Malaisie. Avec emphase, il  raconte que la Malaisie était comme Haïti avant, aussi pauvre,  que c'est  grâce, en partie, aux sweatshops qu'elle s'est développée, etc

You can listen to the interview here:
http://www.cbc.ca/thecurrent/2009/200904/20090415.html

 

Tiens c'est curieux, me suis-je dit,  il me semblait bien avoir entendu  un son de cloche totalement opposé. Celui de M. Stigliz entre autres.
En fait l'exemple de la Malaisie a souvent été pris, à l'inverse,  pour démontrer comment un pays qui ne s'est pas plié aux injonctions du FMI a pu sauver son économie au moment de la crise asiatique, alors que les autres ont coulé.

Ces économistes ont montré  comment la  Malaisie, après avoir été ruinée lors de la crise asiatique avait pu s'en sortir, c'est parce que précisément, elle n'avait pas observé les recommendations du FMI. C'est-à-dire qu'elle avait au contraire renforcer le contrôle par l'Etat de son écconomie.

La Malaisie a  eu une sorte de boom économique, grâce à l'implantation non pas tant de sweatshops, mais d'entreprises liées à l'informatique. Le  gouvernement s'étant vite rendu compte que l'argent repartait à l'extérieur, ne profitait pas au développement du pays, l'ensemble des entreprises étant étrangères ne réinvestissant  pas dans le pays.
A partir de ce constat, la Malaisie a refusé de privatiser son secteur publique, qui n'oublions pas est une source d'emplois considérable, dans tous les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis.

Ce refus de suivre les instructions du FMI, aura même  valu  au président malaisien de l'époque quelques représailles de la communauté internationale.
 Une campagne médiatique de diabolisation, à la Chavez ou à la Morales, du genre  "dictateur ami des islamistes", "soutien des terroristes" "ennemi de la culture occidentale" etc. Un truc à la Stanley Lucas, quoi.Tout ça parce qu'il avait dit Niet au FMI.


Vu le ton convaincant de M. Collier, je me suis dit que j'avais dû rater un châpitre de l'histoire.

 
Dunque, une petite recherche et je trouve  un entretien avec M. Stiglitz dans lequel, a contrario, il dit que la Malaisie s'en est mieux sortie au moment de la faillite asiatique des "tigres" parce qu'elle n'avait pas suivi les plans du FMI.

M. Collier  a-t-il mentionné que la Malaisie avait une économie fortement étatisée ?
J'ai sans doute mal écouté.

Extraits entretien avec Stiglitz, prix Nobel de l'économie, ex-fonctionnaire de la Banque Mondiale.

Vous dites dans votre livre, ce qui est assez effrayant, que les pays qui n'ont pas écouté les conseils et les recettes du FMI, comme la Chine ou la Malaisie, sont justement ceux qui s'en sortent le mieux. Le FMI sert-il à quelque chose?

Si vous regardez l'état des lieux dans les pays en transition comme la Russie ou les actions menées en temps de crise, le bilan du FMI est très mauvais. La Malaisie par exemple a fait l'opposé de ce que préconisait le FMI. Résultat, c'est elle qui a eu la crise la plus courte et elle opère une convalescence rapide. En revanche, le bilan des programmes d'aide du FMI est à tout à fait catastrophique. L'Indonésie, la Thaïlande, la Corée, la Russie, le Brésil et pour finir l'Argentine: six échecs en moins de six ans, c'est beaucoup! L'ironie, c'est que le FMI débarque dans ces pays en leur demandant d'être extrêmement prudents, de pratiquer l'austérité budgétaire. Après toutes les mauvaises dépenses qu'il a lui-même engagées !

http://www.ogmdangers.org/enjeu/economique/mondialisation/Stiglitz.htm

Cette analyse démontre que l’autonomie de la malaisie, et sa possibilité d’émancipation est due en partie à la politique économique qu’elle a mené, en essayant de s’endetter le moins possible envers les acteurs internationaux et le fmi. Cette autonomie et possibilité d’émancipation est ensuite illustrée par un exemple, l’exemple de la crise asiatique de 1997, crise durant laquelle la malaisie a mené une politique originale, d’abord rejetée par le fmi, mais qui y a provoqué par la suite des débats internes.

http://www.oboulo.com/malaisie-fond-monetaire-international-fmi-55830.html

C'est quand même assez  surprenant, pour ne pas dire malhonnête, que M. Collier prenne,  pour donner du poids à son argumentaire, l'exemple de réussite d'un pays, la Malaisie,
qui a fait le contraire de ce que préconisait le FMI,
pour un pays, Haïti,  qui a appliqué à la lettre, docilement,   plongeant sa population dans la misère, la mendicité et la prostitution,  les injonctions, ordres, ordonnances, diktats et obligations du FMI.

Pourquoi aucun journaliste n'a relevé ce tour de passe- passe ?
Parole magique de l'expert Blanc  ? -et, de surcroit, cerise sur le gâteau, néolibéral  pur sucre !

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